Un marché géant sous des hangars de zeppelins. J’ai cru à une blague quand on m’a parlé de ce marché en l’associant aux « zeppelins », ces ballons dirigeables allemands géants du début du XXème siècle qui ont disparu et qui appartiennent à l’histoire. Quel rapport ? Au marché de Riga, capitale de la Lettonie on ne vend pas de zeppelins, mais seulement, des fruits, des légumes, de la viande et du poisson comme dans tous les marchés du monde.
La particularité de ce marché couvert de détail est qu’il est probablement le plus grand d’Europe par sa superficie. Mon guide m'a indiqué une surface de 55 000 m², un chiffre que je n'ai pas pu vérifier, qui est peut-être vrai en comptant les débordements extérieurs. Ce marché est surtout un des plus volumineux que je connaisse par la hauteur des voûtes de ses 5 bâtiments dont l’échelle est celle de cathédrales. Etonnant pour un petit pays de l'Union européenne, que la plupart des européens ne sauraient même pas situer sur une carte.
Ce pays a subi toutes les invasions au long son histoire : allemands, danois, suédois, polonais, russes... Il n'a connu sa première indépendance qu'entre les deux guerres mondiales. C'est pendant cette période que la ville avait décidé de construire un marché moderne. Ce qu’elle fit en récupérant la partie haute métallique d’anciens hangars à zeppelins désaffectés dans une ancienne base militaire allemande. Ces voûtes ont été posées sur des socles de style "art déco", un style d'art des années 1920 qui a succédé à "l'art nouveau", lequel est une des grandes richesses de la vieille ville de Riga. De telle sorte que ce marché a été inclus dans le périmètre de la ville inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
Quand je suis entré dans ces bâtiments monumentaux, j’ai été impressionné par leurs dimensions. Au ras du sol, les échanges de marchandises grouillent comme dans une fourmilière. Mais les produits alimentaires, très ordonnés et propres, sont parfaitement classés par catégories. On est loin du bazar de beaucoup de marchés que j'ai visités à travers le monde. Je suis d’abord entré du côté des poissons séchés de la Baltique aux effluves puissants où des harengs, des anguilles et des lamproies flétris côtoient les boites de caviar. Les senteurs changent dès qu’on passe du côté des poissons frais, des viandes ou des charcuteries.
Côté fruits et légumes, c’est une explosion de couleurs, comme par exemple avec le rouge sang des airelles (canneberges). Et le nombre de commerçants est tellement important que leurs éventaires débordent à l’extérieur, malgré le froid. On y voit des marchandes qui pèsent encore leurs produits sur des balances triangulaires des années 30, où l’aiguille glisse derrière une vitre en forme d’éventail. Pendant la période soviétique, ce marché était alimenté par 36 kolkhoses. Aujourd'hui, le pays, qui a regagné son indépendance depuis 1991, a retrouvé le dynamisme commercial libéral des grands ports de la Hanse auxquels Riga appartenait au moyen-âge.