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Le cauchemar du siège du milieu dans les avions

transport aérien, siège du milieu dans les avions en classe éco, un espace privé de plus en plus restreint

Accorder une réduction aux passagers qui subissent les "sièges du milieu" dans les avions : ce  serait un moyen intelligent d’atténuer l’effet punition de ces sièges des classes économiques coincés entre deux autres.

A chaque fois que je fais mon enregistrement un peu tard à l’aéroport et que je ne peux pas échapper à l’attribution d’un "siège du milieu" dans l’avion que je dois prendre, j’angoisse. Pourtant, je ne mesure que 1,78 m, je ne suis pas obèse, mais j’ai de grandes jambes que j’ai du mal à caser.

Je regarde avec anxiété les passagers qui  entrent dans l’avion. Est-ce ce costaud ou ce géant qui va s’asseoir à côté de moi ? Aurai-je pour voisin un agité, un sans gêne qui va déborder sans scrupule et me comprimer encore davantage, une personne apportant son haleine fétide, ou un dormeur qui s’effondrera sur moi,... ? Le pire est quand le voisin de droite comme celui de gauche font pression et débordent tous les deux sur le minuscule espace privé qui m’est attribué. Certains ont parlé d’une sourde "bataille des accoudoirs" dans les avions. C’est une réalité que j’ai constatée lors de nombreux voyages et qui ne facilite pas l’empathie avec ses voisins. Vieille histoire que Muriel Cerf décrivait déjà dans son récit "l'antivoyage" au début des annés 1970 dans un vol entre Katmandou et Calcutta : "coincée sur un siège dont le faux cuir a craqué de partout, entre un péteur à gauche et un roteur à droite". 

Voyage punition

C’est une évidence, le siège du milieu est vécu comme une punition.  Une étude publiée en juin 2014 par Easyjet sur les habitudes des voyageurs européens en avion l’a clairement montré : seulement 3 % des passagers privilégient le siège du milieu (ce chiffre me semble d’ailleurs encore énorme, je me demande quelles peuvent bien être leurs motivations) alors que 59 % plébiscitent le côté hublot (76 % chez les plus jeunes) et 38 % le côté couloir.

Quand j’embarque pour dix ou douze heures de vol, le siège du milieu peut vraiment devenir un supplice.  On peut alors vraiment dire que l’avion en classe économique est le mode de transport le plus inconfortable du monde à cause de son confinement et de son manque d’espace. On est mieux dans une voiture ou dans un train. Avec une voiture on peut  s’arrêter, dans un train on peut aller et venir sans gêne. Dans un avion, si le passager côté allée dort ou s’il râle à chaque fois qu’on veut se dégourdir les jambes ou aller aux toilettes, la liberté de mouvement est forcément entravée.  

Il y a toujours des sièges du milieu à remplir

Or, dans les classes éco, on ne peut pas échapper aux sièges du milieu à cause des configurations des avions. Les appareils à fuselage étroit, dits monocouloirs (un seul couloir central pour les passagers) du type court courrier Airbus 320 ou Boeing  737 positionnent  en classe économique les sièges selon la disposition 3-3 (3 sièges de chaque côté de l’allée). Il y a donc mathématiquement 1/3 des sièges qui sont placés entre deux autres. Dans les gros porteurs bi-couloirs à large fuselage (type A 330, A340, A 380 ou B 747, B 777) les configurations de sièges  en éco se font en  2-4-2, 3-3-3 (sur les nouveaux A 350), 2-5-2, ou 3-4-3. Il y a donc encore plus de sièges coincés entre deux autres.

Ainsi quand on voyage en couple en classe éco, il y en a forcément au moins une des deux personnes qui est prise entre deux autres sièges, mais c’est moins gênant puisqu’on peut s’appuyer l’un sur l’autre. Une rangée de 4 ou 5 sièges de front, c’est bien pour une famille, mais moins bien pour un passager isolé qui veut lire ou travailler sur son ordinateur portable. Si par malheur le siège du milieu est proche des toilettes (bruits des chasses d’eau et parfois odeurs garantis) ou le dos accolé à une cloison qui empêche le peu d’inclinaison possible du siège, le siège du milieu devient épouvantable.

Les repas, souvent très médiocres dans les classes éco,  deviennent aussi un martyre sur le siège du milieu : difficile d’ouvrir les couvercles des boîtes sur le micro plateau sans s’éclabousser, impossible de couper une viande car on ne peut pas écarter les coudes, si un couvert tombe, il faut être sportif pour le récupérer,... Difficile aussi d’ouvrir un ordinateur, même petit format, dans certains cas, une  simple revue,  à fortiori un journal  qu’il faut plier en petits carrés pour pouvoir le lire morceau par morceau. 

La recherche de "haute densité"

Car ce qui ajoute encore au stress du siège du milieu, est la largeur des sièges (généralement 17 ou 18 pouces), qui varie d’une compagnie ou d’un type d’avion à un autre et a tendance à se réduire. Tout comme l’écart avec le siège de devant, le "pitch" en termes professionnels (de 29 à 36 pouces sur les longs courriers en éco). Quand la "haute densité", combine l’étroitesse des sièges et le resserrement du pitch, l’effet  boîte de conserve est garanti. Chaque demi-centimètre compte. Dans les cas extrêmes, quand le siège est collé au siège avant, non seulement il est difficile de caser ses jambes mais parfois de voir correctement, quand il y en a un, l’écran accroché juste devant soi. C’est bien pour les myopes, pas pour les presbytes.

La plus haute densification des sièges (visant à caser le plus possible de monde dans un même module d’avion) était plutôt réservée jusqu’ici aux avions court courrier (le plus souvent des monocouloirs), dans lesquels on passe moins de temps.  Mais à cause de la concurrence et des marges étroites des compagnies, les gros porteurs longs courriers (même les plus gros comme les A 380) ont tendance eux-mêmes à se densifier. Par exemple les B 777 sont pour la plupart passés de 9 à 10 sièges de front. Airbus a  montré qu’on pouvait placer 35 à 40 sièges supplémentaires dans les A 380 en passant de 10 à 11 sièges de front (en 3-5-3). En même temps, cet inconfort accentué est une manière insidieuse de pousser les voyageurs les plus fortunés à acheter des billets dans  les "classes avant" (la classe affaires ou la première) où les problèmes d’espace ne se posent plus…. Mais à quel prix !

Risques sanitaires

De plus, le rangement en boîte de sardine des sièges du milieu de la classe éco est un facteur de risque sanitaire à bord d’un long courrier. Tous les médecins spécialisés savent que l’insuffisante circulation veineuse provoquée par la compression prolongée (les stases veineuses), peut entraîner la formation de caillots sanguins  puis une embolie (une veine se bouche). Le risque mortel  (embolie cérébrale ou pulmonaire) peut se manifester de nombreuses heures après la sortie de l’avion. Certains spécialistes estiment que ce risque qu’ils appellent le « syndrome de la classe éco »  (qui toucherait en particulier les jeunes femmes utilisant la pilule) apparaît surtout après six heures d’immobilité. Les compagnies tentent de contrer ce risque et d’atténuer leur responsabilité en diffusant des vidéos incitant les passagers à faire des mouvements sur leur siège pour réactiver la circulation. Combien suivent ces conseils ? Il reste à espérer que les victimes d'embolies ou les associations de consommateurs et de voyageurs intentent des actions qui fassent bouger les choses.

Un autre risque est la difficulté d’adopter "the brace position" recommandée en cas de danger, par exemple un atterrissage difficile. L’objectif est de se plier en deux et de mettre sa tête sur ses genoux pour qu’en cas d’impact horizontal comme vertical, elle n’aille pas se cogner. Mais en classe éco, les sièges sont tellement resserrés que la tête ne peux pas s’appuyer plus loin que le dossier du siège de devant. Cette semi "brace position" est  alors moins bonne et le siège du milieu est l’endroit le plus difficile pour adopter une vraie position sécure.

Quelles solutions ?

Pour échapper à l’angoisse du "siège du milieu", il existe plusieurs solutions :

-        Faire son enregistrement en ligne le plus tôt possible. De plus en plus de compagnies aériennes permettent une pré-enregistrement depuis son ordinateur, sa tablette ou son mobile. Le choix du siège y est possible. Mais les premiers arrivés sont les premiers servis et les derniers arrivés n'ont plus qu'à prendre les sièges du milieu qui restent ! Il faut bien remplir l'avion ! Tout le monde n'est pas hyper prévoyant pour organiser ses voyages longtemps à l'avance. Ce type de démarche prévoyante correspond à un état d'esprit bien spécifique. Les ventes de dernière minute restent prisées par beaucoup de voyageurs qui réagissent à l'impulsion ou au prix.

-          Se faire "upgrader" (passer gratuitement au moment de l’enregistrement de la classe éco à la classe affaires). Pour avoir une petite chance que ce soit possible il faut cumuler plusieurs conditions, notamment : être un bon client répertorié de la compagnie, embarquer un jour où l’avion n’est pas plein en particulier la classe affaires, croiser le chemin d’un chef d’escale de la compagnie qui a le pouvoir de pratiquer l’upgrading et qui vous juge positivement sur votre bonne tête… avoir une bonne étoile en somme. 

-          Changer de siège : une fois que tous les passagers sont entrés dans l’avion et que vous constatez qu’il  n’est pas trop plein (ce qui est de plus en plus rare avec la gestion serrée des compagnies), demandez poliment et discrètement au personnel de bord. Il est possible qu’on vous indique un autre siège. Vous pouvez aussi demander d’intervertir vos places à des voisins de siège si vous constatez par exemple qu’un couple ou que des amis sont séparés.

-          prendre un bon somnifère pour dormir et oublier l’inconfort. C’est un peu la politique de l’autruche, mais elle favorise le "syndrome de la classe éco" décrit ci-dessus, sur les longs courriers.

-          adopter des gadgets pratiques qu’on voit  fleurir sur Internet, comme une sorte de rideau isolant des voisins ou un curieux "soarigami" qui sépare l’accoudoir de façon équitable ! !

-          espérer que l’innovation des  constructeurs aéronautiques et des compagnies aériennes trouvera des solutions de design et d’ergonomie (par exemple en positionnant des sièges en quinconce, en plaçant des accoudoirs à double niveau,…). Ou bien tout simplement qu'ils choisiront d’élargir le siège du milieu. Mais la capacité d’innovation des compagnies est  essentiellement imaginative sur le petit nombre de sièges des classes "business" et des "first", pas sur les classes éco.

-          suggérer aux services marketing des compagnies aériennes de moduler les prix des sièges en fonction de leur confort ou de leur inconfort. Certains ont déjà commencé à le faire en demandant un supplément pour les sièges situés près des issues de secours où l’espace pour les jambes est plus important. Les avantages de tarifs modulés selon les sièges seraient évidents pour les compagnies : satisfaction et fidélisation des passagers, amélioration de l’image de la compagnie, remplissage plus facile, rapide et fluide des réservations, réduction de la responsabilité de la compagnie en cas d’embolie d’un passager,… Une étude d’avril 2014 de American Customer Satisfaction Index (Acsi) a montré  que la question du confort des sièges est le sujet qui satisfait le moins les passagers des avions.

Et vous, comment vivez-vous un voyage dans ces conditions ? Le débat est ouvert. 

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