Bandung à hauteur d’hommes. J’adore marcher dans les rues populaires des grandes villes. C’est ma manière préférée de découvrir la vraie vie des gens qui y habitent. Et d’y saisir des photos, même si leur spontanéité les rend parfois un peu floues ou mal cadrées ou mal exposées. A Bandung, dans l’île de Java en Indonésie, j’ai été gâté puisque, dès le premier jour, j’ai pu effectuer une telle plongée urbaine, pleine de surprises. J’y ai trouvé un bouillonnement de vie et surtout des sourires et un bonheur authentique dans le contact humain improvisé, tel qu’on n’en rencontre plus que dans de rares pays, et de moins en moins dans les pays plus touristiques.
Dans ce genre de balade à pied, où le but n’est pas d’approcher un monument ou un lieu célèbre, j’aime m’immerger dans la foule, à hauteur des hommes, au niveau des boutiques, des discussions… Je sens les odeurs des petits plats qui mijotent sur les réchauds, j’entends les bruits des outils des artisans et les appels des vendeurs. Je peux goûter, toucher, tester, prendre mon temps… Mes cinq sens restent en éveil et en émoi. C’est mille fois mieux que derrière des vitres, en haut d’un bus de "sightseeing tour".
Cette flânerie dans les rues de Bandung m’a ainsi rappelé les innombrables vadrouilles à pied ou à vélo, accompagné ou non, au cours desquelles j’ai cherché à me perdre sans réussir à m’égarer vraiment, que ce soit dans les rues Tachkent, Bangkok, New York, Quito, Soweto, Abidjan, la kasbah de Tunis ou la médina de Marrakech, le souk de Damas avant la guerre, Moscou ou Cracovie pour ne citer que quelques souvenirs qui remontent spontanément…
Ici aussi à Bandung, la fourmilière des petits commerces est intense, parfois cacophonique, avec le vrombissement de nuées de motos et scooters -souvent chargés de 2,3 voire 4 personnes- et des petits taxis collectifs, les "angkot", dont la couleur varie avec la destination. Dans ce méli-mélo, il y a aussi de la place pour les pousse-pousse. Et du brouhaha percent des cris de vendeurs, ceux de boutiques portatives et surtout ceux des "warung", ces minuscules boîtes-boutiques alimentaires que les habitants appellent "les marchands à cinq pieds" (les deux du vendeur et les trois roues du chariot à bras). Les rues de Bandung ont été mon grand bonheur d’initiation à l’Indonésie.
