Un tour du monde de l’espoir. J’ai assisté à la projection de" Starwars" dans une grande salle bondée. Le lendemain, j’ai vu le film "Demain" dans une petite salle déserte. Pourtant je considère que "Demain" est capital à côté du produit commercial de Disney qu’est "Starwars". A mon avis, ce modeste film sans effets spéciaux qu'est "Demain" pourrait être présenté en prime time sur toutes les télévisions du monde. Car il concerne simplement notre avenir.
Pendant mes voyages, j’ai souvent observé qu’il était nécessaire de préserver la nature (souvent ce qu’il en reste) contre la convoitise humaine. C’est ce que font par exemple, les parcs nationaux dans beaucoup de pays ou les espaces classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais ce dernier rempart est insuffisant. Chaque jour des espèces de plantes et d’animaux disparaissent de la terre et maintenant c’est l’espèce humaine elle-même qui se met en danger.
Les réalisateurs du film "Demain" sortent vite de ce constat pour nous embarquer dans un voyage. En parcourant le monde, ils se font reporters de l’espoir pour montrer que les solutions immédiates et réalistes sont déjà à l’œuvre. Grâce à des gens qui ne restent pas les bras croisés à attendre l’action des gouvernements ou la mise en œuvre hypothétique de l’accord de la COP 21.
Les exemples concrets qu’il montre sont très parlants. Par exemple aux Etats-Unis le film nous emmène à Détroit, une cité gravement sinistrée et dépeuplée par l’effondrement de l’activité automobile. Or, dans les terrains vagues abandonnés de cette cité, 1600 "fermes urbaines" ont vu le jour. Elles produisent maintenant au plus près des habitants la moitié des légumes consommés dans la ville. En Angleterre, on découvre Todmorden, la ville pionnière des "légumes incroyables" qui a fait fleurir des jardinets ouverts à tous dans le moindre espace ou terrain vacant de la ville. J'ai vu qu’un de ces jardins incroyables est né dans ma propre ville de Marne la Vallée. C’est un mini-espace fréquenté de seulement quelques militants associatifs. J’espère que ce film sera la petite graine qui le fera proliférer dans toute l'agglomération.
Pour revenir aux voyages, très souvent pendant des insomnies au cours de vols de nuits, je suis resté collé au hublot à regarder en bas les petites lumières des éclairages urbains. On n'aperçoit que quelques petits points de lumière très espacés au-dessus de l’Ethiopie ou de l’Asie Centrale, par exemple. Mais les lumières deviennent presque ininterrompues, par exemple dans le Bénélux ou dans certaines parties des Etats-Unis. C’est lumineux, mais quel gaspillage d’énergie ! Le film "Demain" montre comment consommer moins (moins d’écrans, plus de vélo,…) et quelles sont les sources d’énergies alternatives. On voit ainsi la ville de Copenhague qui espère se débarrasser du pétrole et du charbon en 2025 en les remplaçant par la biomasse et les éoliennes, l’Islande qui mise sur la géothermie et l’hydroélectricité ou l’île de la Réunion consomme déjà 35 % d’énergies renouvelables.
Mais le film "Demain" va plus loin. Il explore quelques alternatives au modèle économique dominant, centré sur la seule rémunération du capital. Il regarde aussi la manière de revigorer nos démocraties occidentales, devenues des oligarchies. En Inde il fait parler les responsables d’une expérience de démocratie participative dans le village de Kuthambakkam qui a fait tomber les murs des castes et changé la vie des habitants. Enfin il montre que d’autres systèmes éducatifs sont possibles avec l'exemple d'Espoo, une banlieue très multiculturelle d’Helsinki.
Les prévisions de plus grands scientifiques sur l’avenir de l’humanité sont effrayantes. Ce film, sans doute imparfait mais dense et foisonnant d’idées, m’a redonné confiance. Il m’a en même temps ouvert les yeux sur une autre façon de voyager : essayer d'aller à la rencontre des gens qui reconstruisent un monde basé sur la diversité, l'autonomie, la responsabilité,... C’est un film à voir d'urgence pour agir ! Demain il sera peut-être trop tard.