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« The lost city of Z » de James Gray

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Une affiche du film du réalisateur américain James Gray "The lost city of Z" sorti en 2017

Le voyage au plus profond de soi. Chaque voyageur est un peu explorateur. Et chaque explorateur cherche quelque chose qui est déjà au fond de lui-même et qu’il aimerait retrouver ailleurs : que ce soit l’atmosphère d’un film, un roman d’aventure ou une lecture, un souvenir d’enfance, de voyage passé, une relation, une émission de télévision, une carte postale, une musique, le visage d’une personne, une conversation, une carte postale ou une brochure, des couleurs comme le bleu de la mer, l’azur du ciel, la blancheur d’une plage, un frisson, le mystère d’une carte de géographie, voire la minuscule fenêtre d’un timbre-poste… ou bien d’autre choses encore.

En voyant ce film de James Gray, j’ai compris qu’il y avait au fond de chacun de nous voyageurs, un espoir de trouver une « cité perdue », une « cité Z », un souvenir projeté dans l’avenir, une fuite vers autre chose. C’est d’ailleurs la thèse de l’écrivain Gilles Lapouge pour qui « tout voyage n’est que le souvenir d’une encre ancienne ». Dans le film « The lost city of Z », le héros de J. Gray cite R. Kipling  dans « l’explorateur » : « quelque chose est caché, va le chercher ».

Ce film de James Gray (1) tourné en clair-obscur au fond de la forêt amazonienne est donc  d’abord une quête de soi-même. « La vie est pleine de mystères. Nous savons si peu de choses de ce monde », fait dire le réalisateur à son personnage central, l’explorateur britannique Percy Fawcett. Ce brave a véritablement existé au tout début du XXème siècle. A l’époque, les cartes géographiques d’empires coloniaux laissaient des zones blanches inexplorées, des « terra incognita ». Un peu comme l’Eldorado chimérique dont se moquait Voltaire. Un peu comme les cartographies du cerveau.

Percy Fawcett était un militaire britannique intrépide et courageux. Il avait l’étoffe d’un héros, cherchant « le meilleur du sel de la vie ». Mais il souffrait d’années perdues sans promotion. L’occasion d’échapper à cette banalité lui fut donnée par sa hiérarchie, avec une mission, cartographier une frontière à définir entre la Bolivie et le Brésil. Il y fit plusieurs voyages, ponctués de nombreux rebondissements que raconte le film. Ce fut une très longue aventure, entre les piranhas et les flèches des indiens. Et Fawcett disparaîtra à jamais dans la jungle. 

J’attendais un film du genre « Aguirre, la colère de Dieu » (de Werner Herzog).  Mais je n’y ai pas ressenti  le frisson de l’aventure. Il y a certes de fabuleuses séquences comme un opéra chanté en pleine jungle ou une attaque d’indiens. Mais les péripéties de Fawcett sont un prétexte d’introspection. Les images sombres cadrent souvent des visages graves. Les dialogues intimistes sont souvent ceux d’une très aristocratique société, british jusqu’à la moelle.

Mais le fond du sujet est l’écartèlement, au tréfonds du grand voyageur, entre ce qui l’attache à rester et ce qui le pousse à partir au loin. Fawcett quitte son épouse enceinte pour l’attrait de son expédition. Il revient retrouve femme et enfant, mais repart quand même, à chaque fois tiraillé entre l’ici et l’ailleurs, entre son aspiration à s’installer dans la paix familiale et son attrait pour une civilisation inconnue qu’il a entrevue au fond de la forêt lointaine.  Il ne pourra pas échapper à ce dilemme et y entraînera aussi son fils aîné. Comme ce qu’ils cherchaient, ils seront perdus.

« The lost city of Z » film de de 2017 réalisé par James Gray, adapté du roman de l’américain David Grann, lui-même inspiré de l’aventurier britannique Percy Fawcett. Le rôle de Percy Fawcett est interprété par l’acteur américain Charlie Hunnam

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