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Voyages avec Starwars VII

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Film cinéma Une des nombreuses affiches de Starwars VII

Voyage dans les galaxies et dans le mental. J’ai cédé aux sirènes médiatiques et suis allé voir Starwars VII. Est-ce l’espoir secret d’un voyage vers des terres qui m’étaient inconnues comme les découvreurs de jadis ? Comme un papier photo plongé dans un bain révélateur de développement, ce film a fait émerger… une image de notre monde. Le succès de cette série tient au fait qu’il puise aux tréfonds de notre culture, de notre histoire et de nos mythes en même temps que dans les peurs et les envies de notre mental contemporain. C'est cette analyse qui m'a le plus passionné dans ce film. Voici quelques "révélations" qui me sont ainsi apparues pendant ce voyage intergalactique et… intérieur. Si vous n'avez pas encore vu starwars VII, attendez de l’avoir vu pour lire la suite…. Je ne voudrais pas gâcher votre surprise, la "spoiler" comme disent les geeks.

1-      Les étoiles. Elles sont la première composante du titre du film. Elles renvoient à deux idées. D’abord le besoin d’aller toujours loin, de prendre de la distance pour sortir de notre planète de moins en moins vivable. C’est une manière de s’évader de notre quotidien oppressant vers les galaxies, donc vers l’inconnu, ce qui contient en même temps une idée de fuite, ou de regard détaché comme dans "Le Petit Prince". C’est la recherche de terra incognita, de mondes nouveaux, forcément hors de notre planète puisqu’on croit connaître notre terre qu’on parcourt facilement en avion et qui s’uniformise de plus en plus. Les étoiles c’est aussi le besoin de s’identifier aux stars hollywoodiennes, de briller, de sortir du lot.

2-      Les guerres, la violence, les massacres sans état d’âme, les destructions et explosions, réalités de notre monde. La guerre, aussi contenue dans le titre du film, occupe tout l’espace et est le reflet de notre humanité. La paix promise à la fin de l’épisode VI n’est pas arrivée. Il n’y a jamais de véritables moments de paix, sauf quelques pauses pour mieux relancer l’action. On aperçoit un court instant l’effondrement d’une tour qui fait penser à celui des tours jumelles de New York.

3-      La psychanalyse. Elle est omniprésente, plus ou moins en filigrane, par exemple dans les histoires de couples ("c’est pour ça que je filais, pour pouvoir te manquer !", lance Han Solo à son ex – "tu m’as toujours rendue folle", lui répond celle qu’il a quittée). On perçoit aussi cette dimension dans la scène du fils perdu retrouvé (référence évangélique de surcroît). Elle culmine dans la scène du meurtre du père.

4-      L’aventure.  Action ! c’est du vrai cinéma qui bouge avec des super-héros, des aventuriers toujours en mouvement au cœur de la mêlée et passant entre les balles, de rebondissements en rebondissements. Ce n’est pas un hasard de retrouver au centre de l’intrigue le même héros, Harrison Ford, que dans une autre référence du film-action, Indiana Jones. J’y ai d’ailleurs vu une allusion claire quand  un vaisseau tombe sur des montagnes enneigées, comme dans un des films d’Indiana Jones. C’est la culture de l’émotion, des sensations, de l’adrénaline ainsi que du suspens porté à son paroxysme lorsque les menaces et les dangers se concentrent à un point critique où tout peut basculer d’un côté ou de l’autre.  L’aventure prend racine aussi dans les îles au trésor,  insinuation éclatante à travers l’histoire du plan caché qui devient un enjeu central du film et qui conduit, au final, dans une île déserte.  

5-      La musique. Comme dans beaucoup de films contemporains, mais peut-être encore plus ici, la musique occupe une place décisive. Ses envolées appuient chaque mouvement, chaque sentiment. Elle est un des moteurs de l’action.

6-      La vitesse. C’est un autre moteur de l’action, de la fuite, de l’éloignement et du dépassement. On dépasse les vitesses possibles puisque les véhicules atteignent la vitesse de la lumière sans problème.  On reconnaît d’ailleurs le profil d’avions supersoniques ou de satellites.  Surtout, la vitesse se ressent dans le défilement des plans, des images, des scènes. J’ai eu par moments l’impression d’être dans le grand huit d’un parc d’attraction. L’image en relief et les effets spéciaux en accentuent encore l’impression.

7-      La technologie. Starwars est d’abord une œuvre mécanique dans laquelle les machines, voitures et robots occupent une place essentielle. Spécialement les engins aériens, notamment des avions de guerre super sophistiqués, et des sortes de porte-avions géants de l’espace qui condensent une puissance qui se croit invulnérable. Il est facile de transposer aux journaux télévisés montrant le réel des bombardiers décollant de porte-avions.

8-      La puissance. C’est notre rêve de mortels à puissance limitée que nous sommes. Avec la puissance d’armes qui font mouche à tous les coups Starwars projette au-delà du réel et du possible. Il procure les mêmes sensations que la prise en mains d’un joystick de jeu électronique. Le revers de la médaille est que la puissance devient menace d’anéantissement de masse, au moyen d’une super arme puisant sa force destructrice dans le four d’une étoile, référence aux armes nucléaires et à la "guerre des étoiles" promue un temps par Reagan… ainsi qu’aux innombrables séries américaines qui évoquent cette menace.

9-      Les peurs. Starwars ne nie pas les peurs mais il les travaille et les cultive : "fais-moi peur"… histoire de mieux exorciser ces peurs. C’est comme un conte pour enfants, ce qui paraît évident avec la présence de monstres inhumains et de masques dissimulant les visages et sentiments. La peur est aussi celle de la mort présente à tous les coins de planètes (elle commence avec les traces de sang qui marquent le masque d’un soldat, la première fois, m’a-t-on dit que du sang apparait dans Starwars). On retrouve encore les peurs des dictatures par référence au nazisme (les soldats impeccablement rangés allongeant le bras comme une sorte de salut nazi, leurs costumes, leurs casques, l’allure et l’élocution de leurs chefs, leurs discours en tribune devant les armées)

10-   La planète en danger. Notre terre va-t-elle ressembler à la planète Jakku où commence le film ? SOS, que cette fiction ne devienne pas un jour réalité ! C’est une planète de déchets (ceux des armes de guerre notamment), d’esclavage, de corruption, de survie difficile où la seule beauté qui subsiste est celle de dunes de sables …encombrées d’épaves. Dans ce film, quelques images sublimes de paysages de nature apparaissent, mais elles restent furtives. Pourtant elles donnent envie de partir en voyage pour essayer de retrouver (du moins pour celles qui ne sont pas des images de synthèse) celles qui ont été tournées à Abu Dhabi, en Irlande, en Islande et en Angleterre.  La seule belle forêt dans laquelle entre la caméra est ravagée par les armes.

11-   Le mal. Il est partout manipulant des hommes masqués, asservis et automatisés. Il n’a pas disparu contrairement à ce que laissait penser la fin de l’épisode VI. Mais les réalisateurs se seraient privés d’un ressort. Starwars utilise d’innombrables références apocalyptiques. Il parle du "côté obscur", du "mal bestial" et démoniaque, manipulé par un "suprême leader" aux traits cadavériques, agissant dans l’ombre.

12-   L’amour. C’est le contrepied du mal, le bien, la "force positive", celle qui "baigne tous les êtres", la "lumière qui a toujours existé", le bien en lutte permanente avec le mal mais qui finit par être vainqueur, le côté angélique des Jedi (prononcer "djeddaï"), l’idée d’un sauveur (l’ermite sur son piton rocheux).  Dans notre société hyper rationnelle et scientiste, c’est un étonnant renvoi à la transcendance. "Le réveil de la force" est d’ailleurs le sous-titre du film et sa trame de fond.  Cette force renaît de la faiblesse et de la fragilité de personnages qui expriment la pureté et de l’amour. Les références bibliques et religieuses sont évidentes sans jamais être dites.

13-   Les légendes.  Elles brouillent les références religieuses en les mélangeant à du merveilleux et à de la magie comme dans "Le Seigneur des anneaux". Elles transparaissent dans des châteaux étranges, des maisons qui paraissent hantées et des passages souterrains du type Harry Potter. Starwars rejoint les légendes de fées et de magiciens qui peuplent notre imaginaire.

14-   L’humanité. Entre les mécaniques, les peurs, la guerre, et des personnages étranges, l’humanité survit. On la croise dans des dialogues purement humains, même lorsque ce sont des monstres difformes qui parlent, caricaturant des sentiments humains. Elle transparaît également dans l’interculturel (un héros noir) et l’intergénérationnel (du baby au papy). 

15-   La  joie. C’est une des autres respirations du film, avec un zeste de rires, de drôlerie, de situations cocasses notamment avec les robots "droïdes" notamment le BB-8. Elle éclate aussi dans toutes les contradictions d’un des héros, incarné par Harrison Ford, le contrebandier baratineur, marginal, bon truand. Il fréquente les bas-fonds, bistrots jazzy, tripots de jeux d’où se manifestera d’ailleurs le courage à travers le personnage d’une curieuse petite bonne femme : "La seule lutte qui vaille", dit-elle c’est que "nous devons les combattre tous ensemble".

16-   La noblesse.  Entre les rangées de soldats robotisés et impitoyables, la noblesse de cœur  émerge, en particulier sous forme de devoir de résistance ("je dois m’évader parce que c’est mon devoir"). Elle culmine dans les combats de sabres qui évoquent évidemment l’épée du roi Arthur, les duels de chevaliers ou de samouraïs

17-   La communication. N’oublions pas que Starwars n’est pas une œuvre philanthropique mais d’abord un produit marketing et une affaire commerciale. La fuite du mal échappant à l’apocalypse finale me l’a rappelé. La porte est ouverte pour les épisodes à venir.

Ce film-cocktail, puisant aux sources de notre mental, explique qu’un grand nombre de gens se retrouvent, frémissent et s’évadent dans Starwars. Dans la salle où je suis allé à 11 h du matin, j’ai quand même remarqué  que le public était à dominante masculine dans la tranche des 20-40 ans. Beaucoup d’hommes y étaient seuls, parfois accompagnés de jeunes femmes. Les plus de 50-60 ans étaient très rares, surtout les femmes. Finalement ce film n’est peut-être pas aussi universel que cela.