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La "Via Baltica" reliant les capitales baltes

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Lettonie Estonie Europe histoire contemporaine Sur la route européenne E67 ("Via Baltica") entre Riga et Tallinn dans les pays baltes

Le symbole d'une action pacifiste efficace. Cette longue route rectiligne, entre des kilomètres interminables de bouleaux, frênes, hêtres, tilleuls, sapins et pins sylvestre, semble à priori banale. Nous sommes en Lettonie le pays balte du centre coincé entre les deux autres, la Lituanie et l’Estonie. Je suis dans un bus qui roule depuis Riga, la capitale de la Lettonie  vers le nord en direction de Tallinn, la capitale de l’Estonie, annoncée à 279 kms sur le panneau de cette photo. Nous longeons les stations balnéaires du Golfe de Riga. Il nous faudra environ 5 heures de route pour parcourir les 300 kms séparant ces deux capitales, car la vitesse y est limitée à 90 km/h pour les bus (100 pour les voitures), mais très souvent réduite à 70, dès qu’on approche d’un croisement ou d’un village.

Cette route qui relie en fait sur 600 kms les trois capitales baltes (Vilnius, Riga et Tallinn) a une histoire extraordinaire. L’affaire remonte au 23 août 1989. Les pays baltes faisaient encore partie à cette époque de l’Union soviétique. Mais cet immense glacis commençait à se craqueler sous l’effet de la perestroïka menée par  Mikael Gorbatchev, le premier secrétaire du parti communiste de l’Union soviétique d’alors. Le 23 août n’était pas une date anodine : c’était la date, exactement 50 ans plus tôt,  de la signature d’un accord entre l’Allemagne nazie et la Russie communiste de Staline connu sous le nom du pacte Molotov-Ribbentrop, les deux ministres des affaires étrangères de ces deux puissances guerrières. En se partageant les territoires entre elles deux, elles avaient placé les trois pays baltes dans la zone soviétique.

Le contenu de cet accord secret n’a été dévoilé qu’en 1988. C’en était trop pour les estoniens, les lettoniens et les lituaniens qui venaient de subir 50 ans de colonisation et de russification forcées après avoir connu 20 ans d’indépendance. Comme avec Solidarnosc dans la Pologne voisine, la contestation montait. Le coup de génie des contestataires baltes est d’avoir organisé une immense chaîne humaine tout au long des 600 kms de ce qui est devenu la Via Baltica. C’est à peine croyable : près de 2 millions de baltes (sur une population totale de 7 millions alors) se rendirent sur cette route pour se donner la main.

Ainsi ces trois petits pays oubliés avaient réussi à attirer l’attention du monde. Avec succès. Eux qui avaient  été annexés par la Russie soviétique en 1940, ils retrouvaient leur indépendance deux ans après cette chaîne humaine, en septembre 1991. Puis en 2004, tous les trois faisaient leur entrée dans l’Union Européenne et dans l’OTAN puis, entre 2011 et 2015, dans la zone euro. Aujourd’hui la Via Baltica est le "route européenne 67" (E17) comme on le voit sur le panneau de la photo. Elle relie sur plus de 1600 kms Helsinki en Finlande à Prague en République Tchèque. Elle symbolise l’efficacité d’une action humaine pacifique qui sait utiliser les circonstances géopolitiques. Cette histoire déjà oubliée m’a fasciné et beaucoup touché. 

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