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Eva Sakellarides photographe à New York : "Voyager pour moi est vital. Je n’aime ni le confort, ni la répétition"

Sa passion dévorante pour la photo lui a fait courir le monde. Aujourd’hui cette reporter photo, portraitiste, photographe de mode fixée à New York, vient de publier avec la journaliste Stéphanie Fontenoy un guide (1) sur cette ville géante américaine. Toutes deux y révèlent leurs itinéraires de voyages secrets à travers cette mégapole qu’elles adorent.

Eva Sakellarides, photographe, ici sur le east river ferry à NYC

Qu’est qui vous a poussée à voyager ?

Très tôt, quand je vivais à Grasse, j’étais fascinée par les histoires de marins que me racontait mon père mais surtout j’étais attirée par l’exemple de mes amis surfeurs. Quand j’avais 15 ans, je les voyais, avec envie, partir pour de grands voyages, parfois vers des destinations lointaines comme l’Indonésie. Ce qui m’attirait surtout chez eux c’était leur philosophie de vie non conventionnelle. Cette philosophie m’a servi de guide. Ils n’étaient pas marginaux, juste libres !

Vos années de formation ont elles aussi été des années de voyages ?

J’ai fait les beaux-arts à Marseille pendant 3 ans, ce qui ne m’a pas empêchée de voyager. Je me souviens d’un voyage en Inde où j’étais partie avec un copain sans préparation sauf l’achat d’un Lonely Planet que je n’avais pas lu. Je m’attendais à trouver des plages et quand j’ai aperçu par le hublot de l’avion des kilomètres et des kilomètres de bidonvilles, mon arrivée a été un grand choc. A une autre période, je me souviens avoir vécu un temps avec un copain dans un camion à Londres d’où je partais pour surfer en Cornouailles ou dans des endroits reculés de la côte. 

Et vous avez fait une rencontre décisive ?

Oui, j’ai eu la chance de rencontrer le grand photographe Michel Comte qui m’a tout de suite emmenée pendant trois mois comme assistante à Los Angeles. Avec lui, j’ai beaucoup appris (3). C’est un grand artiste qui fait beaucoup de couvertures de magazines internationaux. Nous  réalisions beaucoup de shoots à Las Vegas ou dans le désert des Mojave. Puis, pendant cinq ans, j’ai suivi Michel Comte aux quatre coins du monde, aussi bien à Hawaï qu’en Afrique du Sud, en Italie ou en Suisse, son pays d’origine. J’étais jeune, c’était dur, je portais des kilos de matériel, mais ce furent mes meilleures années. Parfois nous logions dans des hôtels incroyables, parfois dans des endroits insolites comme sur des cargos et nous travaillions d’arrache-pied.

Je me souviens de grandes frayeurs que j’ai eu en face de ce grand professionnel, par exemple lorsque j’avais oublié un trépied de caméra à Saint-Moritz et qu’il avait fallu me sortir rapidement de cette impasse. Mais je me souviens aussi de moments extraordinaires par exemple quand j’ai parcouru l’Europe et l’Afrique du nord au volant d’un 4X4 Cadillac… sans permis de shooter. C’était aussi  l’époque où je prenais l’avion comme le métro.

Eva Sakellarides, une photographe internationale ultra nomade toujours entre deux avions, ici à LAX, l'aéroport de Los Angeles

Vous est-il arrivé de voyager seule ?

J’adore voyager seule. J’ai fait beaucoup de voyages en solitaire d’un mois ou plus. Ce n’étaient jamais des voyages plages et vacances, car j’aime quand c’est speed. J’adore les road-trips et je ne peux pas m’empêcher de photographier. J’ai voyagé une fois sans appareil photo et je ne savais pas quoi faire. Il y a quelques années, je suis partie pendant trois à quatre mois à Hong Kong et Bangkok dans cette Asie où je rêvais de vivre. Mais je n’aurais pas réussi à m’épanouir dans le microcosme des expatriés et je n’y suis pas restée. 

Après l’expérience Michel Comte, vos voyages ne se sont donc pas arrêtés ?

J’ai travaillé pendant six ans en free-lance à Paris tout en continuant à beaucoup voyager. En recomptant les talons des boarding pass accumulés pendant cette période j’arrivais au nombre de 78... En 2009 j’ai remporté un prix de photo de mode, le prix Picto, qui m’a permis de décoller professionnellement. J’ai pu travailler à rythme soutenu pour les magazines Grazia, Première, Flair, Rolling Stone... et à multiplier les portraits de célébrités et les reportages de mode. Mais Paris ne m’a jamais vraiment inspirée. C’est une ville que je n’ai pas comprise. Elle a un côté trop muséal, comme Florence et je m’y ennuie. Aussi dès que j’ai eu un travail assez solide et reconnu, j’ai décidé de partir m’installer à New York.

Pourquoi avez-vous choisi New York ?

J’ai choisi cette ville à cause de sa lumière. Aujourd’hui j’habite à Brooklyn dans un loft d’artiste de 650 m² avec 10 colocataires. Je déménage bientôt, plus près de Manhattan, dans un loft plus petit avec open space, proche de l’East River, une ancienne usine aux poutres métalliques apparentes. Je vis à New York depuis juin 2013 d’où je continue à travailler pour la presse française, Madame Figaro, Grazia, Glamour, Paris Match,… en addition avec mes clients américains.

Est-ce que cette vie à New York que vous aimez tant vous permet encore de voyager ?

Voyager pour moi est vital car je n’aime ni le confort, ni la répétition. Aujourd’hui mes grands voyages sont pourtant un peu plus rares. Je fais surtout des reportages aux Etats-Unis que j’ai traversés d’est en ouest ou du nord au sud en voiture. Et mes sujets de reportages sont passionnants, par exemple une commande pour Glamour sur le trip de l’ayahuesca avec des chamans aux Etats-Unis.  J’aimerais bien partir pour un voyage de plusieurs années, mais aujourd’hui, c’est difficile avec ma vie professionnelle. De toute façon, j’ai l’impression de voyager tous les jours dans New York. Il m’arrive de partir en voyage pour 24 heures dans Chinatown, comme un rappel nostalgique de mes séjours en Asie.

Car j’ai un grand amour pour New York, J’ai un rapport sensuel avec cette ville. Le guide « New York l’essentiel » que je viens de publier en co-auteur avec Stéphanie Fontenoy a été un moyen de canaliser cette passion de manière visuelle et concrète. Les américains, qui adorent raconter des histoires, sont pour moi une source d’inspiration inépuisable. Avec huit mois de shoots (2) pour préparer ce guide à travers New York, je pensais me lasser de cette ville. Mais plus je creuse, plus je découvre une ville complexe aux multiples facettes. Chaque jour, je continue de découvrir de nouveaux endroits.

Eva Sakellarides, une new yorkaise très urbaine qui aime la mer, ici sur la ROAD 1 près de Big Sur, Californie

Qu’est-ce que vous voulez montrer dans votre guide « New York l’essentiel » ?

Avec la journaliste Stéphanie Fontenoy, nous présentons « notre New York ». Nous en donnons les clés de manière complètement subjective, en sortant des sentiers battus, comme les bords de mer. C’est un certain New York, reflet de nos coups de cœur et de notre histoire, même si nous ne faisons pas l’impasse sur certains grands classiques. Stéphanie était spécialisée sur Harlem et elle m’en a ouvert les portes.  Mais nous travaillons déjà sur deux autres guides qui formeront un coffret de trois, avec un sur Brooklyn qui sortira en avril et un sur Harlem qui sortira en septembre 2016

Est-ce que vous avez votre bucket list secrète ?

Je suis déjà heureuse de m’être retrouvée à New York. Ce qui avait été longtemps mon rêve. Mais j’espère toujours réaliser des portraits de vieux acteurs comme Robert de Niro, de musiciens ou, pourquoi pas, du président Obama, c’est-à-dire des vrais personnages sur le visage de qui on peut lire.

Et puis, je suis loin d’avoir été partout. Les Etats-Unis m’ont un peu sédentarisée et éloignée des grands voyages, mais je voyage dans cet immense pays.  Aujourd’hui c’est encore l’Asie qui m’attire avec la vie intense dans les rues de ses villes. Je rêve d’aller au Viêt-Nam, en Birmanie et au Bhoutan et de retourner en Inde. J’adore voyager dans les villes comme à Tanger qui a un côté électrique ou Naples qui a un côté masculin.

Au fond de vous, à quoi aspirez-vous ?

Je souhaite simplement retourner à un mode de vie plus nomade. Regardez mes poignets, je me suis fait tatouer « pura » sur celui de gauche et « vida » sur celui de droite. C’était un jour où je voyageais sans appareil photo à Guadalajara au Mexique et que je logeais dans un hostelito. J’y ai vécu un petit moment magique et un sentiment de plénitude. J’étais bien au bon endroit au bon moment. « Pura vida », que vous pouvez lire quand je rapproche mes poignets, c’est la vraie vie.

1-                 « New York l’essentiel » de Stéphanie Fontenoy et Eva Sakellarides, éditions Nomades 2015

2-                 Eva Sakellarides expose 15 portraits  d’ « identités newyorkaises, NY under the skin » à la Maison des Etats-Unis, 3 rue Cassette 75006 Paris  du 19 au 25 septembre 2015 

3-                 Le site eva-sakellarides.com illustre à merveille le savoir-faire très tendance d’Eva avec les célébrités, les mannequins ou les quidams rencontrés lors de reportages

Destinations concernées: