Bêtes et bestioles hantent les ruines d’Angkor. En vrai et en imagé. On l’oublie souvent s’engageant dans cette forêt de ruines dans la jungle. Malgré les répulsifs, j’ai ressenti les piqûres de moustiques, et j’ai pris en photo un serpent qui venait de saisir un gros lézard. Il y a, m’a-t-on prévenu, des cobras, des vipères et des araignées. Mais aussi des singes, que les habitants n’aiment pas parce qu’ils sont chapardeurs et il reste quelques éléphants qui jouent aux balades avec les homo sapiens turisticus. Et puis il y a les animaux domestiques, comme les buffles, les vaches et les chevaux.
Les artistes et sculpteurs du moyen-âge se sont forcément inspirés des animaux qu’ils voyaient en les mêlant aux personnages mythiques du panthéon indou. On en trouve un peu partout dans les sculptures, les frises et les bas-reliefs. Ils représentent des animaux qui vivent toujours sur le site comme des singes ou des serpents, ou des animaux qui ne survivent ici que pour le service des hommes comme les éléphants ou les bœufs ou encore d’autres animaux qui ont disparu de la région comme les lions qui figurent pourtant sur les armoiries royales du Cambodge.
Mais les sculptures sont surtout peuplées d’animaux légendaires et fantasmagoriques. Ainsi les éléphants ont plusieurs têtes ou des têtes qui ressemblent à d’autres animaux. Les serpents chimériques ont parfois des tailles démesurées en devenant des rampes ou balustrades et sont appelés naga. Plus ou moins trapus ou déformés, les lions sont omniprésents. J’ai aussi trouvé des garuda, les mêmes que j’avais rencontrés en Thaïlande à Bangkok, des animaux complètement mythiques, moitié hommes, moitié rapaces, montures du dieu Vishnu, déployant de larges ailes. Etrange.