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Sur les traces de l’esclavage dans le monde

Abolition de l'esclavage à Maurice, le sega, ancienne danse des esclaves

L’esclavage appartient-il au passé ? Avec mon expérience des voyages, je peux répondre oui et non. Oui, car il a été théoriquement et juridiquement aboli. Mon mari et moi en avons trouvé des traces innombrables dans des monuments et musées de beaucoup de pays : l’île de Gorée au Sénégal, le musée de Villèle à la Réunion, un peu partout dans les Caraïbes,… L’Occident, européen comme américain, qui avait hérité de l’antiquité la pratique de l’esclavage, l’a utilisé jusqu’au XIXème siècle.

En même temps je réponds non l’esclavage n’appartient pas au passé parce qu’il en subsiste des survivances et des résurgences multiformes un peu partout qui ne disent pas leur nom : génocides, colonialisme, néocolonialisme, ségrégations, apartheid, racismes et exclusions, travail forcé, proxénétismes, enfants soldats, occupations de territoires,… Nous en avons souvent rencontré lors de nos voyages : des enfants condamnés au travail, sans rémunération ou presque (Birmanie, Bangladesh), des femmes qui cultivent la terre, élèvent de nombreux enfants, vont chercher l’eau au puits, préparent les repas tout en étant soumises à des humiliations inacceptables comme le mariage forcé, la polygamie, la répudiation, l’excision,…(Afrique par exemple), des réfugiés politiques ou économiques, voyageurs contraints, privés de tous droits, pourchassés et acceptant n’importe quel travail pour survivre, des castes et des populations inférieures, rejetées de tous,… (presque partout dans le monde).

En ce sens la connaissance des esclavages anciens est un moyen de lutter contre les esclavages modernes. « Se rappeler que le combat séculaire pour la liberté, l'égalité et la fraternité, n'est jamais entièrement gagné, et que c'est tous les jours qu'il vaut la peine d'être livré », rappelait Aimé Césaire dans son discours à l'Assemblée nationale le 17 décembre 1982 lors de la discussion du projet de loi relatif à la commémoration de l'abolition de l'esclavage célébrée ce 10 mai.

Quel est le rapport de tout ça avec les voyages ? Dans notre société, le voyage est synonyme de liberté. Nous voyageons parce que nous en avons la liberté financière, professionnelle, familiale, politique,... Nos voyages sont une expression de nos libertés. Nous aspirons à voyager comme nous aspirons à la liberté. Or, quand ces voyages de liberté ne recherchent pas la seule satisfaction de nos plaisirs, ils nous ouvrent les yeux sur les personnes que nous croisons et qui ne disposent pas de ces libertés élémentaires.

 

Explication des photos présentées ci-dessous :

Voici quelques explications sur la sélection de photos de nos voyages qui évoquent pour nous les esclavages anciens ou modernes :

1-       A Maurice, le sega (ou son équivalent le maloya à la Réunion), est l’ancienne danse des esclaves.

2-       Au centre de Rome, le Colisée a été le théâtre de combats de gladiateurs dont certains étaient des esclaves.

3-       A Las Palmas capitale de l’île de Gran Canaria (Canaries) Christophe Colomb y a fait étape sur la route du nouveau monde. Cette route des Amériques devint par la suite la route des esclaves achetés en Afrique Noire pour alimenter le commerce triangulaire.

4-       Au Cap Vert, dans son île principale, celle de Santiago, au cœur de son ancienne capitale, Cidade Velha, il subsiste un pilori de marbre datant du XVème siècle où étaient exposés les esclaves au début du commerce triangulaire.  

5-       Dans le petit musée de l’île d’Anguilla aux Caraïbes on voit des entraves avec lesquelles on enchaînait les esclaves et des dessins montrant comment ils étaient fouettés. On trouve des documents équivalents au musée du Quai Branly à Paris. 

6-       Dans l’île de Gorée près de Dakar au Sénégal, la « Maison des esclaves » était en fait la maison d’une riche métisse, Anna Colas dessinée par Adolphe d'Hastrel en 1839  (dessin tiré du « Guide de l'île et du musée historique de Gorée », Ifan 1993). Elle a symboliquement été assimilée à des « esclaveries » qui avaient existé à proximité.

7-       A la Réunion, cette statue à l’entrée du Musée de Villèle où les esclaves travaillaient dans des plantations furent menés d’une main de fer fin XVIIIème –début XIXème par une certaine madame Desbassayns. Le Code Noir est le nom donné au XVIIIème siècle aux textes juridiques réglant la vie des esclaves noirs.  

8-       A Fort de France, en Martinique place de la Savane, la statue de Joséphine de Beauharnais, née dans une famille de planteurs aux Trois-Ilets, a été décapitée et maculée de sang, car elle est considérée comme responsable par son influence du rétablissement de l’esclavage en 1802 par Napoléon

9-       Le mot « liberté » (ici le nom d'une rue de Fort de France) a forcément une résonnance très particulière en Martinique.

10-   Victor Schœlcher est l’icône de l’abolition définitive de l’esclavage en France en 1848, car il a été l’un des acteurs les plus actifs du décret d’abolition. Sa statue (ici à Cayenne en Guyane) est très répandue et son nom est attaché à de nombreuses rues de villes et même au nom d’une commune de Martinique.

11-   Au Musée de Grand Bassam en Côte d’Ivoire des photos comme celle-ci montre très clairement que le la colonisation (alors même que l’esclavage était aboli) a maintenu des conditions proches de l’esclavage.

12-   Cette plaque posée en 1930 à l’hôtel de ville de Mons en Belgique montre que la colonisation, malgré ses méfaits, a longtemps été considérée comme un bienfait.

13-       A Paramaribo au Suriname (ex Guyane hollandaise), monument « baba en mai » (père et mère) en hommage aux premiers arrivants d’Inde. Après l’abolition de l’esclavage, des indiens d’Inde avaient en effet été recrutés massivement par les colons pour remplacer les esclaves. Ils sont devenus le premier groupe ethnique du Suriname. Les indiens avaient été recrutés de la même façon aux Antilles ou dans les Mascareignes (Maurice et Réunion) avec des contrats léonins qui les piégeaient. Faute de pouvoir rentrer en Inde, ils avaient été obligés de s’installer définitivement sur ces territoires.  

14-       Dans l’Ile de Madère, un rayon de soleil dans l'Eglise Nossa Senhore do Monte de Funchal, éclaire précisément la peinture d’un visage noir qui rappelle que les îles portugaises de l’Atlantique ont été au cœur du commerce triangulaire

15-       Cette peinture murale récente sur le mur de la ferme agro écologique de Kaydara au Sénégal souligne que les jeunes générations africaines aspirent à un monde plus équilibré, plus juste, plus durable.

16-       L’entrée du musée de l'apartheid à Johannesburg rappelle comment le système de l’apartheid en Afrique du Sud a réduit une population à un quasi statut d’esclavage sans en dire le nom

17-       Cette affiche d’exposition du fameux peintre sénégalais Iba Ndiaye montre à quel point les artistes contemporains d’Afrique restent sensibles aux oppressions de toutes sortes.

18-       Aquarelle et encre de Jean-Joseph Patu de Rosemont (1767-1818) montrant le développement de la caféiculture à l'île Bourbon (actuelle Réunion). Cette oeuvre a été présentée en 2015 au Musée Cognac-Jay à Paris dans le cadre d'une exposition intitulée "Thé, café ou chocolat ?    L'essor des boissons exotiques au XVIIIème siècle"

 

A ne pas manquer :

-          Le Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, inauguré ce 10 mai 2015 par le président français et présenté comme le «centre le plus important au monde consacré à l'esclavage et à la traite des noirs»,

-          Le mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes ouvert en 2012, par lequel la ville de Nantes ne nie pas son histoire liée au commerce triangulaire mais affirme en même temps que la lutte pour la liberté et la dignité humaine reste un combat actuel. 

-          Le monument au général Dumas, place du général-Catroux, Paris 17ème, un des rares lieux à Paris, dans un lieu public, à évoquer la mémoire des esclaves.

Destinations concernées: