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J’ai peur en avion mais j’adore voyager

ven, 19/06/2015 - 22:22 -- David
Bienvenue à bord ! On va bien s'amuser ! La pub qui rassure et apaise trouvée dans un vol Paris-Malaga

A l’école primaire, on se moquait de ceux qui avaient le « trouillomètre à zéro ». Or, aujourd’hui, à chaque fois que je monte dans un avion (et c’est fréquent), j’ai le trouillomètre à zéro. C’est toujours pareil : le trac commence à m’étreindre bien avant de partir à l’aéroport, puis dans l’aéroport la longueur des attentes nourrit mon anxiété. La tension monte au fur et à mesure que je m’approche de mon siège en cabine. Pendant le vol, les symptômes sont toujours les mêmes : je transpire, mon rythme cardiaque s’accélère, j’ai peur, je me contracte et me cramponne à tout ce que je peux quand l’avion décolle. Si le vol est lisse et fluide, j’arrive à me relâcher. Mais dès que j’entends des bruits que je n’arrive pas à identifier ou que l’avion est secoué par des turbulences, mon angoisse remonte proportionnellement à l’importance des trous d’air. Elle peut atteindre des pics de terreur et de panique indescriptibles. Dès la descente, l’épreuve recommence et ma peur culmine au toucher de la piste. Elle ne s’arrête que lorsque l’avion s’immobilise près de l’aérogare, ou du moins dès qu’il quitte la piste principale pour une voie latérale de parking. J’admire ma compagne qui dort déjà avant même le décollage et jusqu’à l’atterrissage !

Est-ce que mon cas est grave docteur ? On m’a expliqué que j’étais victime d’aérophobie (ou « aviophobia » en anglais). Ce que je constate c’est que je ne suis pas le seul à avoir la pétoche. Quand j’arrive à ouvrir les yeux au moment du décollage, je vois bien que, souvent, plus de la moitié des passagers sont silencieux, les deux mains clouées sur leurs accoudoirs et les yeux fermés (ou bien les yeux ouverts qui paniquent en tournant dans tous les sens). Après chaque crash d’avion, les cabinets traitant ce genre de peur voient les clients affluer, affolés par l’effet de loupe d’une hyper médiatisation. Nous faisons partie des gens marqués de peurs ataviques : garder les pieds sur terre plutôt que de circuler à 10 kms d’altitude. Une voiture, même si c’est beaucoup plus dangereux, quand elle s’arrête, au moins elle ne tombe pas ! Mais le hic, c’est qu’il est difficile de partir en voiture en Thaïlande, à fortiori en Australie. Je suis donc dépendant et même addict de ce qui me fait mal car j’adore voyager. Masochisme ? Je me rassure comme je peux en pensant que les plus grands artistes, malades de trac à chaque fois qu’ils montent sur scène, sont aussi masos que moi !

Que se passe-t-il dans mon organisme ? Qu’est-ce qui déclenche à chaque fois ces frayeurs ? Selon les savants que j’ai consultés sur Internet, les responsables ce sont les hormones du stress qui mobilisent la plus haute vigilance de tout mon organisme dès qu’un danger pointe son nez. A chaque fois, il se produit une réaction en chaîne complexe et indomptée de plusieurs hormones (corticotrope, cortisol, adrénaline, ocytocine et vasopressine) qui, à leur moment extrême, handicapent mes capacités cognitives. Le plus ennuyeux est que ces poussées de stress laissent une empreinte dans mon cerveau et dans mon système hormonal qui deviennent alors conditionnés : avion = danger. Le cercle devient vicieux. Certains spécialistes estiment qu’un stress chronique est aussi dommageable pour le cœur que de fumer 5 cigarettes par jour.

Alors quand on prend comme moi souvent l’avion, comment soigner son aérophobie ? J’ai compris que serrer les fesses ou griffer le siège ne changeait rien. Alors j’ai identifié 12 solutions que je vais tenter d’appliquer :  

1-       comprendre et connaître le fonctionnement de l’avion cet inconnu. Les peurs viennent de ce que l’on ne comprend pas : pas de panique par exemple quand le pilote réduit la puissance des moteurs à une certaine altitude, ou bien accélère pour reprendre un peu d’altitude, ou encore quand l’avion tourne, ce ne sont que des choses très ordinaires ; inutile de s’inquiéter quand on est assis au milieu de l’avion entre les ailes et que grincent les nombreux mécanismes qui régulent les volets télescopiques des ailes à géométrie variable; inutile  d’avoir peur parce que vous voyez par le hublot au moment de  la descente se lever sur les ailes les volets de freinage aérodynamique, c’est normal ; inutile de paniquer quand s’ouvrent les trappes du train d’atterrissage et que vous entendez le vent s’y engouffrer, il vaut mieux atterrir sur les roues que sur le ventre ; pas le peine de sursauter à chaque fois que sonne un « ding » ou qu’on demande de rattacher sa ceinture, c’est pour ne pas se cogner quand on traverse les zones de turbulences, etc,… Plusieurs livres (par ex « oubliez votre peur de l’avion » ou « comment ne pas avoir peur en avion ») mettent l’accent sur la familiarisation avec l’environnement aéronautique pour évacuer ce qui est perçu comme un danger et qui ne l’est pas. Certaines formations spécialisées ajoutent une séance en simulateur de pilotage pour voir que, même dans les pires moments, tout reste sous contrôle.

2-       comprendre les turbulences, pour lesquelles il n’y a pas de raison de s’inquiéter (à condition de serrer sa ceinture comme dans une attraction de Disneyland) car les forces d’accélération (G-forces) en jeu sont le plus souvent équivalentes à celles d’un ascenseur. L’avion n’a aucune chance de se désintégrer !

3-       comprendre, statistiques à l’appui, que l’avion est le mode de transport le plus sûr au km parcouru. En montant dans une voiture, on prend infiniment plus de risques, notamment sur le trajet qui conduit à l’aéroport. Le nombre de vols commerciaux augmente de manière phénoménale, alors que le nombre d’accidents diminue. Car l’entretien d’un avion, avec des différents niveaux de visites périodiques très exigeants, n’a rien à voir avec l’entretien d’une voiture !

4-       Anticiper le voyage par une vie saine en réduisant avant le départ sa consommation d’alcool et de tabac (l’inverse de ce que font les stressés habituellement), en buvant du thé plutôt que du café et en faisant des nuits complètes qui détendent et évacuent une des hormones du stress, le cortisol. L’alcool et le café sont naturellement à proscrire pendant le vol.

5-       Provoquer artificiellement la montée d’hormones anti-stress. En l’occurrence, il s’agit de la production d’ocytocine qui est parfois décrite de façon un peu réductrice comme l’hormone de l’amour ou du plaisir. Certains thérapeutes américains exercent leurs patients à stimuler la mémoire de sentiments producteurs d’ocytocine (un baiser avec un partenaire, le souvenir d’une étreinte amoureuse, l’instinct maternel en regardant des photos de famille,…) pour combattre leurs angoisses en avion.

6-       Avoir sous la main dans son sac de bord des petits plaisirs gourmands (une exception bien sûr !) : les bonbons de mon enfance ou mon chocolat préféré.

7-       occuper son esprit dès le décollage pour le détourner de ce qu’on croit être dangereux : converser avec un voisin (sauf si celui-ci dissimule sa propre peur en racontant haut et fort des histoires de crash d’avion), lire un livre ou un journal,  se focaliser sur le but de son voyage (le pays à visiter, les personnes à rencontrer,…), écrire, écouter de la musique, travailler,…

8-       respirer profondément et faire des mouvements de relaxation, de décontraction et d’étirement en essayant de relâcher ses muscles de tout son corps, doucement, les uns après les autres.

9-       accepter ses angoisses pour mieux les évacuer. Mon père qui  a beaucoup plus voyagé que moi, m’a expliqué qu’il avait dominé ses peurs à force de comprendre  l’inutilité de ses stress cumulés. La peur n’empêche pas le danger mais pourrit la vie. Plus on s’inquiète, plus le sentiment de peur se répète. Avec l’expérience, il faut donc casser mentalement ce cercle vicieux. C’est ce que certains appellent « prendre sur soi » ou reprogrammer sa mémoire émotionnelle. Accepter est parfois plus efficace que combattre. Les psychologues expliquent que plus le cerveau est exposé à la cause d'une peur, plus il s'habitue. C'est ce qu'ils appellent "l'habituation". 

10-    dormir, en prenant un somnifère si votre médecin vous en a prescrit un, adapté à votre terrain physiologique, que vous le supportez bien et si vous connaissez ses effets sur vous.

11-    Faire un stage comme en propose Air France ou des sociétés spécialisées. Très efficaces sur certaines personnes. Il vous en coûtera souvent plus de 500 euros.

12-    si les symptômes persistent, il vaut mieux consulter un psy qui fera le tri entre les frayeurs : terrain anxieux ou hyper stressé, dépression, peur de l’altitude, angoisse devant l’impossibilité de contrôler l’avion, claustrophobie,… pour soigner chaque cause séparément. Seul un médecin peut vous conseiller des médicaments (anxiolytiques) adaptés à votre profil. Mais, tant qu’on le peut, mieux vaut les éviter et ne mettre dans son sac que les comprimés nécessaires, à n’utiliser que « au cas où ». S’ils restent au fond du sac, c’est déjà une grande victoire. 

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