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Break d’été en plein hiver au Cap (Afrique du sud) 4/5 Cap plein nord

Chronique d’un long voyage éclair (suite). Nous partons plein nord-est exactement. Hier nous étions éblouis par une nature grandiose du sud de la ville du Cap, étonnés par les phoques, les pingouins et les humains. Aujourd’hui,  au nord-est de Cape Town, nous sommes tous émoustillés par les vignobles.

Image champêtre du domaine viticole de Boschendal qui a gardé son architecture hollandaise au nord-est du Cap

Le Cap caléidoscope. L’Afrique du Sud est ainsi faite. Il suffit de parcourir quelques kms pour avoir l’impression de changer de continent. Aujourd’hui, à une cinquantaine de kms au nord-est de Cape Town, j’ai l’impression de retrouver la vieille Europe autour de Stellenbosch, seconde ville la plus ancienne du pays aux avenues plantées de chênes. C’est surtout le pays des 200 domaines viticoles aux chais qui ont préservé l’architecture hollandaise. Nous vagabondons sur les "wines routes"  de ces vallées fertiles. La région garde une saveur française par son histoire et les cépages plantés ici. Enfin, avant de prendre l’avion du retour, nous replongerons dans Cape Town, enchantés par un quartier malais aux couleurs épicées puis aguichés par un quartier à l’ambiance californienne.

Acte VIII côté jardin, boire un petit coup

Hélas c’est déjà notre dernière journée en Afrique du Sud ! Le matin, elle commence donc côté jardins, c’est-à-dire dans la campagne. Une journée de vadrouille à l’intérieur des terres, dans une large vallée luxuriante, la région des « winelands » sud-africains, étalée entre des montagnes du Drakenstein et du Simonsberg et les villes de Stellenbosch et Paarl. Des vignes ont été plantées dans ce fin fond de l’Afrique parce que les hollandais avaient besoin de vin pour combattre le scorbut des équipages de leurs bateaux qui empruntaient la longue route des Indes.

Mais d’abord, encore une surprise nous attend au réveil ! Au lieu des « combi » d’hier, notre vadrouille se fera dans des voitures anciennes. Carrément un luxe de pop star. Les belles bagnoles des années 1930 à 1950 nous attendent déjà sous le soleil, rangées devant l’hôtel Westin, carrosseries astiquées, enjoliveurs nickel comme des miroirs et calandres rutilantes comme des dentitions bien lustrées, épinglées d’insignes de marques prestigieuses dressées sur leur proue. Il y a là les plus distinguées des Ford, Rover, Chevrolet, Mercedes et Wolseley, précautionneusement sorties des garages des plus selects « car clubs » sud-africains. Comme échappées de la lointaine collection Schlumpf de Mulhouse.

Je monte dans une vieille Ford de 1936 et Hans, le chauffeur, descendant d’émigrés allemands, me montre que son bolide a encore de la réserve sous le capot en osant quelques dépassements rugissants sur l’autoroute : Aaaaachtung Hans ! Heureusement la route est droite. Le paysage devient bourguignon ou champenois, bien coiffé en raies de vignobles de plus en plus rapprochés. Nous poussons le bouchon jusqu’à la petite ville, aujourd’hui riche et chic, de Franschoek (« le coin des français » en afrikaans, une langue issue du néerlandais). Car c’est là que les hollandais amenèrent en 1688 un groupe de 200 huguenots chassés de France par la révocation de l’édit de Nantes. Sous ce climat chaud, sec et ensoleillé qui leur tendait les bras, cette poignée de français viticulteurs a fait de l’Afrique du Sud un grand pays producteur de vins. Autour de Franschoek, c’est sans surprise que je lis des noms de boutiques, panneaux, restaurants et de lieux-dits toujours en français : Basse Provence, Ferme Chantelle, La Motte, Haute Cabrière,…

Ballade en voiture ancienne (ici une Wolseley) dans les vignobles de la région de Stellenbosch

La plupart des terres attribuées au XVIIème siècle ont changé de mains depuis, souvent reprises par des anglais au fil des siècles. Témoin, le domaine Muriati, l’une des plus vieilles fermes de Stellenbosch où nous entrons en grande pompe dans nos carrosses automobiles. Un muret affiche à l’entrée la liste des 21 propriétaires qui ont dirigé cette terre de 40 ha depuis 1699.  Emouvante histoire, le premier proprio, Laurenz Campher, un soldat allemand, avait épousé une esclave noire, Ansela Van de Caab dont le nom a été gardé pour l’un des meilleurs vins rouges du domaine, d’un rouge rubis intense.

Notre guide s’appelle Mathieu, un œnologue français passionné à qui les vins sud-africains ont fait tourner la tête et qui s’est installé dans le pays. C’est lui qui nous guide pour une visite de la propriété, à travers les vignes, sous un décor de montagnes majestueux, dans les chais et les salles de dégustation qui inhalent, sous les toiles d’araignées, les 300 ans d’histoire du vineyard. Les vendanges viennent de démarrer : nous allions oublier que nous vivons à l’envers de notre monde, c’est ici l’été austral !

Le propriétaire actuel, très british style, Ronnie R. Melck, lance la dégustation. Nous humons et goûtons successivement quatre vins : un sauvignon blanc, sec mais aux arômes d’agrumes et pêche avec une pointe d’acidité ; un chardonnay plus doux, vanillé et floral ; le fameux Ansela Van de Caab, mélange de merlot et cabernets sauvignon et franc, couleur fruits rouges sombres, plus fruité, avec un zeste d’astringence ; enfin un shiraz (syrah) au rouge profond et à l’arôme puissant, un poil épicé, long en bouche. Des coteaux entiers des Pays de Loire, de la Bourgogne et des Côtes du Rhône semblent s’être échappés dans l’hémisphère sud. 

Des coteaux de Champagne aussi d’ailleurs, nous allons le découvrir plus loin. Toujours dans nos vénérables antiquités -ouf, nos chauffeurs de collection n’ont pas participé à la dégustation !-, nous faisons un stop chez un producteur de vins à bulle, « méthode champenoise ». En Afrique du sud on dit MCC (« méthode Cap classique »). Le petit domaine de Colmant créé à Franschoek par un belge il y a 10 ans est plutôt malin, comme Tintin qu’il affiche en mascotte. Il s’est fait connaître en important du vrai champagne français. Et maintenant il produit sur place ses propres crémants qui ressemblent à du champagne. Re-dégustation.

Notre baguenaude campagnarde continue en tournicotant autour des vignobles. Nouvelle surprise nous entrons dans un troisième grand domaine, Boschendal. Non pas pour une troisième dégustation -nous aurions fini la journée en ronflant sur les banquettes arrières de nos carrioles- mais pour un authentique pique-nique à l’ancienne. Il faut dire que le décor s’y prête : la « ferme » ressemble plutôt à un château extrait du grand livre des polders hollandais. Le domaine a été fondé en 1685 par un huguenot français Jean Le Long, qui le céda à une famille De Villiers, laquelle le vendit à un célébrissime anglais, le magnat des mines, Cécil John Rhodes.

Il fait chaud, -normal c’est l’été !- et on nous installe sur une grande pelouse à l’ombre de chênes immenses face à la somptueuse scénographie de cette propriété un peu irréelle. Mais sans avoir l’outrecuidance de nous faire asseoir par terre ! C’est donc sur des tables couvertes de vraies nappes en tissu que le personnel en longs tabliers nous apporte de grands paniers en osier pour un picnic aristo à l’anglaise. En ouvrant ces malles à surprises nous découvrons comme des enfants une surabondance de gourmandises… jusqu’à un fromage sud-africain, un « wineland camembert ». Décidément ce pays sait surprendre ses invités français !

Une vue du quartier de Bo-Kaap sous les montagnes dans le cebtre de Cape Town

Acte IX côté cour, beau Bo-Kaap

Retour vers le cœur battant de l’agglomération du Cap où nous passerons la fin de notre séjour express. Cette fois je me cale au fond d’une Rover 90, teinte bordeaux, une couleur de circonstance au sortir des vignobles. Mais c’est pour passer côté cour, c’est-à-dire dans la ville de Cape Town. Nous n’avons plus beaucoup de temps pour y traîner nos guêtres. La procession de voitures anciennes nous dépose au pied du quartier de Bo-Kaap, le plus clinquant, éclatant et photogénique du Cap.

A cause des couleurs chatoyantes et bigarrées qui recouvrent ses façades. Vraiment comme un décor de théâtre. Bo-Kaap, est le quartier où s’est installée une population d’origine malaise. Les hollandais, qui avaient besoin de main-d’œuvre pour leur comptoir, ramenaient au retour de leur navigation en Orient des esclaves pris dans leurs territoires d’Indonésie et de Malaisie. La population s’y est beaucoup métissée depuis le XVIIIème siècle, mais elle a gardé sa religion musulmane en majorité, les mosquées du quartier en témoignent. Patricia de Lille l’actuel maire du Cap est d’ailleurs issue de cette communauté très mélangée. Bo-Kaap est devenu très bobo. Un peu comme  Miami beach, où les réalisateurs de clips se bousculent pour leurs shootings. Je shoote moi-même une star en train de se faire photographier. Mais je n’ose pas aller jusqu’à lui demander son nom !

Les petits vins du matin n’ont pas étanché notre soif. Parmi, les boutiques branchées d’un quartier voisin de Bo-Kaap, nos organisateurs ont déniché le « Honest chocolate café ». Est-ce si honnête ? Les chocolats y sont certes excellents. Mais nous montons tout de suite au 1er étage pour une dégustation de… gins ! Une dégustation originale puisque cet alcool blanc, typiquement flamand, est associé à des chocolats-maison, typiquement sud-af. Le plus étourdissant est que cette grande bâtisse est une ancienne morgue. Dans nos esprits embrumés, la part des anges du spiritueux se mêle aux fantômes des macchabées. Hardiment, chacun tâte successivement trois gins sud-africains, un Triple Three 100 % Juniper berry (genièvre), un Premium Musgrave et un Jenever Montane. De quoi réveiller des morts. Même du bout des lèvres, la journée a été bien arrosée.

Acte X côté mer, embruns californiens

Avant de reprendre l’autoroute de l’aéroport, notre théâtrale balade au Cap, se termine par un troisième côté. Après le côté jardin et le côté cour, il y a le côté mer. Incontournable dans une ville qui doit son existence aux routes maritimes et dont l’histoire est aussi ouverte sur les océans entre Atlantique et Océan Indien. En l’occurrence, nous débarquons au Waterfront, l’hyper centre, furieusement animé du Cap, en bord de marina.

C’est le cœur frénétique du Cap contemporain, à la fois le plus grand centre commercial de tout le continent africain, le rendez-vous hype et jeune, où l’on vient dîner, prendre un verre, s’amuser, écouter de la musique,… Sa construction date des années 1980 et 1990 et a été inspirée par la réhabilitation de San Francisco, et il y a manifestement ici un grain de folie californien. Les concerts y sont permanents dans tous les coins. Qu’ils soient hip hop, pop, rock, jazz, classiques, folkloriques,… une sorte de fête de la musique permanente. Pendant l’heure qui nous est accordée je cours dans tous les sens pour entendre et sentir ce lieu très actuel.

Il s’enracine dans l’histoire puisqu’il porte le nom de la reine Victoria qui avait commandé en 1860 la construction du port actuel. Son nom exact est Victoria & Alfred Waterfront. Il ne reste de cette époque peu de choses sauf une petite tour néo-gothique de 1882, rouge corail d’origine, coincée entre les constructions modernes. Elle était le bureau du capitaine du port. 

Dans le port j’ai aussi remarqué l’embarcadère de départ pour la visite de l’île de Robben Island, la prison où Nelson Mandela passa 27 ans de sa vie. En dépit de ses souffrances, c’est lui qui a sauvé son pays de la guerre civile. Grâce au courage de ce personnage hors normes, on comprend au Waterfront, où le brassage de populations est extrême, que le melting-pot interracial fonctionne désormais bien. Merci monsieur Mandela ! Ce Waterfront cosmopolite est la dernière image rassérénante que je garde du Cap avant de prendre le chemin du retour. Un voyage qui ne sera pas aussi simple que j’avais pu l’imaginer !

A suivre :

Break d’été en plein hiver au Cap (Afrique du sud) 5/5 Retour et bilan 

Coups de coeur: 

-          Les vastes et verdoyantes vallées de vignobles entre des montagnes, que les hollandais avaient appelées au début (au XVIIème siècle) Oliphantschoek, à cause des éléphants qui se baladaient dans le coin.

-          Le charme fou des vieux domaines viticoles aux frontons blancs de baroque hollandais coiffés de pignons arrondis (style architectural « Cape Dutch »)

-          L’hyper photogénique quartier multicolore de Bo-Kaap dans le Centre du Cap

-          La modernité du Waterfront où se brassent commerces, restaurants, bateaux, spectacles, dans une ambiance de fête permanente.

A voir absolument: 

-          La ville de Franschoek (« le coin des français »). Elle est devenue très élégante et touristique avec beaucoup de restaurants, cafés et boutiques chics. Il existe un vieux « wine tram » qui permet d’aller folâtrer à travers les vignobles de la vallée.  La ville a gardé un vieux musée, un temple réformé, et un monument à la gloire des Huguenots français

-          Le domaine de Groot Constantia créé en 1685 par Simon Van der Stel, premier gouverneur hollandais du Cap au sud-est de Cape Town. Il est devenu un musée d’histoire. Ses vins furent célébrés par Dickens et Baudelaire qui l’appelle « le constance » dans les Fleurs du Mal. Napoléon se consolait de son exil à Saint Hélène en s’en faisant livrer.  

-          Prendre le temps de visiter à pied, avec son appareil photo, quand la lumière du soir avive les couleurs, le quartier de Bo-Kaap

-          Terminer sa visite au Cap en se relaxant devant un verre ou en dînant face à la marina du Waterfront

Destinations concernées: