Regard de voyageur. Ce 9 mai est la journée de l’Europe (1). Oui bien sûr, se dire européen en 2016 paraît moins tendance et cette journée passe un peu inaperçue ! L’Europe est devenue le bouc émissaire de certains politiques qui ont trouvé en elle la cause pratique de tous les maux de notre société : la crise économique, la crise agricole, l’immigration, le terrorisme, la puissance des multinationales et des lobbies, le poids des règlements,… Il n’y a pas un jour où les tenants du repli nationaliste ne lui trouvent de nouveaux maux pour charger la barque et se décharger de leurs responsabilités.
Pourtant en tant que voyageur, à parcourir les pays européens dans tous les sens depuis des décennies, j'ai observé les bienfaits de l’Union Européenne. Le premier est de toute évidence la paix sur un continent où nos parents et nos ancêtres connaissaient des guerres à répétition depuis des siècles. Les 28 pays membres de l’Union européenne vivent en paix depuis près de 70 ans.
Le second bienfait est une des conséquences du premier : le niveau de vie des européens est très supérieur à ce qu’il était à la fin de la deuxième guerre mondiale. En dépit du ralentissement économique, ce niveau de vie reste un des plus élevés du monde. La plupart des européens peuvent voyager parce qu’ils ont les moyens de le faire. L’Union européenne a aussi harmonisé les écarts de niveaux de vie entre pays, car les injustices sont toujours facteur de tensions et de guerres. J’ai vu ainsi de petits pays pauvres, comme l’Irlande, le Portugal, ou encore les pays baltes ou Malte changer complètement de physionomie en quelques années.
Le troisième bienfait est celui de la facilité et de la liberté de circulation grâce, entre autres, aux accords de Schengen et à la monnaie unique. Quelle galère s’il fallait un visa pour aller en Belgique en Italie ou en Espagne ! Certes le terrorisme a obligé les Etats à relever la garde et à renforcer les contrôles intra européens, mais circuler en Europe reste plus facile que pour aller au-delà de l’Union Européenne.
De même, l’existence de la monnaie unique facilite beaucoup les voyages et les échanges intra-européens. Au XXème siècle (car l’euro n’est en circulation que depuis 2002), il fallait encore sans cesse changer nos francs en marks, schillings, pesetas, lires, florins, escudos, drachmes… Faire un tour de l’Europe en changeant de monnaie dans chaque pays vidait pratiquement son portefeuille sans pratiquement rien dépenser puisque tout partait dans le coût des opérations de change et en petite monnaie restante. Aujourd’hui, la même monnaie est utilisée dans 19 pays.
(1)Elle célèbre la « déclaration Schuman » du 9 mai 1950, du nom du ministre français des affaires étrangères qui avait proposé la création de la première institution européenne sur les questions du charbon et de l’acier.