Le Versailles autrichien. J’étais toute excitée à l’idée d’entrer dans le palais de Sissi l’impératrice (de son vrai nom Elisabeth, princesse bavaroise). Facile, on prend la ligne verte de métro U4 depuis le centre de Vienne jusqu’à la gare de Schönbrunn. J’ai donc pu y voir la chambre à coucher de l’impératrice et de son mari François-joseph. Sa chambre n’est qu’une des 1441 pièces de cet immense palais qui s’étire sur 800 m de long. Heureusement on n’entre que dans 40 pièces, salles de réceptions et galeries du seul bâtiment central ! Mais leur faste refléte la splendeur impériale ! L’Unesco qui a classé ce palais rococo au patrimoine mondial de l’humanité estime que c’est "l'un des plus importants châteaux baroques en Europe. Il illustre l'ascension et la gloire des Habsbourg", la grande dynastie des empereurs autrichiens. Tout semble dit.
Mais qui a construit un tel palais et pourquoi ? Pour comprendre, j'ai ressorti les livres d’histoire : la construction de Schönbrunn, fut lancée en 1683. L’armée autrichienne venait juste de défaire les turcs menés par le grand vizir Kara Mustapha aux portes de Vienne. En construisant ce château, l’empereur de l’époque, Léopold 1er de Habsbourg, voulait rivaliser avec le château, bâti quelques années plus tôt, par Louis XIV à Versailles. 50 ans plus tard, l’impératrice "Marie-Thérèse la Grande", dont les statues trônent encore partout à Vienne et qui passait tous ses étés à Schönbrunn, donna à cet édifice aux façades d’un jaune ocre un peu ambré son style rococo. Ce n’est que son arrière-petit-fils, qui s’appelait l’empereur François-Joseph (né et mort au XIXème siècle à Schönbrunn) qui épousa la belle et fascinante Sissi.
Bien sûr ce personnage a été magnifié par plusieurs films et séries télévisées, spécialement le film de 1955 d’un réalisateur autrichien qui révéla Romy Schneider dans le rôle de Sissi. En réalité après le coup de foudre des jeunes tourtereaux (Sissi avait 16 ans à son mariage et François-Joseph 25), la jeune Elisabeth, mélancolique, romantique et anorexique, prit petit à petit ses distances avec le monarque (qu’on voit le plus souvent représenté avec de lourdes bacchantes et rouflaquettes) et une belle-mère dirigiste. Elle manifesta son aversion pour le protocole contraignant de la cour et passa une grande partie de sa vie à voyager à l’étranger (à Madère, en Grèce, sur la côte d'Azur en France,...), jusqu’à son assassinat à Genève en 1898. Le rêve s’est terminé en cauchemar.
Ce qui m’a frappée à Schönbrunn, c’est l’immensité des jardins. Schönbrunn ("belle fontaine") est planté au milieu d’immenses pelouses et arbres fleuris dessinées à la française sur 200 hectares, parsemés de fontaines et de statues. Les germanophones parlent de Gesamtkunstwerk, pour une œuvre d’art totale, comme Schönbrunn qui intègre aussi bien l’architecture que le mobilier intérieur et extérieur, la statuaire et les jardins. En revanche à l’intérieur, je n’ai pas aimé l’interdiction de prendre des photos. De quoi les conservateurs du lieu ont-ils peur ? Je me suis contentée de photos de l'extérieur. Mais comme beaucoup de visiteurs titillés par l’interdit, j’ai réussi à chiper quelques clichés, forcément un peu flous, dans les salons. En référence à la rebelle et inoumise Sissi qui aurait fait la même chose !
