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"Comment j’ai retrouvé Livingstone" de Stanley

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"Comment j'ai retrouvé Livingstone" de Stanley

Livre culte de l’explorateur ? Beaucoup de baroudeurs et globe-trotteurs qui ont une âme d’explorateur se réfèrent à ce livre. C’est dans cet esprit que j’ai ouvert cet ouvrage. Son auteur, Henry Morton Stanley, né John Rowlands en Angleterre, n’était pas un enfant chœur. Parti jeune pour les Etats-Unis, il avait participé à la guerre de sécession… successivement côté sudiste, puis côté nordiste avant de s’illustrer comme journaliste et correspondant de guerre au New York Herald. En 1869, le patron de ce journal lui confie un sujet de reportage à sensation avec de gros moyens financiers : retrouver un missionnaire, géographe et explorateur écossais, David Livingstone, disparu depuis plusieurs années au fin fond de l’Afrique de l’est, laquelle était encore à peu près terra incognita à l’époque.

Stanley, qui n’avait pas froid aux yeux et même la gâchette facile, n’hésite pas un instant. A partir du sultanat de Zanzibar il constitue une véritable caravane armée, "drapeaux déployés, cors et trompettes sonnants" chargée de tonnes de tissus et bimbeloteries pour négocier le passage avec les chefs de tribus… en se donnant comme objectif de traverser l’actuelle Tanzanie pour atteindre le Lac Tanganyika, encore mystérieux à l’époque. Il part avec 192 hommes dont 23 soldats accompagnés de 25 ânes, une troupe menée d’une main de fer par ce jeune aventurier qui n’avait pas 30 ans.

Stanley fait de son aventure une épopée à sa gloire qui le rendra célèbre. Il doit faire face à des marais infranchissables, des forêts, des déserts, des conflits locaux, des maladies et des désertions de sa troupe, des vols, des chantages ; il doit trouver son chemin, de la nourriture et du gibier, affronter les animaux sauvages, l’inconnue,... Partout les scènes sont épiques et ses marchandages sont incessants pour négocier des droits de passage. Il n’hésite pas à participer à une guerre locale en s’alliant aux arabes d’Oman et Mascate présents dans la région.

A côté de son image qu'il cultive de risque-tout courageux, je trouve le personnage absolument exécrable. Son récit a du mal à dissimuler ses penchants racistes. Il n’hésite pas à faire fouetter ou à enchaîner des déserteurs. On le voit même menacer de mort avec son pistolet au milieu d’un gué un homme en difficulté qui transportait une boîte précieuse. Il est toujours sûr de sa force, de la supériorité des blancs et de la "dignité de sa race". Le vieux Livingstone qu’il finit par retrouver est un peu plus sympathique que lui puisqu’il milite sincèrement pour l’abolition de l’esclavage dans cette région, comme aux Etats-Unis. Les côtés ignominieux de Stanley ont été occultés par la seule anecdote que beaucoup de gens ont retenu de son aventure : lorsqu’il a retrouvé Livingstone, Stanley raconte qu’il se serait adressé à lui en utilisant une formule de politesse british plutôt ampoulée : "Dr Livingstone, I présume ?"  

Mais Stanley n’était pas le gentleman qu’il voulait paraître. La lecture de ce panégyrique à sa propre magnificence me l’a rendu antipathique, et mon sentiment a été confirmé par ce que je sais de la suite de sa vie aventureuse.  En effet, Stanley ensuite s’est mis au service du roi des Belges de l’époque, Léopold II -de sinistre mémoire en Afrique- pour "acheter" en son nom les terres qui deviendront le Congo belge (Zaïre), soit disant pour créer un Etat libre, sans esclaves. Pire qu’une colonie, ces terres immenses spoliées deviendront la "possession personnelle" de Léopold II. Stanley finira sa vie anobli par la reine Victoria tandis que beaucoup de Congolais propriétés de Léopold II subiront, pour ceux qui survivront, une vie d’esclaves qui ne disait pas son nom.

Editions Fayard, La bibliothèque des voyageurs, 1979

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