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L’île Maurice entre ses plages

Cette île est une des perles de l’océan indien. Son image de carte postale ensoleillée continue de faire rêver les français, pas seulement parce que cette ancienne « Isle de France » fut française pendant un siècle. Mais surtout à cause de ses plages, idylliques, merveilleuses, au sable fin et blanc bordant des lagons enchanteurs, et à cause de ses hôtels et palaces au service très raffiné qui les bordent. Le premier, j’en ai rêvé. Mais, au bout de cinq voyages, j’ai découvert beaucoup d’autres richesses dans cette île pays : son histoire, ses populations à majorité indiennes d’origine, mêlées à des descendants de français anglicisés, à des chinois, des africains,… 

Des pyramides colorées au marché de Port Louis (Maurice)

J’ai goûté à ce mélange de cultures et de populations dans le vieux quartier de Port Louis, la capitale de Maurice, près de Corderie Street, dans le marché le plus animé et coloré du pays où sont échafaudées d’impressionnantes pyramides de fruits et de légumes. Il y a là toutes les couleurs de tous les produits indigènes aux noms savoureux : le rouge vif des tomates (dont la délicieuse petite « pomme d’amour ») côtoie le vert pâle de pipengailles et de patoles, le jaune orangé de giraumons, le vert foncé de cresson arrosé en continu par ses vendeurs pour lui garder sa fraîcheur intacte,… Les ménagères marchandent en créole les produits qui composeront leur rougail quotidien ou l’assaisonnement de leur vindaye d’ourite (pieuvre).

Le marché des poissons, des volailles et des viandes est à côté. Sur les plateaux en cuivre d’antiques balances à fléau on y pèse la tranche de capitaine, de « sacré chien » (un poisson), ou de cerf, ceux là même que j’ai vu bondir dans les montagnes du sud-est de l’île. Un peu à côté, le marché des « grains secs » ouvre ses sacs d’embériques (lentilles locales), de riz et de légumes secs entre un bric-à-brac de balais cocos, de chipettes (chips colorées), ou de poissons séchés.

Dans ce décor se croisent des effluves enivrants de citronnelle, de curry, de cardamone, ou de vanille. Le « bazar » est vraiment le cœur populaire et le condensé de toutes les couleurs et parfums du pays. Les passants sont hélés par les cris des vendeurs dans une atmosphère électrique. Les touristes y trouvent leur compte en s’insinuant dans des passages étroits de stalles de tissus ou de tapis d’Inde où les bruits sont amortis sous des ampoules électriques blafardes.

Dégoulinant de transpiration en sortant de cette étuve, à Farquar Street près du port, je me désaltère avec une « mousse noire » glacée (vanille, amande, fraise), puis je tente un alouda (lait, eau, sucre). Alléché par leurs fumets, je ne résiste pas aux échoppes de « rôti chaud » ou de « dholl puri » (sortes de crêpes fourrées et épicées) qui me permettent de caler une petite faim. 

La Citadelle noire

Au-dessus de Port Louis, on aperçoit une « Citadelle » qui domine la ville en panoramique. Sur le fronton à l’entrée de cette forteresse figurent encore les initiales gravées dans la pierre, « VR » pour « Victoria Regina ». C’est l’empreinte des britanniques qui avaient construit ce « fort Adelaïde » en 1840 pour y loger 200 soldats armés de canons. Cette masse noire, en léthargie depuis des décennies, a été restaurée. Ses casemates se sont remplies d’un petit musée, de boutiques artisanales et d’un restaurant. La pierre volcanique noire se retrouve aussi tout en bas de Port Louis, au ras du port, dans les murs de l’Aapravasi Ghat, un nom hindi qui désigne le lieu où 400 000 indiens débarquèrent d’Inde au XIXème siècle pour travailler (librement croyaient-ils) la canne à sucre. Le bâtiment a été classé en 2006 au patrimoine mondial de l’Unesco. Sombre page d’histoire ! Mais qui imprègne l'île Maurice d'aujourd'hui, peuplée de temples hindous

La pierre noire est omniprésente à Maurice. Les premiers occupants de l’île, les hollandais, utilisèrent d’ailleurs ces blocs dès leur arrivée en 1658. Leurs vestiges sont encore visibles à Vieux Grand Port au sud. Car depuis toujours, les planteurs de canne à sucre, en retournant la terre, retiraient du sol de grosses pierres de basalte, noires et rugueuses. Depuis des siècles, ils les entassaient en pyramides qui hantent encore le paysage de l’île et qui restent des réserves de pierres de construction. Ces pierres noires liées par un mortier blanc sont visibles dans tous les édifices, que ce soit les églises, les cheminées d’usines à sucre, les forteresses britanniques de la côte (dites « tours Martello »), les murets des salines de Tamarin, la base des grandes maisons coloniales en bois,… Le noir ne correspond pas aux clichés qu’on a de Maurice, mais on ne peut pas ne pas le voir.

Eureka, la maison blanche 

En revanche, dans l’une des plus belles maisons coloniales que j’ai découvertes, appelée Euréka, c’est plutôt le blanc qui domine. Sous la montagne Ory, cette maison est posée devant une vaste pelouse bordée de hauts arbres et de cocotiers. Sous la varangue qui fait le tour de cette bâtisse de 109 portes tout est blanc : les murs, les volets, les piliers, la rambarde, les fauteuils, les nappes,… Son propriétaire, Jacques Planteau de Marousem (de lignée bretonne), raconte, entre deux bouchées de « gâteau piment », en français châtié sur fond d’intonations créoles et de citations anglaises, les mésalliances, divorces et héritages qui ont permis de préserver cette grande habitation, longtemps habitée par la famille et les ascendants de l’écrivain du pays et prix Nobel de littérature, J.M.G. Le Clézio.

Dans l’île, beaucoup de ces maisons de bois ont été emportées par les cyclones ou l’infortune, mais il en reste çà et là beaux spécimens entre les champs de canne à sucre et les mornes. Une des plus authentiques est celles des Aubineaux, construite en 1872 par le gouverneur de Curepipe puis reprise par la famille Gimbeau, une lignée de vendéens qui avaient fui la révolution française et devenue très puissante depuis. Dans ses 28 pièces transformées en musée on sent les fantômes des habitants qui ne l’ont quittée qu’en 1999. J’en ai visité plein d’autres : le château de Montplaisir dans le jardin de Pamplemousse, et, à proximité, la maison familiale de l’écrivain Alain Gordon-Gentil, la maison du Blue Penny Museum, ex administration des entrepôts portuaires au cœur de Port Louis, le Château de Bel Ombre, ancienne résidence d’administrateur de domaine sucrier, et le château Robillard à Mahébourg, devenue un Musée national incontournable…  Sans compter les maisons qui ne se visitent pas mais où j’ai pu me rendre, comme la Clarisse House à Vacoas, ancienne résidence de la famille de Chazal devenue un des pied-à-terre du premier ministre mauricien.

Beau Plan : vert

A côté du noir des pierres et du blanc des habitations, il y a aussi le vert avec la canne à sucre. Certes le sucre n’est plus ce qu’il était, mais « Maurice reste un pays très sucré », me confie une mauricienne. Le vent fait toujours onduler et frissonner la moitié verdoyante de l’île encore couverte de longues tiges vert-pomme. Avant les récoltes, ces champs flambent et crépitent en dégageant de hautes flammes et de longs panaches de fumée noirs. Les routes sont toujours encombrées de camions surchargés de canne et les toits de la plupart des hôtels sont couverts de chaume en feuilles de canne. Témoin de cette intimité de Maurice avec le sucre, le musée l’Aventure du sucre, cathédrale industrielle dédiée à la filière sucre installée dans la sucrerie Beau Plan, toujours coiffée d’une cheminée de 33 mètres datant de 1895 et habitée de machines qui ont fonctionné jusque en 1999. Dans ses 5000 m² d’expositions, j’ai compris comment la canne fut introduite par les hollandais dès 1639, développée par le français Mahé de la Bourdonnais dans L’Isle de France avant l’euphorie sucrière du XIXème siècle… sous les anglais… une euphorie qui a fait la fortune des franco-mauriciens, lesquels ont massivement réinvesti dans l’hôtellerie. Le sucre est aussi l’histoire de l’esclavage et de la main d’œuvre indienne qui a constitué la majorité de la population actuelle. L’Aventure du sucre le raconte sans fausse pudeur. Il explique aussi comment le jus extrait des cannes broyées est chauffé, tamisé, chaulé, réchauffé, décanté, évaporé, malaxé et essoré. Il en sort une large gamme de sucre, du blanc pur au roux foncé. De la mélasse, sort un rhum cuivré comme la peau des habitants de cette île métisse.

Le Jardin de Pamplemousse et ses teintes roses

En revenant aux abords de la capitale, je n’ai pas pu éviter le jardin extraordinaire de Pamplemousse. On n’y cultive pas de pamplemousses mais le rose ressort par exemple sur les bordures épineuses et les fleurs de nénuphars, sans doute les plus photographiés du monde. En forme de « plats à tarte » certains peuvent atteindre jusqu’à 2 voire 3 mètres de diamètre. Les 25 ha du « jardin de pamplemousse » créé en 1767 par l’intendant du roi de France, le bien nommé Pierre Poivre, sont restés une réserve de trésors botaniques d’importation, les plus étranges, ayant été rapportés des Indes orientales : palmiers bouteilles ventrus, palmiers lakka (lipstick palm) produisant une cire rouge autrefois utilisée pour les cachets, rangées de palmiers royaux alignés comme sur le Sunset boulevard de Hollywood, jacquiers puants dont les fruits peuvent atteindre 30 kgs, talipots de Ceylan aux feuilles géantes, bambous utilisés en percussions pour rythmer la danse nationale Sega, arbre quatre-épices dont le parfum évoque à lui seul le gingembre, muscade, clou de girofle et, bien sûr, poivre… Dans ce lieu coloré et parfumé, les touristes y côtoient les familles mauriciennes qui défilent pour pique-niquer. Des processions de femmes indiennes en saris de couleurs vives se détachent sur la pelouse vert cru. Entre les cris d’enfants, les ados gravent leurs initiales accrochées par un petit cœur sur les troncs de palmiers. Je vois des amoureux qui se lovent dans les replis noueux d’un badamier maternel. Ce microcosme nature est à l’image de tout le pays : varié, coloré, ouvert, tolérant et flamboyant comme les arbres du même nom dont les fleurs rouges irradient tout le pays lors du printemps austral.

Coups de coeur: 
  • La poésie des noms de lieux : Vanille Crocodile, Bois des Amourettes, Deux Frères, Quatre Sœurs, Rivière des anguilles, …
  • Les mauriciens qui sont bilingues français-anglais et surtout naturellement accueillants et souriants.
  • La plantation de thé de Bois Chéri, la cueillette du thé, son usine de préparation et son salon de dégustation.
Coups de griffe: 
  • Les grands hôtels qui sont isolés des villages, de la population et de la vraie vie mauricienne
  • L’île aux Cerfs qui serait paradisiaque sans les boutiques qui l’encombrent.
A voir absolument: 
  • Le marché traditionnel de Port Louis, la capitale
  • Le Blue Penny Museum
  • L’Aapravasi Ghat, lieu de débarquement des travailleurs « engagés » Indiens au XIXème siècle
  • La Citadelle anglaise dominant en panoramique Port Louis
  • Le musée l’Aventure du Sucre
  • La route du thé et ses habitations coloniales
Destinations concernées: