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Les "minstrels", dingues de musique et de couleurs en Afrique du Sud

Afrique Afrique du sud Le Cap Cape Town musique orchestre de rue minstrels couleurs fête Un orchestre de "minstrels" sur le quai du port de Hout Bay près du Cap en Afrique du Sud, devant un "combi" ou bus collectif populaire du pays

Rencontre haute en couleurs. Je les ai croisés sur le quai du port de Hout Bay, une station balnéaire proche du Cap, au départ d’une croisière d’observation des phoques. Ils ont déboulé en dansant et chantant comme des fous, grimaçant, gesticulant avec des mélodies sautillantes pêchées un peu partout, africaines, caribéennes ou même françaises puisque j’ai cru reconnaître "le lion est mort ce soir" d’Henri Salvador… en réalité Salvador avait fait connaître la mélodie d’un musicien zoulou de 1939, Salomon Linda ! C’est dire le creuset culturel universel que représente cette extrémité du monde qu'ets l'Afrique du Sud et qui semble si lointaine aux français !

Car, pour moi, cette rencontre fortuite de "minstrels" n'est pas d'abord du folklore pour touristes. Elle résume bien le sens du voyage que je faisais avec un petit groupe de journalistes et d’agents de voyages sur le thème de la rencontre d’un pays, sous la bannière de la nouvelle marque du tourisme du pays "Meet South Africa". Tout le voyage court et intense que nous y avons fait a été une succession de surprises. C’est parce qu’ils résument à leur manière l’Afrique du Sud que je fais de ces "minstrels" le premier des reportages photos, récits, et vidéos rapportés dans mes bagages de ce pays si kaléidoscopique. J’égrènerai mes trouvailles sur Bestglobe.fr dans les semaines qui viennent.

Mais qui sont donc ces "minstrels" ? Ce mot anglais est tiré du vieux français "ménestrels", les chanteurs ambulants du moyen-âge. Des "minstrels shows" étaient apparus aux Etats-Unis vers les années 1830. J’avais rencontré leur histoire en visitant fin 2016 à Paris une exposition sur la ségrégation aux Etats-Unis, "Color line". Au début les "minstrels" étaient des blancs grimés en noir qui singeaient les esclaves qu’ils appelaient par dérision les "coons" (abréviation de "racoons" ou "ratons laveurs"). Puis les noirs sont entrés dans la peau de ces personnages qui étaient pour eux un de leurs rares moyens d’expression. Ensuite les partitions des "coons songs" ont circulé dans monde et débarqué dans le port du Cap dès les années 1840. C’est à cette époque qu’ont fleuri les premiers "minstrels shows" sud-africains.

Depuis, leur tradition est restée très vivace dans le pays et a traversé les pires époques. Ils sont devenus une musique de rue et de fête, souvent animée par des "colored people" (dans le sens de "métis" en Afrique du sud). En sachant que le métissage au Cap, croisement des toutes les routes maritimes, est aussi composé d’Indonésiens, malaisiens, indiens,…  Aujourd’hui, les minstrels sont remis à l’honneur  chaque année le 2 janvier lors du "Carnaval noir" ("Coon festival") du Cap où vrombit une extravagance de costumes, maquillages, couleurs, percussions et musiques. Autrefois les esclaves noirs n’avaient pas le droit de fêter le 1er janvier. On leur octroyait le 2 janvier qui est donc devenu  au Cap le "deuxième nouvel an" ("Tweede Nuwe Jaar" en Afrikaans).

Donc, sur un bout de bitume de Hout Bay, je me suis laissé emporter dans ce tourbillon froufroutant de personnages grimés, en comprenant leur hauteur valeur symbolique : ils sont l’image vivante d’un pays de cultures qui a su dépasser l’apartheid sans oublier le passé. Les couleurs de leurs vêtements reflètent cette civilisation multiculturelle unique. "Colored" englobe toutes les couleurs de populations qui vivent ensemble dans la "nation arc-en-ciel", la variété des couleurs des paysages et des villes comme je l’ai observé dans le quartier de Bo-Kaap du Cap. En même temps, cet impromptu chantant que j’ai vu révèle l’exceptionnel melting-pot musical qu’est Le Cap, devenu une des capitales mondiales du jazz les plus innovantes. J’ai pu le vérifier. Je vous en reparlerai. 

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