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Solène de Solcito, journaliste et bloggeuse : "Les deux métiers sont complémentaires. Chacun a une façon différente de donner son ressenti."

Cette grande voyageuse est une des rares journalistes véritablement bloggeuse et une des rares bloggeuses de voyages véritablement journaliste (avec une carte de presse officielle !). Son blog Solcito ("petit soleil" en espagnol) brille avec un ton décalé et sensible. Elle nous surprend là où on ne l’attend pas. J’ai voyagé avec elle en Indonésie et elle m’a raconté comment elle est entrée dans ces deux métiers.

Solène créatrice du blog "Solcito" ("petit soleil" en espagnol)

Vous êtes tombée dans la marmite du voyage étant enfant ?

Mes parents étaient de grands voyageurs mais ils ne nous emmenaient pas avec eux, mon frère et moi, quand nous étions tout petits. Je me souviens de notre premier voyage à douze ans avec eux : ils nous ont embarqués directement en jeep dans le désert de Tunisie. J’étais un peu effrayée à l’idée d’aller dans le désert. Pourtant, c’est un voyage qui m’a marquée. C’était mon baptême de l’air et quand je suis sortie de l’avion, j’ai été impressionnée par la chaleur, les odeurs, les bruits de la rue comme les klaxons.  J’y ai vécu de super moments : une tempête dans le désert, des trajets en 4X4 et en dromadaire, notre guide qui avait attrapé un scorpion... Depuis, je suis retournée douze fois dans ce pays puisqu’il faisait partie de la zone que j’avais à couvrir lorsque je suis devenue quelques années plus tard journaliste chez Easyvoyage.

Savez-vous pourquoi vous êtes devenue grande voyageuse ?

Pour un ensemble de raisons. D’abord sans doute pour reproduire ce que faisaient mes parents dont les voyages me fascinaient. Ils avaient un esprit d’aventuriers. Quand il était jeune, mon père avait fait seul un road trip au Liban et en Syrie et ma mère était partie au Québec où elle avait voyagé en auto-stop. J’avais aussi un grand père écrivain et un autre grand père grand voyageur qui faisait ses propres carnets de voyages. Je regrette de ne pas les avoir lus à l’époque.

Puis certains grands voyages que j’ai faits avec eux m’ont beaucoup marquée, notamment en Egypte ainsi qu’au Liban et en Syrie (Palmyre, Damas, Baalbek, Beyrouth,…). Ou sur la côte californienne aux Etats-Unis.

Grace à ces voyages avec mes parents je n’ai jamais eu peur d’aller à droite et à gauche. La plus grande qualité d’un journaliste ou d’un bloggeur c’est de se débrouiller seul n’importe où, parce qu’un voyage ne se passe jamais comme prévu. Je remercie mes parents de m’avoir appris la débrouillardise. Eux aussi continuent de voyager. Parfois aujourd’hui, je suis un peu inquiète quand ils partent, mais j’adore leur esprit de grand voyageur.

Quand avez-vous pris votre envol et commencé à voyager seule ?

J’ai fait mon premier voyage sac au dos avec deux copines en Thaïlande à 20 ans. Puis, je suis partie vivre à Barcelone et en Espagne pendant un an en tant qu’étudiante en journalisme. J’en ai profité pour découvrir ce pays. La vision d’un expatrié est complètement différente de celle d’un voyageur.  Il apprend à connaître un pays en profondeur et finit par se sentir chez lui dans ce pays qu’il habite.

Est-ce que votre formation vous a aidée à voyager ?

J’ai préparé un master de médiation culturelle et touristique à Perpignan parce que j’avais décidé de marier dans ma future profession tourisme et journalisme. Dans le cadre de cette formation, j’ai fait un stage dans un hôtel à la Réunion pendant quatre mois, ce qui m’a permis d’explorer toute l’île.  Puis je suis partie trois mois en Australie à Sydney  avec un "working holiday visa" qui m’a permis de travailler comme assistante de rédaction dans le magazine australien "Gourmet Traveller".  J’ai prolongé mon séjour dans la région, notamment en Nouvelle Zélande et en Nouvelle Calédonie. J’y suis restée au total neuf mois en faisant des petits jobs et mes parents sont venus me visiter.

Quand Solène du blog Solcito prend de la hauteur sur les hauts plateaux de Bolivie

Ce long séjour en Australie vous a mis le pied à l’étrier pour devenir journaliste ?

J’ai eu d’abord une première expérience en France pour participer à une émission de télévision sur le sport. Puis j’ai travaillé en tant que pigiste pour différents journaux de tourisme. C’est à ce moment-là que j’ai fait l’un de mes premiers voyages de presse : un trek de trois jours au Brésil dans la Chapada Diamantina… j’ai halluciné en me rendant compte que j’étais payée pour faire ça... même si le trek était loin d'être facile ! 

C’est alors que j’ai débuté une collaboration comme journaliste à Easyoyage. J’étais chargée de suivre une trentaine de pays : de la Tunisie à la Colombie … Il ne s’agissait plus de voyages de presse en groupes, mais de voyages que je faisais en autonomie accompagnée d’un photographe. A chaque fois, en une à deux semaines je devais mettre à jour les informations sur chaque destination dont j’étais chargée. Mon travail consistait à faire des reportages sur ces destinations et à visiter les hôtels.

Et votre blog, quand a-t-il vu le jour ?

Il est né pendant cette période, de ma "frustration" de ne pas pouvoir parler de tout.  Après mon expérience Easyvoyage, j’ai d’ailleurs fait une pause parce que j’avais envie de faire un autre type de journalisme. Ainsi j’ai collaboré aux pages actualité et divertissement de MSN.com tout en continuant mon blog pour garder le lien avec le voyage. Je voulais parler des voyages dans tous les sens du terme : photos, restos, bien-être,…  Puis j’ai commencé à être invitée et ces premières invitations ont eu un effet boule de neige.

Le monde des blogueurs est-il très différent de celui des journalistes ?

Je me suis mise à fréquenter les blogueurs avec lesquels j’ai eu de plus en plus de contacts. Je suis petit à petit entrée dans leur univers. Avec eux j’ai appris beaucoup de choses sur le tas et je participe aux salons des bloggeurs. Bloggeur devient un métier quand on te paie pour écrire ou que l’on te propose des publicités. Mais en ce qui me concerne, je ne contacte pas les annonceurs.

Entre ces deux métiers, il y a la même différence qu’entre les taxis et les chauffeurs Uber. Ils sont complémentaires. Chacun a une façon différente de traiter l’information et de donner son ressenti. Un journaliste reçoit une commande pour traiter un sujet sous un angle précis et il ne livre pas ses sentiments. Un bloggeur est beaucoup plus libre et il parle à la première personne avec un ton plus familier. 

Vous vous sentez davantage journaliste ou davantage bloggeuse ?

Au début je me sentais davantage journaliste. Aujourd’hui, je me sens aussi bien journaliste que bloggeuse. Je participe d’ailleurs aussi bien à des blog trips qu’à des press trips. Mais quand je pars en voyage perso, je suis d’abord voyageuse. Et quand je suis en vacances… je prends des vacances. Ce que je trouve alors pour mon blog, c’est du bonus !

Les deux milieux, journalistes et bloggeurs, sont-ils rivaux ?

Il arrive de trouver des journalistes arrivistes qui se pensent supérieurs aux bloggeurs. Car le métier de journaliste est difficile et il faut pouvoir entrer dans cette profession alors qu’il est très facile de créer un blog. Je comprends que le métier de journaliste qui est aujourd’hui saturé ait souffert du développement des blogs. En même temps, même s’il n’y a pas que des bloggeurs responsables, le développement du blogging est positif. En ce qui me concerne, je pratique les deux et je comprends les deux.

Qui sont les plus influenceurs, les bloggeurs ou les journalistes ?

Les deux, chacun à leur manière. Mais plus le temps passe, plus les gens sont à la recherche de conseils de "vraies personnes" auxquelles ils s’identifient. D’où le succès des blogueurs et des sites d’avis communautaires comme Tripadvisor.

Pensez-vous faire toute votre vie ce métier de journaliste bloggeuse voyageuse ?

Qui voyagera verra. "Le plus beau voyage est celui que l’on n’a pas encore fait", alors j’ai encore pas mal de boulot…

Solène aime bien paraître là où on ne l'attend pas. Ici devant une oeuvre de Niki Saint-Phalle

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce que vous faites aujourd’hui ?

Le fait d’avoir pu mixer voyage et écriture dans mon job de journaliste… et de pouvoir écrire sans ordre de rédac chef sous la casquette de bloggeuse !

Dans tous les voyages que vous avez faits quels sont les moments ou les lieux qui vous ont le plus marqué : dangereux, frémissants, exceptionnels, émouvants,… ?

Le moment le plus bouleversant dans le mauvais sens du terme était probablement l’attentat des Tigres Tamouls à Colombo dont j'ai été le témoin début 2009. Mais il y a eu tellement d’instants exceptionnellement merveilleux depuis cet événement qu’il n’a jamais été question pour moi d’arrêter de voyager.

Tous les voyages sont-ils intéressants ?

Oui car, outre la beauté d’un paysage, l’intérêt d’un site culturel ou le confort d’un hôtel, ce sont les gens avec qui on voyage et les événements que l’on va vivre sur place qui vont faire du voyage une réussite (ou pas !).

Qu’est-ce qui vous touche le plus dans les voyages, la nature ou les hommes ?

Un magnifique paysage peut autant me bouleverser qu’un monument construit de la main de l’homme ou encore qu’une rencontre. Par ailleurs, certains sites semblent avoir été dessinés pour se fondre dans la nature comme le temple de Borobudur en Indonésie.

Peut-on vivre sans voyages ?

Pour reprendre les mots d’un acteur dans l’Enquête Corse : "Oui on peut… mais faut pas !"

Qu’y a-t-il dans votre bucket-list de 2016 ?

Je ne suis pas difficile, tous les pays du monde sont potentiellement dans ma bucket list ! Mais là tout de suite maintenant, j’ai le Pérou, la Birmanie et le Danemark dans ma ligne de mire.

N’avez-vous jamais eu envie de vous fixer dans un endroit qui vous a plu, ou de prendre une année sabbatique pour faire autre chose que de voyager ("voyage, voyage mais pas que…" dites-vous) ?

Je l’ai fait dans le passé, en Espagne, à la Réunion et en Australie. Aujourd’hui, j’ai posé mon paquetage dans une ville dans laquelle je vis depuis des années. Du coup j’ai bien envie d’aller voir (vivre) ailleurs si j’y suis… Mais pour autant, j’aime aussi bien partir que revenir. Mon blog parle d’ailleurs de toutes les choses qui font voyager sans bouger de son canapé (ou sans aller bien loin).

Qu’est-ce qui  caractérise votre blog Solcito ?

 J’essaie de me mettre dans une situation dans laquelle on ne m’attend pas. Par exemple lorsque j’ai parlé du défilé du 14 juillet (je déteste la foule), du tatouage (je n’ai pas le moindre tatoo) ou de l’accrobranche (j’ai le vertige). J’essaie de tricoter mes sujets de manière décalée, loin du carnet de voyage classique. Je suis prête à faire des kilomètres pour voir une chose qui m’intéresse.

Pourquoi vous montrez-vous toujours avec des photos de dos sur votre blog Solcito ?

Cela vient de l’affiche d’un film allemand que j’adore. L’acteur est de dos devant la TV Tower à Berlin. J’ai voulu l’imiter lorsque je me suis rendue pour la première fois dans la ville. J’ai ensuite reproduit le gimmick à Londres, puis ailleurs… et les autres destinations ont suivi. Aussi parce que je déteste les selfies, je préfère les trucs décalés, et je pense que l’on se met déjà beaucoup en scène lorsque l’on a un blog. Pour vivre heureux, vivons cachés, et voyageons beaucoup !

 

Destinations concernées: