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Saint Laurent du Maroni en Guyane (1/2), ville d’art et d’histoire pénitentiaire

Guyane Saint Laurent du Maroni La statue du bagnard de Bertrand Piéchaud avec en arrière plan le Camp de la transportation

J’ai trouvé cette petite ville posée au bord d’un grand fleuve, paisible, charmante et coquette. Pourtant elle a longtemps été appelée la « capitale du bagne » parce qu’elle fut construite pour recevoir les bagnards éloignés de métropole par Napoléon III puis par la République.

L’objectif était d’utiliser une main d’œuvre gratuite en remplacement des esclaves libérées en 1848 pour exploiter puis peupler les terres vierges du bord du Maroni.... sur le modèle de la communauté d’allemands installés à Albina dans la colonie hollandaise de l’autre côté du fleuve Maroni. Tout autour de « camp de la transportation », le pénitencier qui est au cœur de l’histoire de la ville, j’ai vu beaucoup de bâtiments témoins de cette époque étonnante.

J’ai eu l’impression que Saint Laurent du Maroni était une commune française comme n’importe quelle autre. Je l’ai vue sortir de sa torpeur tropicale les mercredi et samedi matin,  avec son marché très coloré, alimenté par les produits apportés par les amérindiens et les saramakas, les descendants d’esclaves noirs. Pourtant, il est difficile d’oublier qu’elle avait été créée de toutes pièces et nommée « commune pénitentiaire », sans élus.

Elle n’était là que pour loger les bagnards et les « libérés » (ceux qui sortaient de l’enfermement mais n’avait pas le droit de quitter la Guyane) ainsi que les gardiens et les fonctionnaires. Elle était administrée par les seuls fonctionnaires. Elle n’est devenue commune de plein droit qu'en 1949. Impossible de ne pas s’en apercevoir en se promenant dans ses petites rues. Beaucoup de maisons et la plupart des édifices élégants datent de cette époque. On appelait son « quartier officiel » le « petit Paris ». Depuis 1985, la ville est classée ville d’art et d’histoire .

J’ai commencé ma visite près du fleuve, où souffle un petit vent frais bienvenu. L’épave d’un bateau anglais échoué en 1925 s'est fondue dans une espèce d’îlot de végétation qui s’est formé autour d’elle. C’est là qu’accostait les bateaux chargé de forçats, le Loire puis le Martinière. Près de la berge, une statue enchaînée du sculpteur Bertrand Piéchaud intitulée « La peine du bagnard » évoque avec force  ces arrivées, sans retour pour la plupart. Elle fait face à l’ancien bureau des douanes et des postes devenu office du tourisme.

La ville assume son histoire et la met intelligemment en valeur grâce à de nombreux panneaux d’explications qui permettent de découvrir les bâtisses de l'ex commune pénitentiaire. Pas à pas, j’ai découvert ces marques d’une histoire tout à fait hors normes. Je n’ai pas tout vu, mais j’ai découvert son école, son palais de justice, sa mairie, sa banque où les chercheurs d’ors venaient échanger leurs pépites, son église, d’ancienne maisons en bois, etc,…

Je reviendrai pour mieux découvrir son histoire très exceptionnelle. Depuis cette époque, de nombreuses vagues d’immigrations ont fait grandir et transformé cette ville qui est devenue une des plus multiculturelles et métissées de Guyane. C’est ce qu’exprime une autre statue du même Bertrand Piéchaud devant le marché, « les trois enfants », un amérindien, un noir et un blanc. C'est ce qui se vérifie au marché. On y comprend que l'histoire de la Guyane avait commencé bien avant le bagne avec l'esclavage noir et l'occupation des terres amérindiennes. Et qu'elle a continué bien après, ne serait-ce qu'avec les afflux migratoires provoqués par la guerre civile qui avait ravagé le Suriname voisin de 1986 à 1992. 

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