Reliques aristocratiques. Le nom de la maison est italien et on y parle un anglais châtié, mais la demeure est un pur reflet de l’aristocratie maltaise. J’en ai fait la visite en compagnie du marquis de Piro, l’actuel propriétaire dont la famille, d’ascendance noble maltaise, y habite depuis trois générations. Sa passion le rend bavard et il mélange un anglais oxfordien, quelques mots fleuris de français et un zeste d’italien. Il s’arrête devant chaque peinture, sculpture, faïence ou pièce d’argenterie. Chaque objet a une histoire qui raconte les événements, les péripéties, les rebondissements et les épisodes d’un feuilleton familial de plusieurs générations.
Nous sommes au cœur de la vieille ville de La Valette, la capitale de Malte, dans une rue pentue dont les trottoirs sont en escalier. Cet hôtel particulier qui date de 400 ans, bâti à l’époque des chevaliers du richissime Ordre de Saint Jean (dit Ordre de Malte). L’Ordre avait gardé le pouvoir dans l’île pendant plus de 250 ans avant d’être chassé par Napoléon qui dut rapidement abandonner le contrôle de l’île aux anglais. Issu d'une famille de chevaliers de l'Ordre, le marquis prend un plaisir manifeste à décrire le bric-à-brac sophistiqué et la galerie de portraits un peu théâtrale de cette grande casa dans laquelle il habite toujours.
La maison a la densité d’un musée, mais le marquis préfère que l’on parle de "reliques", puisque les De Piro y habitent toujours et ce sont leurs collections personnelles qu'ils présentent. J’ai l’impression que les fantômes des ancêtres l’habitent toujours aussi. Il décrit avec force détails le lit matrimonial de son arrière-grand-mère qui y conçut 9 enfants, la chapelle portative de 1770, la collection familiales de vieilles dentelles, le portrait audacieusement décolleté d’une de ses grand-tantes peint par un jeune artiste italien qui l’avait séduite : "schocking ! mamma mia !" : sa mère parlait encore de cette histoire à 98 ans ! La visite est un vrai spectacle !
