Barcelone en clair-obscur. « L’ombre du vent » de l’écrivain espagnol Carlos Luis Zafon est un des plus grands succès mondiaux de librairie. Il a été vendu à plus de 15 millions d’exemplaires et traduit en 36 langues. Ce n’est pas un livre de voyages, mais un roman. Lorsque je l’ai découvert, il m’a emporté, dans une sorte de rêve fiévreux.
Tout ce roman se déroule dans la ville de Barcelone. Au fil de l’intrigue fantomatique et haletante, les allusions aux lieux de Barcelone restent discrètes. En le lisant, j’y ai toutefois retrouvé l’atmosphère de certains quartiers anciens de cette ville qui avait été l’étape de plusieurs de mes voyages. Une ville séduisante et tarabiscotée aux charmes étranges et contrastés : sombre ou lumineuse, pompeuse ou mal famée, haute ou basse,…
En découvrant le tout petit guide « Promenades dans la Barcelone de l’Ombre du vent », j’espérais retrouver un peu des sensations du livre de Zafon en faisant le lien avec mes promenades dans Barcelone. Mais il est difficile de faire coller l’imaginaire au réel. Ce petit opuscule, vite fait par trois auteurs, récolte religieusement le moindre indice, la plus petite trace de lieu identifiable dont Zafon avait été économe dans son roman.
Ce petit livre de livre n’est donc qu’un produit dérivé de la planète Zafon. Certes il invite à voir Barcelone autrement que dans le parcours habituel des masses de touristes, en s’enfonçant dans le labyrinthe des ruelles. Et il indique quelques petites adresses originales (Llibreria Almirall, café El 4 Gats, Meson del café, patisseria Escriba, salle de danse La Paloma,…). Mais on ne voit pas toujours bien le lien avec le roman de Zafon.
Autant « L’ombre du vent » de Carlos Luis Zafon est un roman palpitant, passionnant, prenant, autant «Promenades dans la Barcelone de L'Ombre du vent », est-il l’ombre de « l’ombre du vent », ennuyeux et terne, condamné à humer, chercher et subodorer des lieux fantômes, comme la Chapellerie Fortuny. Les photos sont médiocres et le plan de la ville minimal.
Zafon est présenté comme ayant collaboré à ce mini guide. Sa collaboration y est réduite à sa plus simple expression car on n’y trouve que quelques verbatim de son livre et de quelques paroles, dans une poignée d’encadrés. Zafon d’ailleurs n’y livre aucune révélation, sinon peut-être une confidence inattendue: « je n’ai jamais eu le sentiment d’être véritablement heureux à Barcelone, plus je m’en éloignais, mieux je me portais ». Ce que reflètent peut-être certaines pages et une atmosphère parfois sombre de son roman. Son opinion ne m’empêchera pas pourtant de continuer sa apprécier sa ville de naissance sans avoir besoin de cet ersatz de guide pour flâner sur les Ramblas et m’aventurer dans d’autres quartiers.
Editions Grasset, « Promenades dans la Barcelone de "L'Ombre du vent" », Sabine Burger, Nelleke Geel, Alexander Schwarz, avec la collaboration de Carlos Ruiz Zafon.