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Lapins, petits oiseaux et jolies fleurs entre les avions

aéroports biodiversité Des fleurs, des plans d'eaux, des arbres, une végétation tropicale entre les pistes de l'aéroport de Koh Samui en Thaïlande

La biodiversité dans les aéroports. Vous les voyageurs, vous êtes peut-être comme moi : j’ai très souvent observé par le hublot des avions, avant le décollage ou après l’atterrissage, des lapins gambadant et trottinant sur les espaces verts séparant les pistes. Chassés des bois qui disparaissent avec l’urbanisation ou qui sont traversés par des autoroutes, ils se réfugient sur ces grandes prairies (il y en a 600 ha rien qu’à l’aéroport d’Orly)  où ils ne rencontrent pratiquement pas de prédateurs humains. Ils se sont accommodés de ces énormes machines bruyantes et puantes qui passent au-dessus de leurs longues oreilles mais qui les laissent tranquilles. Les aéroports resteront ils les derniers remparts de la nature et de  l’écologie et deviendront-ils des jardins comme celui de Koh Samui en Thaïlande ?

L’idée est dans l’air depuis qu’une association, "Hop ! Biodiversité" a été créée il y a deux ans pour évaluer la biodiversité des aéroports de France dont 70 % de la superficie est en moyenne composée d’espaces verts…. moins pollués par les phytosanitaires que les zones agricoles ! Cette biodiversité serait étonnante : 1000 espèces végétales et animales recensées, parmi lesquelles 120 espèces d’oiseaux. A l’aéroport de Perpignan on a observé 18 espèces de chauves-souris et à Castres Mazamet un foisonnement d’orchidées, de criards nicheurs ou de lézards ocellés… Ils semblent baigner dans le bonheur, comme les ruches d’abeilles qui se portent mieux sur les toits des immeubles de grandes villes qu’au milieu des champs.

Pourtant si le CNRS et le Museum d’histoire naturelle font partie de l’association "Hop ! Biodiversité", cette initiative est quand même venue d’une compagnie aérienne filiale du groupe Air France, la compagnie Hop ! Son association regroupe aussi plusieurs aéroports et la DGAC (direction générale de l’aviation civile). L’intérêt évident  de tous ces organismes est de dire tout le bien qu’ils pensent des innombrables vertus du transport aérien et de montrer que les "zones protégées" que sont les aéroports favorisent la biodiversité. C’est donc normal qu’ils affirment comme je l’ai lu que "la plupart des espaces verts étudiés sont en bon ou très bon état écologique".

Je suis pourtant tenté de relativiser cet optimisme et ne pas prendre des vessies pour des lanternes. Les lapins imbibés de kérosène seraient-ils comestibles ? Il faudrait pouvoir comparer la biodiversité avant et après la construction d’un aéroport et vérifier quelles espèces ont disparu du paysage. Est-ce que par exemple la biodiversité du futur aéroport Notre Dame des Landes sera plus grande avant ou après la construction de l’aéroport ? Est-ce que la biodiversité recensée dans les aéroports, surtout dans les plus grands où les avions décollent et atterrissent toutes les deux minutes, n’est pas la biodiversité qui a survécu ?

Par ailleurs les gentils animaux dont on se réjouit de la variété, ne sont pas toujours les bienvenus et sont même considérés comme des gêneurs. Parlons des oiseaux par exemple. Chaque année des centaines de collisions se produisent avec des avions à l’atterrissage ou au décollage, détériorant parfois les moteurs. L’ingestion d’oiseaux par les réacteurs a même causé des accidents graves. Pour les faire fuir, les aéroports assèchent tous les points d’eaux et les mares, cultivent des herbes non attractives, fauchent à ras, émettent des cris de détresses avec des bruiteurs synthétiques, balaient la zone avec des lasers,…

Idem pour les petits lapinous en surpopulation dont les terriers et les galeries menacent la stabilité des terre-pleins et des plantations, voire des pistes et qui grignotent ou détériorent les installations électriques. Des chasses avec des furets qui les délogent (car des coups de fusils sont impensables dans des espaces aussi sécurisés que Roissy) sont donc régulièrement organisées pour réduire leur population. Les responsables parlent clairement de « risques animaliers » qu’il faut maîtriser. Tant mieux si en identifiant les espèces présentes sur les aéroports on peut les protéger, les valoriser et les aider à mieux coexister avec l’activité humaine. Mais il ne faut pas exagérer, les aéroports ne sont  pas encore un paradis sur terre. 

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