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Break d’été en plein hiver au Cap (Afrique du sud) 3/5 Le Cap plein sud

Chronique d’un long voyage éclair (suite). Les panoramas et la musique de la veille nous en ont mis plein les yeux et les oreilles. Ce n’est pas fini. Pour notre deuxième journée, nous effectuons notre première sortie hors de l’agglomération. Direction sud, Cape of Good Hope.  Toujours très « MeetSouthAfrica » et grandiose !

Le colonie de manchots se trémoussant sur le plage de Boulders beach près du Cap en Afrique du Sud

Province du Cap Occidental. Pourquoi partir à la campagne pour visiter Le Cap ? Parce que quand on parle du Cap en Afrique du sud, il faut entendre la région ou plus exactement la « Province du Cap Occidental ». Les sud-africains en parlant de la ville du Cap seule disent « Cape Town », même si cette agglomération déborde un peu de tous les côtés autour des montagnes plantées au milieu de son décor. Et cette province du Cap Occidental à elle seule (129 370 kms²) fait à peu près la taille de l’Angleterre (sans l’Ecosse ni le Pays de Galles). A elle seule elle est donc pleinement une complète destination de voyages. Nous n'en découvrons aujourd’hui, pour notre deuxième journée sur place, que de petits échantillons.

Acte IV bavardages en « combi »

Notre tête est encore bourrée des rythmes de la nuit passée quand nous démarrons dès le petit matin pour les routes côtières du sud de la ville du Cap, vers la pointe du Cap de Bonne Espérance. La première surprise du jour est le transport dans lequel nous sommes embarqués. Pas une limousine ni un bus aux sièges de cuir, non mais un vrai « combi », le plus chouette prolongement qu’on pouvait espérer de notre soirée en live de jazz. C’est le taxi collectif populaire le plus basique du Cap, celui qu’empruntent des millions d’habitants depuis leurs townships-dortoirs pour aller travailler. Ces combis, peinturlurés de publicités, parcourent l’agglomération-fourmilière dans tous les sens.

A l’intérieur de ce Toyota de 13 places (officielles) je comprends que la proximité favorise le dialogue et la discussion. C’est un peu notre café du commerce, chacun des voyageurs a le temps de faire son cinéma, d’y parler de pluie et de beau temps, d’embarras de la circulation, de mode, de drague, de musique, de bouffe, de politique, and so on. Notre chauffeur est jovial, comme son assistant aussi. On l’appelle le « martial », assis près de la porte sur le « bench», le « banc de touche ». Il encaisse et met de l’ordre. Pour nous étranges étrangers venus de si loin, la conduite est soft. Heureusement, car nous emprunterons des corniches vertigineuses.

Acte V films noir et blanc puis couleurs 

Notre route sort d’abord de Cape Town  vers l’ouest, puis bifurque plein sud en contournant la montagne « the Lions’ head ». Le paysage de l’Atlantique sud déploie une ampleur impressionnante. Par ses plages ourlées de vagues au fond de larges baies (avec parfois un drapeau noir d'alerte aux requins pour les surfeurs), ses successions de quartiers huppés ou populaires, sous des montagnes abruptes,… ainsi les résidences cossues de Camps Bay défilent sous les « monts des douze apôtres ». La route débouche finalement sur Hout Bay (« baie boisée »), une petite station balnéaire.

C’est là que commence, si je puis dire, notre film en noir et blanc, une croisière d’observation des phoques à fourrures du Cap. Le ciel est ballonné de nuages d’encre sur fond argenté, la mer sombre. Nous embarquons sur un petit bateau qui danse sur la houle et contourne une montagne grise « la sentinelle », accrochée sur un promontoire. Destination Duiker Island, quelques rochers noirs, sur lesquels sont entassés des masses d’otaries brun noir. L’embarcation nous ballotte autour de ces amas de graisse patauds, mais d’une souplesse et d’une agilité redoutables quand ils plongent,… Mais ces gobeurs de poissons ne sont pas adeptes du déodorant, leurs effluences pestilentielles sont inexprimables. Des panneaux mettent en garde, « ces phoques sont des animaux dangereux ». Moins effrayant pourtant que les « big five »  que j’avais pu approcher dans les grands parcs du pays lors de précédents voyages. 

Un orchestre de "minstrels" est un tourbillon de musiques et de couleurs

De retour sur le quai, le film se colorise d’un coup par une conflagration de couleurs. Nous débarquons au milieu d’un orchestre de « minstrel music », sautillant comme une troupe de pantins. Une mascarade de costumes de couleurs vives. Ses musiciens-arlequins et ses chanteurs sont comme électrisés par leurs musiques qui les font tournoyer autour de guitares et de percussions. Cette tradition musicale, une sorte de comedia del arte purement locale, a une histoire importée de l’Amérique esclavagiste. Pourtant l’intermède est joyeux.

Acte VI ballet à l’opéra des pingouins

Après Hout Bay, la route (à péage) continue sur un passage taillé dans le grès et le granit encore plus étourdissant, entre la mer en bas et Chapman’s Peak au-dessus. La route tourne dans tous les sens et il faut vraiment garder une carte sous les yeux pour comprendre que nous traversons les monts la péninsule du Cap pour déboucher de l’autre côté, à l’est, sur une immense baie, False Bay. Elle a été surnommée la « fausse baie » parce que les marins rentrant des Indes la confondaient avec Table Bay, la baie aujourd’hui située à l’ouest au centre de la ville du Cap.

Nous voulons approcher une colonie de pingouins sauvages qui a pris pension près de Simon’s town, un bourg coquet qui a gardé des façades de la Hollande d’antan. Ces pingouins ne sont pas si loin de l’antarctique et sont venus dans les années 1980, par gourmandise, à cause de savoureux bancs de pilchards qui trainaient dans le coin. Evidemment détestés de leurs concurrents, les pêcheurs locaux, ils ne doivent leur salut qu’au gouvernement qui a installé une « marine protected aerea », devant la plage de Boulders. Les plus sportifs d’entre nous tentent l’approche de ces drôles d’oiseaux par le large, en kayak… et en rapportent de cuisants coups de soleil de plein été !

Ceux qu’on appelle en anglais des « african penguins » et en latin des « spheniscus demersus » se nomment en français « manchots du cap ».  Droits, raides et ventrus, ils se dandinent en claudiquant de droite à gauche ou vice versa, tout en en trémoussant leur queue. Ils plongent avec une agilité foudroyante pour avaler goulument un poisson, puis baillent au corneille en couvant au fond de leur trou ; Ils lancent de petits cris ou s’esclaffent au spectacle des touristes qui défilent, appareils photos ou téléphones portables en mains sur une promenade aménagée.

Ce microcosme de pingouins qui se donne en spectacle me fait instantanément penser au monde politique que nous avons laissé dans l’hémisphère nord en costumes sombres, ouvrant le bec chacun pour soi pour lâcher des fatras de paroles ou faire des ronds de jambes, mais d’une vélocité redoutable quand il s’agit de saisir une proie. En réalité, cette espèce-là n’est pas en danger comme le sont les manchots du Cap !

Bousculade et queue pour se faire photographier devant le panneau du Cap de Bonne Espérance

Acte VII Le cirque de Bonne Espérance

Nous filons tout au sud. Pour moi, cette pointe méridionale du continent qu’est le Cap de Bonne Espérance est mythique. Comme tout le monde j’en ai appris les noms et les personnages à l’école : Bartolomé Diaz en 1498 qui fut le premier (du moins pour les occidentaux) à contourner ce cap ; Vasco de Gama qui atteignit en 1497 les Indes par cette voie; Magellan, ou du moins son bateau sans lui, puisqu’il avait été assassiné un an plus tôt en Indonésie, qui arriva en 1522 dans l’autre sens pour terminer le premier tour du monde maritime. En 1652, ce sont les hollandais qui s’installent sur cette terre saisie aux hottentots qui y vivaient depuis longtemps. Les bataves avaient besoin d’une base de ravitaillement pour les navires de leur Compagnie des Indes orientales… Bien d’autres navigateurs illustres, comme Cook et Bougainville, s’y arrêtèrent et ce harbour resta le passage obligé de tous les navigateurs vers l’Asie jusqu’à l’ouverture du canal de Suez.

« Cape of good hope », le bout de cette pointe rocheuse allongée est donc, aujourd’hui, l’objectif de notre route plein sud. Les organisateurs de notre voyage ont l’intelligence de prévoir une pause déjeuner en pleine nature au bord d’une plage déserte. Car tout ce promontoire du Cap reste sauvage et protégé, en prolongement du « Table mountain national park ». Nous traversons la même garrigue (fynbos) que celle que nous avons trouvée sur la Montagne de la Table la veille. Cette végétation rabougrie de type méditerranéen est en réalité le plus riche des six « royaumes floraux » du monde présentant de grosses fleurs endémiques étranges et pompeuses, les protéas. Il aurait été dommage de passer à côté sans s’en rendre compte ! Cette nature unique est aussi peuplée de zèbres, autruches, tortues et babouins.

Pendant notre arrêt sandwich, le secours de vigiles est d’ailleurs nécessaire pour empêcher de gros babouins trapus d’attraper notre déjeuner.  Car dans ce bout du monde préservé, il n’y a heureusement pas de restaurant. Mais la surprise du jour de nos organisateurs est un food-truck qu’ils ont spécialement déplacé pour nous du Cap. Ce food-truck propose le sandwich le plus typique d’Afrique du Sud,  à base de « boer-wors » (« boer » pour « fermier » et « wors » pour « saucisses »). C’est le nom afrikaans de saucisses costaudes à base de bœuf ou de gibier de brousse (genre impala ou koudou). Ça tombe bien, nous avons faim et nous nous goinfrons de ces « wors-rols » (sorte de hot-dogs) roboratifs, en surveillant quand même du coin de l’œil les babouins fines gueules qui rôdent autour de nous.

Nous sommes quasiment les seuls à avoir flemmardé. Car les visiteurs qui affluent vers le Cap de Bonne Espérance, filent droit avec une seule idée en tête : rapporter un selfie ou une photo d’eux devant le panneau marquant ce Cap extrême, histoire de dire « j’y suis allé ! ». A l’entrée de la route à péage qui permet d’entrer dans cette zone, il y a donc un embouteillage. Et près du fameux panneau, les voitures et autocars s’entassent sur un parking bondé. Puis devant le panneau, s’étire une queue pour la photo obligée, avec des « tricheurs de queue » comme dans les supermarchés ou les aéroports !  Quel cirque ! Le Cap de Bonne Espérance est devenu le cirque de Bonne Espérance !

Ceux de ces touristes qui s’y intéressent sont surpris d’apprendre que le Cap de Bonne Espérance n’est pas la pointe la plus australe de l’Afrique mais que c’est le Cap des Aiguilles, quelques kms plus au sud. En revanche, le Cap de Bonne Espérance est le lieu où se heurtent deux grands courants marins, l’un froid venant de l’ouest et l’autre chaud de l’est. Et maintenant il devient le lieu où la futilité humaine s’oppose à la grandeur de la nature. 

Après les « boer-wors » du pique-nique au milieu des babouins, changement de décor total pour notre dîner. Celui-ci est beaucoup plus urbain et gastronomique. Nous sommes invités dans un restaurant du cœur du vieux Cap, le restaurant HQ (Headquarters) près de Long Street, la rue la plus vibrante de la cité, dans le « bloc » le plus animé de la ville. Un lieu plutôt bobo, bondé d’actifs un brin snobbish, de la tranche des 25-35. Un antre top mega cool, avec musique qui cogne et ambiance survoltée. Combinée à un zeste de parisianisme, très exotique ici : une enseigne lumineuse de coq à l’entrée près d’un tableau noir affiche le produit d’appel, texto : « French patés, duck, quail, pork, 90 g (for 1) R49 » (pâtés français, canard, caille, porc, 90 grammes (pour 1 personne) 49 rands - à peu près 4,5  €). Sur la carte, très viandes et vins forcément, je lis « beef served with our unique butter HQ Café de Paris » (bœuf servi avec notre beurre unique HQ Café de Paris). Après Le Cap très nature, nous sommes replongés dans Le Cap ultra tendance, trépidant et in. Nous ne savons pas bien ce qui nous attend demain. Surprises, surprises !   

A suivre :

Break d’été en plein hiver au Cap (Afrique du sud) 4/5 Le Cap plein nord

Break d’été en plein hiver au Cap (Afrique du sud) 5/5 Retour et bilan

Coups de coeur: 

-          L’extrême diversité et originalité de la faune sud-africaine, entraperçue avec les quelques animaux rencontrés (dassies de Table Mountain, phoques à fourrures de Hout Bay, manchots de Boulders)

-          L’ambiance conviviale des « combi », les minibus de transport urbain populaire du Cap

-          Les routes de corniche grandioses et spectaculaires et les nombreuses plages du sud de Cape Town

-          L’atmosphère très urbaine et chaleureuse des restaurants et cafés nouvelle vague du vieux Cap

Coups de griffe: 

-          La bousculade des touristes voulant se faire photographier au Cap de Bonne Espérance 

A voir absolument: 

-          Le « fynbos », cette végétation unique au monde de la région du Cap, et la diversité exceptionnelle de ses plantes endémiques. Un guide aux compétences de botaniste est précieux pour le découvrir.   

-          Ramer en kayak pour approcher les manchots du Cap, côté mer, assisté par un kayakiste professionnel basé sur le quai de Simon’s Town (crème solaire indice 50 ++  conseillée)

Destinations concernées: