• Suivez-nous

    Stay
  • Stay
  • Visitez
  • Contribuez

    Vous êtes le bienvenu pour raconter votre voyage ou apporter un commentaire, Pensez à vous inscrire ou à vous connecter si vous êtes déjà inscrit.

    Stay
  • Destinations
    Stay
  • Thèmes

Hermeline Polhaupessy de l’ambassade d’Indonésie en France : "En Indonésie j’ai appris à savourer chaque instant"

Cette Indonésienne diplômée en commerce international, vit en France depuis l’âge de six mois et travaille au service communication de l’ambassade d’Indonésie en France. Parfaitement bi-culturelle, elle exerce en même temps le métier de traductrice et de formatrice en Bahasa Indonesia (langue indonésienne) car elle a suivi des cours de langues à l’Inalco (ex Langues Orientales). Elle est devenue très grande voyageuse, à la fois par obligation professionnelle et surtout par passion. Normal donc que son chemin ait croisé celui de Bestglobe ! 

Indonésie Hermeline Polhaupessy, grande voyageuse indonésienne

Vos premiers souvenirs d’Indonésie sont très lointains ?

Mes parents ont quitté l’Indonésie dans les années 1950 à la fin de la colonisation hollandaise. Notre famille a débarqué d’abord aux Pays-Bas, mon pays de naissance  (je suis née à Laren, à 30km d’Amsterdam). Mon père s’est vu proposer un poste à l’ambassade d’Indonésie à Paris, c’est pour cela que 6 mois après ma naissance, nous avons déménagé à Paris. Quand j’étais enfant, notre famille ne partait que tous les 4 ans en Indonésie parce que le voyage coûtait trop cher. J’ai très peu de souvenirs de cette époque, seulement quelques images, comme des jeux dans une cascade aux Moluques, les îles d’origine de mon père. Mon père a toujours voulu que nous gardions la nationalité indonésienne. De confession chrétienne et croyant, il a aussi voulu que je sois baptisée dans son île d’origine. A 15 ans, j’ai donc fait un grand voyage pour cet événement qui m’a permis de rester 1 mois en Indonésie dont 3 semaines à Ambon la capitale de l’archipel indonésien des Moluques.

Vous êtes restée Indonésienne, ou devenue Française ?

J’ai gardé des images fortes et authentiques de ce séjour à Ambon. J’y ai retrouvé ma famille, cousins, oncles et tantes,… Je réalisais que j’avais retrouvé ma terre d’origine avec des gens qui me ressemblent, sans ressentir aucun problème culturel. J’étais comme eux, alors qu’à Djakarta on reconnaissait que je venais d’une autre île. Puis après mon baptême, je ne suis plus jamais retournée en Indonésie pendant 13 ans faute de moyens mais aussi à cause des violences politico-religieuses survenues au début des années 2000. Certes en vivant en France, je suis française dans ma manière d’être et de penser, mais j’ai été également élevée avec la culture indonésienne. A l’école, j’étais souvent obligée de justifier ma nationalité indonésienne, je me souviens d’avoir rempli la case nationalité indonésienne pour les formulaires d’identité. Administrativement, sur les papiers, je suis de nationalité indonésienne mais en fait je suis française car je pense en français, je réfléchis en français et ma vie est en France. Ma langue maternelle est l’indonésien, c’est en indonésien que j’ai prononcé mes premiers mots. Mais j’ai grandi en France et y ai fait toute ma scolarité donc en langue française. C’est devenu la langue que je maîtrise le plus et donc on peut dire que ma deuxième langue maternelle est le français. C’est à l’Inalco à Paris que j’ai perfectionné l’indonésien.

A part l’Indonésie vous avez fait d’autres voyages ?

Lorsque j’étais étudiante, mes voyages se limitaient à des (longs) week-ends en France pour découvrir par exemple le Mont Saint Michel, la Côte d’Azur ou la Normandie. Voyager était pour moi, une manière de m’évader pour chercher ce que je ne pouvais pas trouver à Paris. Puis petit à petit le voyage est devenu une de mes passions. A l’école, j’ai toujours été très bonne élève en géographie. Je m’évadais déjà avec la carte du monde...

Pourquoi voyagez-vous ?

 Je voyage pour moi et pour ma culture personnelle car en voyageant on apprend tout le temps. J’ai toujours envie de partir même si je ne dois aller qu’en Normandie. Mon désir est de rencontrer des gens différents avec leurs cultures différentes de la mienne. J’aime les rencontres inattendues. Je laisse la place aux surprises ! Quand on fait des rencontres ou quand on côtoie les autres on apprend énormément d’eux et j’ai tendance à prendre le bon côté de chaque culture.  En fait, je garde pour moi ce qui me convient par rapport à l’éducation que j’ai eue, par rapport  à mes croyances, mes expériences et mes acquis. On apprend toujours des autres et même l’essentiel. Par exemple en France j’ai appris à tout calculer pour gérer mon temps. En Indonésie j’ai appris à prendre le temps, à savourer chaque instant. Quand on veut faire vite, on ne vit pas l’instant présent, on ne le savoure pas. Il faut laisser le temps au temps.

Qu’est-ce qui vous pousse à voyager ?

Mon goût des voyages a été stimulé par plusieurs facteurs. Par ma famille et mon origine lointaine. Par les petits voyages que j’ai faits en étant étudiante. Par mes nombreuses lectures. Par exemple le premier album de BD qui m’avait été offert était "Tintin en Amérique", j’avais 8 ans. C’était déjà une aventure ! Puis mon parrain m’avait aussi offert une poupée Marocaine en tenue traditionnelle lorsqu’il revenait de l’un de ses nombreux voyages. J’ai fait par la suite une collection de poupées de tous les pays/endroits que j’ai visités. J’en avais tellement que je n’en ai jamais fait le compte. J’ai même étudié leur signification, l’histoire des tenues traditionnelles de chaque région, de chaque pays. Puis, j’ai arrêté car ça prenait beaucoup de place et beaucoup de poussière ! Mais c’était déjà une manière de partir. Je me projetais vers un ailleurs. Une sorte de voyage par procuration.

Puis, dès l’âge de 10 ans, j’ai commencé à faire de la danse balinaise que j’ai pratiquée jusqu’à une période récente. Pour moi, c’est vraiment un plaisir qui m’emmenait dans une sorte de voyage culturel. J’ai ainsi dansé, en grande tenue balinaise, lors d’événements importants devant un large public, comme à la Foire de Paris ou dans les hôpitaux pour apporter un peu de magie et de baume au cœur aux personnes malades. Un autre élément qui m’a stimulé aux voyages a été l’apprentissage de la langue anglaise que j’ai commencé dès la classe de CE 2. J’ai progressé vite grâce à une méthode ludique et mon aisance a vraiment été un facteur d’ouverture.

Comment choisissez-vous vos voyages ?

J’avais fait une petite liste d’endroits de la planète que je voulais absolument visiter, que j’avais peur de manquer dans ma vie : les Niagara Falls, Petra en Jordanie… Quand j’ai vu les chutes du Niagara, j’ai été déçue. Les chutes sont magnifiques mais je m’attendais à un lieu sauvage et pittoresque, pas à des centres commerciaux autour.  

En fait aujourd’hui, je suis sans à priori et je ne suis fermée à aucun voyage. S’il n’y avait pas autant de guerres dans le monde j’irais partout. Mais il y a aussi des endroits où il n’est pas facile d’aller seule en tant que femme. Je choisis mes voyages en fonction de mon budget, du temps que me laisse mon travail et des opportunités. Puis, j’ai une amie qui travaille à Air France et qui me propose de temps en temps de l’accompagner. Je ne dis jamais non.

Japon Indonésie Dégustation de sashimi de thon avec des pêcheurs du marché de Tsukiji à Tokyo

Alors vous avez multiplié les voyages ?

En effet j’ai vu beaucoup de pays mais surtout beaucoup de  grandes villes (notamment pendant les longs weekends et jours fériés), à commencer par l’Europe. Avec Londres, Berlin et les villes hanséatiques, Prague, Budapest, Rome, Luxembourg, Bruxelles, Oslo, Lisbonne, Dublin. Mais aussi l’Italie (J’ai beaucoup aimé Pise et Rome, un musée à  ciel ouvert), l’Espagne (Madrid, Barcelone, Majorque, Séville et Cordoue) un pays que j’affectionne particulièrement, la Pologne (Varsovie et Cracovie) un pays qui m’a donné envie d’y retourner, la Finlande (Helsinki, Kajaani, Suomussalmi et jusqu’à la ville du Père Noël, Rovaniemi).

Mais j’ai aussi beaucoup voyagé en Asie, pas seulement en Indonésie, mais également en Malaisie (Kuala Lumpur), à Macao, à Brunei Darussalam, un joli petit pays très riche et un peu monde de bisounours. Le Japon où j’ai eu la chance d’aller avec mon amie d’Air France est une autre planète : un mélange de modernité et de tradition ancestrale qui se marient très bien et se respectent. Les japonais paraissent timides et serviables. Et bien sûr j’ai voyagé enFrance (Normandie, région PACA, Toulouse, Bordeaux, la dune du Pyla, j’en passe… ). Mais il me reste encore plein d’endroits à découvrir !

Et l’Afrique et les Amériques ?

L’Afrique je ne la connais qu’à travers Maurice où j’ai fait un voyage professionnel. J’ai travaillé dans les télécommunications et j’ai effectué beaucoup de voyages en Amérique du Nord. Au Canada je me voyais très bien y vivre à cause de la vraie égalité des gens de toutes origines et de leur bonne intégration. Aux Etats-Unis, chaque ville est différente, on a l’impression que chaque état a sa propre image : New York c’est "Waouh !", "amazing !" comme ils disent, Washington très costume-cravate, je les appelle les "Men in Black" juristes, avocats ou membres du FBI et Miami très "m’as-tu vu", "The place to watch and to be watched". Je suis également allée à Boston, magnifique ville style vieille Angleterre et Houston, pays des cow-boys, stetson, santiags et rodéo…

Que retirez-vous de vos voyages ?

Ce que je retire de mes voyages c’est surtout la richesse humaine. C’est en définitive ce qui me reste, bien plus que les paysages. J’aime rencontrer les gens qui nous parlent, nous abordent, qui ont envie d’échanger. Ils m’apportent quelque chose, même si je ne le sais pas tout de suite. J’aime bien en particulier les rencontres fortuites. Par exemple à Cordoue, je me souviens d’un monsieur âgé touchant, très bienveillant et paternel qui m’a guidé et qui tirait ma valise. On avait échangé quelques mots en espagnol, il corrigeait même mes fautes ! J’ai souvent été chanceuse de tomber sur des personnes bienveillantes. En Pologne et au Japon, lorsque j’étais perdue, des personnes sont spontanément venues vers moi pour m’aider et m’accompagner jusqu’à ma destination même si leurs chemins étaient à l’opposé du mien. Au Brésil, à Rio où je suis allée avec mon amie d’Air France, les gens me prenaient pour une brésilienne et me parlaient en portugais. Nous étions logées chez l’habitant près d’Ipanema et la ville m’a semblée comme sur les cartes postales. Il m’arrive aussi de voyager seule et je dois avouer que j’aime ça ! Après des semaines de stress au travail ou de soucis personnels, un break pour se retrouver avec soi-même est vital. Il n’y a pas de mal à faire l’égoïste de temps en temps… Lors de mes voyages en solo, j’aime voyager comme j’en ai envie. Je ne m’oblige pas d’avoir un programme carré ou super chargé. Je me dis que j’ai la chance de partir et je suis surtout libre. Le fait de partir, c’est déjà bien. Quand il n’y a pas de contraintes, c’est encore mieux. J’apprécie également  l’atmosphère des auberges de jeunesse où la salle commune est un lieu d’échanges autour d’un café. A mon sens, ce ne sont plus vraiment des auberges "de jeunesse", ce sont surtout des auberges pour baroudeurs et voyageurs à petit budget, de tout âge et tout bord.

Mais l’Indonésie est aussi une immense terre de voyages ?

L’Indonésie par son étendue et ses 17 000 îles, est comme un continent. C’est une terre infinie de voyages qu’on n’a jamais fini de visiter. J’y suis souvent allée, mais il me reste énormément de choses à voir dans mon propre pays qui a la taille de quatre fois la France, rien que pour la superficie des terres. On peut revenir de nombreuses fois en Indonésie et y voir des choses très différentes à chaque fois.  Même dans une seule île, comme Java ou Sumatra, chaque région a des traditions et des ethnies qui se différencient par les langues, les coutumes, et même la cuisine. A la base, les indonésiens sont tous au minimum bilingues. Ils parlent la langue commune du pays qui est issue du malais et leur langue régionale. Personnellement à chaque voyage je découvre quelque chose de nouveau. Je veux tout voir. Mon leitmotiv : des voyages et des rencontres !

Indonésie Sur une des plages paradisiaques de Lombok, une île indonésienne à l'Est de Bali.

L’Indonésie est surtout connue pour Bali. Mais il y a énormément d’autres choses à y faire. Est-ce que vous auriez personnellement des idées de visites à suggérer ?

Malheureusement aujourd’hui, Bali est saturée par son tourisme de masse. Je trouve cela bien triste car j’adore Bali mais personnellement je trouve qu’elle perd peu à peu de son authenticité. En novembre dernier, je suis partie avec une amie aux iles Célèbes (Sulawesi en indonésien) pour visiter Tana Toraja (Pays Toraja). Ceux qui connaissent l’Indonésie, ont déjà entendu parler de Toraja. Quelques émissions ont déjà diffusé des reportages sur ce groupe ethnique de Sulawesi Sud. Hors saison, c’est l’idéal pour visiter cet endroit et je le recommande vivement. Une partie du peuple Toraja est chrétienne et une autre partie animiste. Avec un peu de chance, il est possible d’assister à un rite funéraire qui est très important chez les Toraja. Ils tranchent les porcs et les buffles, le sacrifice du porc apporte la fécondité et le fait de sacrifier le buffle signifie qu’il accompagne le défunt dans le pays des morts… Bon, après, je n’ai pas mangé de viande pendant une semaine ! Puis l'enterrement du défunt se fait dans des tombes creusées dans des falaises. C’est impressionnant ! Je n’en dis pas plus, il faut aller visiter…

N’avez-vous jamais eu envie de vous fixer dans un endroit qui vous a plu quelque part dans le monde ?

Si je devais choisir parmi l’un des pays que j’ai visité, je dirais le Canada. Encore une fois, pour l’égalité des gens de toute origine. Cette impression de pouvoir vivre en harmonie et dans le respect avec les autres. Mais l’idéal pour moi serait de vivre une moitié de l’année en Indonésie et l’autre moitié en France !

Avez-vous une préférence pour l’Indonésie ou la France, ou votre cœur balance-t-il entre les deux ?

En fait, je n’ai pas de préférence… Lorsque j’ai vécu 3 ans en Indonésie, la France m’a beaucoup manqué, Paris surtout car j’y ai mes amis et ma famille… Puis aussi, les sorties dans Paris (musées, expos, ciné, théâtres), dans mes quartiers, la beauté de la capitale, les odeurs de croissant le matin, prendre un café sur une terrasse, les 4 saisons, le fait de pouvoir mettre des bottes en hiver et des petites chaussures en été… En revanche, 2 choses ne me manquaient pas du tout : le côté râleur et plaintif du parisien !!

Mais lorsque je suis en France, ça me fait la même chose lorsque je pense à l’Indonésie. Elle me manque aussi ! Sentir la moiteur quand on sort de l’aéroport, la faune et surtout la flore, la cuisine évidemment ! Mais aussi le sourire des gens, leur côté "zen attitude", en fait, leur philosophie de vie ! Je m’estime chanceuse d’avoir cette double culture, c’est bien pour ça que j’ai du mal à choisir entre les deux.

Destinations concernées: