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Lorena Rodrigues : "Le voyage ce n’est pas la distance parcourue"

Danseuse et administratrice de projets culturels, elle navigue entre Madère, son île d’origine d’où elle a embarqué, et l’Ile de France où elle a débarqué… ainsi que l’Afrique du Sud où se trouve une partie de sa famille. 

Lorena Rodrigues, danseuse
D’où êtes-vous originaire ?
Je suis née au Venezuela où vivaient mes parents qui sont partis d’Ile de Madère à la recherche de nouvelles opportunités professionnelles lors de la dictature de Salazar au Portugal. Mais très vite, quand j’étais petite, ils sont rentrés comme agriculteurs à Madère leur île d’origine. C’est là, près de la ville de Calheta au sud-ouest de l’île, que je me suis découvert une vocation artistique. J’ai commencé à faire de la danse à l’adolescence, mais en autodidacte, faute de professeur, avec des cours en vidéos.
 
Qu’est-ce qui vous a fait quitter votre île ?
C’est ma passion pour la danse qui m’a poussée à partir. Je suis sortie de Madère pour aller en fac à Lisbonne où, en parallèle, j’ai trouvé une école de danse orientée danses urbaines. Cette école proposait des cours de danse hip hop, de danse classique et de danse jazz. Au bout de 4 ans, j’ai décidé de partir pour continuer ma formation dans une grande capitale. Entre Londres, New York ou Paris, j’ai choisi la France. C’était un choix d’expérience à tenter en toute autonomie, mais pas facile. Car pour vivre, j’ai dû travailler comme jeune fille au pair et faire des petits boulots alimentaires. Mais je risquais de perdre le sens de ma démarche et de m’éloigner de ma passion de la danse. C’est pourquoi j’ai choisi de me former dans l’animation qui rejoignait l’univers culturel et j’ai trouvé un travail dans une Maison des jeunes et de la culture de Marne La Vallée.
 
Vous retournez régulièrement à Madère ?
Je suis restée quatre ans sans y retourner. Quand j’ai pu y partir à nouveau, c’était magnifique, c’était un retour aux sources et en même temps, j’ai redécouvert mon île avec un autre regard. Certes, les tunnels routiers creusés sous les montagnes enlevaient du charme aux déplacements. Mais c’est en faisant des randonnées pédestres dans le nord, la partie la plus sauvage de l’Ile que j’ai pu retrouver l’essence de ce lieu et en même temps découvrir de nouveaux paysages. Ce fut un moment très spirituel, l’espace parfait pour ressourcer ma créativité.  
 
Quand vous étiez partie pour la France, vous vous étiez sentie émigrée, expatriée ou voyageuse ?
Je me suis surtout sentie européenne car j’avais grandi dans cette idée. Paris faisait partie de ma vision et je ne me suis pas sentie déconnectée socialement ou culturellement, ni dépaysée. 
Interaction avec des "bébés" lions lors d'un safari en Afrique du Sud en 2010
 
Que signifie voyager pour vous ?
Ce n’est pas forcément aller dans un autre pays. Le voyage ce n’est pas la distance parcourue, mais la découverte d’un lieu. L’essentiel est de sortir des trajectoires habituelles de ses microcosmes. Par exemple, je voyage beaucoup dans Paris. J’ai profité de l’été pour me lancer dans un jeu de piste de découverte des endroits peu connus de la capitale et maintenant de l’Ile de France. Je m’interroge sur l’histoire de chaque lieu. Je suis en particulier fascinée par les maisons et bâtiments abandonnés qui ont eu une histoire. Dans une île comme à Madère, mes découvertes sont limitées par les moyens de transport. Je n’ai pas ce frein en région parisienne où je peux aller partout.
 
Pourquoi voyagez-vous en Afrique du Sud ?
Je suis allée cinq fois dans ce pays parce que ma sœur habite dans la région de Pretoria. Quand je vais là-bas, j’en profite pour voyager partout dans le pays, à Durban et au Cap mais aussi dans les réserves animalières.
 
Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce pays ?
J’y trouve une vraie coupure qui a pour moi un côté magique. Tout est différent, la lumière, les couleurs, les éléments des paysages, … Toutes les sensations sont autres. Et les distances sont plus longues à parcourir. Mais il y a aussi la chaleur, les odeurs, les rythmes de vie. Je m’y réveille toujours beaucoup plus tôt parce que j’ai envie de découvrir. Plusieurs fois j’ai fait des safaris et j’ai dormi dans des réserves où on pouvait se baigner dans des bassins d’eau chaude naturelle et j’ai fait des tours à dos d’éléphant.
 
Qu’est-ce que ces expériences vous inspirent?
Lors d’une balade à dos d’éléphant, j’ai longuement discuté avec un guide qui avait passé toute sa vie dans la nature, dans sa réserve animalière. Il m’a demandé s’il y avait beaucoup d’animaux à Paris ! Quand j’ai essayé de lui expliquer, j’ai compris qu’il était difficile pour lui d’imaginer des lieux où la nature avait disparu. Ses réflexions m’ont fait réfléchir. On peut faire des changements drastiques dans sa vie, par exemple j’aurais pu vivre dans un endroit nature comme celui-ci où tout me semblait lumineux. Mais qu’est-ce que je serais devenue si j’avais fait le choix de vivre ici ? J’y aurais trouvé la nature, mais j’aurais dû abandonner mes projets artistiques.  
Séance photographique dansée avec Syyl-Art dans un lieu abandonné en Ile de France en 2012 (photo Syyl-Art)
La rencontre avec les gens pendant un voyage est importante ?
Bien sûr. Ce sont les gens qui font un lieu, ils en font partie. Je ne conçois pas un voyage sans des gens qui m’accompagnent ou que je rencontre sur place et qui ont envie de partager cette expérience avec moi.
 
Est-ce que vous avez visité d’autres pays ?
Pour le moment, en dehors de la France et de l’Afrique du Sud, je suis allée à Londres pour visiter la ville et prendre des cours de danse. Je suis aussi allée en Allemagne et en Belgique pour des déplacements professionnels.
 
Quels sont les voyages que vous rêvez de faire ?
Je rêve d’aller à New York, une ville que j’ai toujours imaginée autour du monde de la danse. Et puis je suis très attirée par les lieux abandonnés partout dans le monde où l’accès est souvent difficile. Dans ces voyages interdits en quelque sorte, ce qui m’intéresse est ce qui s’est passé avant, pourquoi ce lieu a été abandonné. J’ai rencontré un photographe qui s’intéresse à ce sujet et à la danse et j’ai commencé à travailler avec lui sur ce thème.