Chronique d’un long voyage éclair (suite). Rien n’a pu gâcher le déroulement de ce voyage coloré d’une semaine en Afrique du Sud. Ce fut en réalité, 2 jours et demi réellement passés sur place dans la région du Cap. Ils ont été tellement denses que j’ai l’impression de rentrer d’un très long voyage.
Emotions et enseignements. L’Afrique du Sud est « mon Amérique à moi », pour paraphraser Johny Hallyday. Mon troisième voyage a conforté mon enthousiasme pour ce pays deux fois plus étendu que la France. J’y ai trouvé des beautés théâtrales : des paysages prodigieux, une Afrique noire authentique et pourtant un brassage de populations sans pareil, une histoire étonnante, des villages traditionnels et villes modernes, une faune exotique, une flore pétillante, des plages infinies et des montagnes époustouflantes,… Ce pays est pour moi une sorte de « far south », en référence au « far-west » ou au « far-east », l’extrême orient, si prisés des français. Les grands voyageurs ont tout à découvrir dans cet extrême sud.
Applaudissements
Comme pour une belle pièce de théâtre que fut ce voyage, j’applaudis. La réussite d’un « fam trip » tient à l’excellence de sa coordination. Or l’expérience que nous avons vécue en Afrique du Sud était un cas d’école brillamment réussi. Bravo donc aux professionnels qui ont concocté ce voyage à suspens. L’auteur de la pièce de théâtre (maître d’ouvrage en quelque sorte), celui qui a conçu et écrit le programme, s’appelle Gabriel Taher. Il est «manager trade relations leisure » à l’Office du tourisme d’Afrique du Sud à Paris. Son sourire et sa bonne humeur sont inaltérables. Il a épongé beaucoup de sueurs froides et réussi des miracles d’acrobaties.
Le metteur en scène (maître d’œuvre en quelque sorte), est André Laget, managing director du l’agence réceptive Akilanga. Discret, quasi invisible, ce français expatrié a assuré la réalisation de ce voyage et su remettre de l’huile dans les rouages à chaque fois que c’était nécessaire, pour gommer les incidents ou les glissements d’horaires, par exemple. Il l’a fait en permanence sans que nous ne nous en rendions compte.
En même temps, il a su réunir autour de lui des prestataires et sous-traitants spécialisés efficaces. Par exemple Iain Harris fondateur du tour opérateur local « éco éthique », Coffeebeans Routes qui nous a conduits au fond des townships chez d’authentiques musiciens de jazz. Ou bien Mathieu Labaki, œnologue français, qui a créé sur place sa propre agence de niche, Cape Terroir. Grâce à lui, les vins sud-africains, créés par des français il y a 300 ans, nous ont parus sémillants et aussi colorés que la population du Cap ou les façades de Bo-Kaap.
Surtout, il a déniché l’adorable guide qui nous a accompagnés dans notre périple depuis l’aéroport sud-africain d’arrivée jusqu’à l’aéroport de sortie du territoire : Jean-Marie est congolais, francophone, marié à une femme zoulou. Il a fait sa vie en Afrique du Sud et est érudit et passionné de son pays d’adoption.
En revanche, pas d’applaudissements (c’est un euphémisme) pour les compagnies aériennes, Air France et KLM. Non pas parce qu’elles ont eu à affronter des problèmes techniques ou de météo et qu’elles y ont fait face. C’est leur métier et elles l’ont bien fait sous cet angle. Mais parce qu’elles ont géré ces crises à minima, en lâchant du bout des lèvres des excuses à peine perceptibles.
Re-couac en post prod
Car après le retard de 12 heures du vol aller sur Air France, rebelote pour notre retour vers Amsterdam puis Paris. C’est encore plus pénible, le retard dépasse 24 heures ! Pas à cause du vol entre Le Cap et Amsterdam, correct bien que coincé en éco dans un B 777 de KLM plein à ras bord (c’est logique, tant mieux pour la compagnie). Mais parce qu’à l’arrivée tout se gâte. Quelques jours au soleil sud-africain nous font oublier l’hiver et les brouillards de l’hémisphère nord. Or, ils se rappellent à nous. La panade est tellement épaisse en arrivant sur l’aéroport d’Amsterdam que le commandant de bord décide, au dernier moment, de changer de route et fait un volte-face sur…Bruxelles. C’est certes plus proche de Paris, mais nous ne sommes pas autorisés à descendre de l’avion… Près de 3 heures plus tard, notre B777 peut enfin repartir à Amsterdam… mais nous avons raté notre connexion pour Paris.
C’est là que l’inacceptable se produit. Il faut faire la queue au bureau des transferts pour savoir quelle solution de rechange nous propose KLM. Or, il est flagrant que le personnel de KLM disponible pour gérer cette situation est scandaleusement insuffisant. Beaucoup d’avions ont été cloués au sol et la queue est interminable : il faut 3 à 4 heures pour savoir de quelle solution nous bénéficierons. Evidemment, il est trop tard pour espérer rentrer le soir même à Paris. Un vol nous est attribué pour le lendemain en milieu de journée. Il faut donc que KLM nous trouve un hébergement pour la nuit. Re-queue dans une autre zone de l’aéroport. Puis, attente d’une navette pour un hôtel de banlieue.
Heureusement notre bon ange, Gabriel, de l’office de tourisme sud-africain de Paris, se démène comme un beau diable pour atténuer la désinvolture de KLM. Il organise un pot de décompression dans l’aéroport. Puis le soir, il en profite pour improviser une virée nocturne dans Amsterdam. C’est ainsi que nous nous retrouvons autour de bières costaudes dans des bars très chauds, bondés et bruyants autour de Dam square, la place centrale de la ville.
Epilogue
De retour chez moi, je me demande en décompressant : « ai-je vraiment vécu autant d’épisodes en 2 jours et demi passés au Cap, si loin, ou bien ai-je rêvé ? » Comme à chaque retour de « fam trip », je dois me pincer au moins deux fois pour m’assurer que je ne rêve pas. D’où ce récit pour témoigner de l’intensité des images gravées pendant ce voyage en accéléré. Il m’a donné la pêche en transformant une semaine d’hiver en semaine d’été. J’oublie les épisodes aériens pré et post Afrique du Sud, pour n’engranger que les couleurs et le soleil.
D’ailleurs, le lendemain à mon réveil, la tête gorgée d’images de soleil de la « nation arc-en-ciel », je sifflote à mon merle et à mon rouge gorge qui dépriment sur la pelouse boueuse de mon jardinet les chants des oiseaux que j’ai rapportés de l’hémisphère sud. Ils en sont tout ragaillardis. « Pourquoi ne sommes-nous pas des oiseaux migrateurs ? » me chantent-ils.
20 bonnes raisons de voyager en Afrique du Sud
J’espère que mon voyage en Afrique du Sud ne sera pas le dernier. J’ai constaté qu’on pouvait y aller et y venir sans se lasser. En réfléchissant, cette destination a vraiment de nombreux atouts pour me plaire et, je pense, pour vous plaire :
1- Vous recherchez la nouveauté et le dépaysement ? Ça tombe bien, l’Afrique du Sud est terra incognita pour une majorité de français qui ont peur de l’Afrique noire en oubliant qu’au sud de ce continent, ce grand pays démocratique, riche et développé est aussi dépaysant que la Thaïlande et structuré et organisé que les Etats-Unis.
2- Vous préférez la variété des expériences plutôt qu’un séjour uniquement plage, tout safari, ou exclusivement rando ? Impossible de voir toute l’Afrique du sud d’un seul coup, même en y restant trois semaines. Car une infinie diversité d’expériences de voyages y est possible. On peut passer dans la même journée de la montagne à la mer et de la ville à la campagne, de l’histoire et la culture à la rencontre chez l’habitant….
3- Vous aimez les échanges et les rencontres humaines ? Vous serez surpris de l’accueil des sud-africains quand vous les rencontrerez chez eux, en ville, dans la campagne ou dans un township.
4- Vous préférez un climat agréable aux grandes variations du thermomètre ? Il fait toujours beau quelque part, spécialement en Afrique du Sud : quand nous sommes en hiver c’est l’été en Afrique du Sud. Sur l’année, en moyenne, les stations balnéaires du Cap sont plus ensoleillées que celles des Canaries. Les 2/3 du pays reçoivent moins de 500 mm d’eau par an. Le pays compte plusieurs climats au choix selon les provinces (sub-tropical, désertique, méditerranéen,…)
5- Vous êtes fans de nature ? L’Afrique du Sud est un Eden de parcs immenses, de bush sauvage, de déserts, de montagnes et paysages grandioses, de côtes spectaculaires. Il n’y a que l’embarras du choix.
6- Vous ne frémissez qu’en montagne et rando ? L’Afrique du Sud est « le paradis des randonneurs », selon un grand guide international. On peut faire de la rando dans les montagnes à peu près dans tous les coins de cet immense pays. Et les réceptifs spécialisés sont nombreux.
7- Vous craquez pour la faune exotique et les bêtes sauvages (en live évidemment) ? Les safaris dans les 18 parcs nationaux ou réserves animalières privées sont encore mieux organisés qu’en Afrique du l’est. Vous frémirez en approchant les « big five » en liberté.
8- Vous êtes illuminé par la flore et la botanique ? Le mot paradis est le plus juste pour qualifier les nombreux plantes et fleurs endémiques et les écosystèmes d’Afrique du sud, le plus exceptionnel étant sans doute le « fynbos » à la pointe du Cap.
9- Vous êtes drogué de routes, de kilomètres et de voiture ? Voyager à travers le pays avec une voiture de location est très facile en Afrique du Sud. Les routes et la signalétique sont partout en très bon état. Beaucoup de tour-opérateurs vendent d’ailleurs des « autotours » avec itinéraire et réservations d’hébergements avant le départ.
10- Vos rêves vous emportent sur les mers et la navigation ? Tous les grands navigateurs connaissent le Cap de Bonne Espérance ou en rêvent. Les marinas sont bien équipées et les grands croisiéristes font escale dans les grands ports du pays.
11- Vous adorez vous dorer sur les plages et surfer, plonger ou patauger ? Plus de 2500 kms de côtes offrent un choix incroyable de plages, branchées ou populaires, sauvages ou dans des criques isolées, paisibles et équipées ou encore assez venteuses pour les sports nautiques (en s’informant sur les protections anti requins)
12- Vous courez après les sports ? Il n’y a pas que le rugby et les Springbok en Afrique du Sud, mais le football y est très populaire, comme le cricket, le golf, le cyclisme, le parapente ou les ultra-marathons,... Les équipements et stades sont nombreux et modernes.
13- Vous vibrez pour les musiques ? Il n’y a pas que Miriam Makeba et Johny Clegg en Afrique du Sud. Ce pays mêle les rythmes de l’Afrique profonde, à celui des minstrels, des chorals polyphoniques des temples, des jazz les plus free ou des chansons les plus actuelles. Les scènes musicales sont intensément créatrices. Dans des genres très différents écoutez par exemple Abdullah Ibrahim, pianiste de jazz mondialement connu ou les groupes Ladysmith Black Mambazo ou Die Antwoord qui ont percé à l’international.
14- Vous êtes curieux d’histoire ? Celle de l’Afrique du Sud est passionnante. Depuis l’arrivée des premières populations noires, en passant par les navigateurs portugais, l’installation des Hollandais, le royaume Zoulou, la ruée sur l’or et les diamants, l’épopée de Boers, la colonisation britannique, l’apartheid, le renouveau démocratique,…
15- Vous êtes attiré par les cultures ? Il y a beaucoup à apprendre : la grande majorité de la population est noire bantou (Zoulous et Xhosas principalement) ou d’origine aborigène (Hottentots et Bushmens). Mais il y a aussi beaucoup de métis et de blancs, notamment les Afrikaners (descendants de hollandais, allemands et huguenots français), des descendants d’anglais et d’asiatiques (Indiens, Indonésiens, Malais, Chinois),…Le melting-pot est impressionnant.
16- Vous êtes scotché par l’architecture, qu’elle soit ancienne ou moderne ? Vous y découvrirez aussi bien les huttes rondes tressées des villages zoulous, les maisons peintes des villages Ndébélés que les maisons bourgeoises de style hollandais, le néo-gothique victorien, les plus audacieuses tours d’architectes ultra-contemporains dans les downtown des grandes métropoles.
17- Vous êtes incollable en langues étrangères ? Ouvrez vos oreilles : les deux langues principales sont l‘anglais et l’Afrikaans (curieux dérivé du hollandais) mais en tout il y a 11 langues officielles, dont les principales africaines, le Zoulou et le Xhosa. Sans compter les nombreuses langues africaines non officielles et les langues importées par les migrants d’Afrique, d’Asie, d’Europe…
18- Vous êtes gourmand de cuisine, bouffe et gastronomie ? Aie, aie aie ! Ça va être dur de garder la ligne, tellement on aime manger en Afrique du Sud. On y mélange des cuisines du monde entier avec des saveurs de la vielle Europe, des goûts purement africains et des épices et parfums asiatiques. On y mange beaucoup de viandes exceptionnelles et les vins sont surprenants. On peut déguster des huitres arrosée de vin blanc avant de passer à un steak d’Autruche… les découvertes sont quotidiennes : braai (sorte de barbecue), « bunny chow » de Durban, morogo (sorte d’épinard), bobotie, à base de boeuf et d’épices parfumées...
19- Vous kiffez les fêtes, les carnavals et la fiesta ? Le calendrier des fêtes est quasi continu. Exemples : le plus coloré, le Cape Town Minstrel Carnival (Kaapse Klopse) le 2 janvier au Cap ; ou dans des genres très différents, l’Afrikaburn (des œuvres d’art créées puis brûlées) dans le désert du Karoo en avril-mai, le festival du fromage près de Stellenbosh en avril, le festival de l’huitre (Pick n Pay Knysna Oyster Festival) en juillet, ou les nombreux festivals de Joburg (jazz, arts) en août et septembre,...
20- Vous aimez le confort de bons hôtels ? L’Afrique du Sud est un pays mature en équipements touristiques. Son hôtellerie, souvent équipée de spas originaux, est du meilleur niveau européen ou nord-américain, que ce soit dans les villes ou les lodges des réserves animalières.
Alors bon voyage !
A suivre :
Les reportages photos et les vidéos correspondant aux épisodes de ce récit de voyage. Etalés dans les semaines qui viennent.
- L’organisation de ce « fam trip » très dense et originale, par l’Office du tourisme sud-africain, toujours réactif et attentif
- La grande variété et l’originalité des expériences vécues en moins de trois jours
- Le retard d’Air France qui nous fait rater l’étape qui nous faisait saliver au Cap : un cours de cuisine chez l’habitant
- La déficience des services de KLM qui transforment un incident en crise insupportable pour les voyageurs.