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Azalaï, la caravane de l’or blanc

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film documentaire Sahara La pochette du DVD "Azalaï, la caravane de l'or blanc" de Joël Calmettes

Voyage hors du temps. En 2016, il est à peu près impossible de faire un voyage dans le Sahara. De la Mauritanie à l’Egypte, les guerres, les rébellions et le terrorisme l’ont rendu à peu près aussi impénétrable qu’il l’était du temps de René Caillé au début du XIXème siècle. Sur les cartes de "conseils aux voyageurs" du site du ministère des affaires étrangères, toute la bande saharienne est en rouge (formellement déconseillé) ou orange (déconseillé sauf raison impérative), excepté une frange du Maroc. Mais beaucoup de français appréhendent même désormais d’aller dans ce pays. Avant tous les événements de ces dernières années, j’avais eu la chance d’y faire plusieurs incursions par l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, l’Egypte, le Mali,… Aujourd’hui pour voir du désert, il faut aller dans les Emirats, à Oman, en Afrique Australe, en Chine,… De terra incognita, le Sahara est devenu terra interdicta.

Désormais un voyage au Sahara se fait par la lecture ou par les films. C’est pourquoi j’ai retrouvé avec plaisir un bon vieux film documentaire de 1996 (je l’ai trouvé en vente dans la boutique des musées nationaux !) qui raconte un des voyages les plus mythiques, surprenants et difficiles du monde, celui des caravanes de sel qui traversent le désert.  Elles portent un vieux nom touareg, "azalaï". Le réalisateur, Joël Calmettes, a été le premier à les filmer. Les images de ces longues méharées millénaires m’ont fait penser aux récits de l’écrivain Théodore Monod qui avait parcouru le Sahara de long en large 50 ou 60 ans plus tôt.

L’azalaï part de Tombouctou au centre du Mali pour remonter à travers un pur désert jusqu’au nord extrême de ce pays, près de l’Algérie. L’objectif est Taoudeni, une sorte village de terre rousse, chaud comme un four, infernal et fantomatique, habité de mineurs quasi esclaves et de prisonniers. La caravane doit en rapporter des plaques de sel, découpées péniblement dans le sol. Une caravane de 100 dromadaires qui grognent et blatèrent s’ébranle donc pour 800 kms et 20 jours à raison de 10 heures de marche par jour à travers des dunes et des cailloux sans fin, souvent à la limite de la survie. Il faut affronter les tempêtes de sable, les écarts extrêmes de température, ne perdre aucune bouse de chameau, seul combustible possible, trouver de l’eau, qui, même impure et saumâtre, est un don de Dieu, quitte à désensabler un puits, … Et surtout savoir naviguer aux étoiles entre les mirages dans ce paysage uniforme.

Cette longue, lente et rude méharée conduite par des commerçants arabes est accompagnée de chameliers mais aussi par quelques enfants et par des "mineurs". Ces derniers sont en réalité des noirs maliens emmenés pour travailler plusieurs mois dans la mine de sel afin de rembourser une dette. Au moyen-âge, le sel, seule richesse du Sahara valait son pesant d’or. Les plaques de sel ne valent plus désormais que quelques euros pièce. Je ne suis pas sûr que l’azalaï existe toujours et que les camions n’aient pas remplacé, au moins partiellement les dromadaires. Ce film-témoignage, âpre et rugueux, presque impitoyable, est porté par la musique profonde et authentique du malien Ali Farka Touré. Il est pour moi un document d’histoire. Celui de voyages intemporels qui ont traversé des siècles, intacts jusqu’à notre époque.

"Azalaï, la caravane de l’or blanc", de Joël Calmettes. Musique originale de Ali Farka Tour. 56 ‘. 1996. Chiloe productions 

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