La pendule arrêtée. Entre mes randos dans les coins perdus de l’île de Boa Vista, j’ai traversé quelques villages. C’est simple, il n’y en a pas beaucoup. Il y en a seulement 8 : par exemple Joao Gatego, Fundo de Figueras … et bien sûr Sal Rei, la "capitale". Mais partout j’ai eu la même sensation : quelques maisons posées sur du sable ou des cailloux et, là où il y a suffisamment d’habitations, des rues impeccablement tapissées de pavés, des espèces de galets noirs remontant à la colonisation portugaise. C’est comme si j’avais fait un retour en arrière dans le temps, sans doute dans l’après-guerre des années 1950 ou 1960.
Il faut dire que j’ai toujours traversé ces villages fantômes, léthargiques et secs en plein cagnard, sous la chaleur écrasante du milieu de journée. Normal donc que les volets soient tirés pour garder un semblant de fraîcheur et les quelques habitants faisaient sans doute la sieste à l’ombre. Les quelques personnes furtivement croisés se hâtaient de fuir le soleil cuisant que recherchent les touristes au bord des piscines d’hôtels.
Les maisonnettes sont toutes basses et souvent joyeusement colorées, peut-être avec les couleurs pétantes des fonds de pots de peinture qui ont remis à neuf les coques des bateaux de pêcheurs au carénage. Ici ou là j’ai aperçu une petite boutique somnolente ou un bistrot de quartier animé par un baby-foot à même la rue. Les églises de ce pays très catholique ressemblent aux maisons, peintes et colorées avec soin. Les quelques voitures sont des pick-up habitués aux pavés, aux pistes cahotantes et aux pièges des dunes. Car jusqu’au cœur de ces bourgs, le sable tout proche doit être balayé chaque matin devant les pas de portes.
