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Marion Flipo : "les voyages nourrissent ma créativité culinaire"

Adjointe au chef international chez Ladurée, elle participe à la création des plats salés.
Cette diplômée de l’Edhec a aussi acquis une notoriété culinaire avec  son fameux blog "marionadecouvert.com" qui mixe voyages et gastronomie.
 
 
Ladurée cuisine voyages Marion Flipo
Vos voyages sont-ils une source d’inspiration dans votre métier ?
Dans l’entreprise où je travaille j’ai plutôt pour directive la création de cuisine authentique française revisitée... Je suis une élève d’Escoffier et je reste fidèle aux fondements de cette cuisine, de plats purement français comme le sont la blanquette de veau, la tomate farcie ou le navarin d’agneau ! En même temps, trop curieuse d’expérimenter et de goûter les spécialités du monde entier, je m’inspire des recettes, des produits, des épices et d’autres touches d’exotisme des pays que j’ai la chance de visiter.
 
La grande cuisine française, comme la haute-couture, est-elle perméable aux influences étrangères ?
Elle y est perméable aujourd’hui. On le voit par exemple avec les grands chefs français qui s’inspirent des traditions asiatiques. D’ailleurs Paris accueille à bras ouverts ces adresses fusion et les chefs japonais cartonnent, comme le chef Kei Kobayashi au restaurant Kei. Nous français, nous nous retrouvons dans la finesse des préparations japonaises.
Pour tout vous dire, j’ai même découvert qu’à l’Institut Paul Bocuse, grand maître de la tradition française, des masters spécialisés ont été lancés pour enseigner aux élèves les influences culinaires et les sensibiliser à cette internationalisation des plats…
 
Avez-vous gardé en tête des recettes locales rencontrées lors de vos voyages ?
Oui bien sûr. Je me souviens par exemple d’un plat de poulet au chocolat, le mole, que j’ai découvert près de la frontière mexicaine aux Etats-Unis. Sa sauce au chocolat amer donne du caractère à la volaille…
En Australie, je me régalais des petits déjeuners dans les coffee shops traditionnels. Je me souviens des petits déjeuners au « banana bread » toasté, des latte aux jolis dessins de lait, des jus de fruits fraîchement centrifugés, le bonheur pour démarrer nos journées ! D’ailleurs on leur doit beaucoup pour le développement de ces concepts de coffee shop en France, on ne peut même plus les compter.
A Bali j’ai découvert avec appréhension le fruit du jacquier ou « jack fruit » qui sent si mauvais mais qui est si bon finalement !
D’Italie, j’ai rapporté plein de souvenirs comme la vraie burrata, les gnocchis maison servis un jour par semaine dans les petites trattorias typiques, les antipasti accompagnés d’un verre de Spritz au bord des quais à Venise… Cette boisson dont je raffole mélange Aperol et Prosecco.  
 
Est-ce la découverte culinaire qui motive vos voyages ?
Le culinaire y est pour beaucoup, mais pas uniquement. Je cherche d’abord la découverte et les rencontres culturelles. Avant de partir je me plonge dans les guides Lonely Planet et dans les blogs de voyages. La gastronomie vient comme un plus.
 
Comment abordez-vous la cuisine des pays que vous visitez ?
Ce que je recherche, ce n’est pas comme à Paris de bonnes adresses de restaurants, mais la manière de concevoir les plats locaux. A Bali j’ai regardé toutes les préparations autour des plats à base de riz, comme le nasi goreng. En Chine ou en Inde j’étais fan de la cuisine de rue que j’ai consommée  sans vraiment m’inquiéter de l’hygiène mais en profitant de ces moments si uniques de gourmandise …
Partout je cherche les plats les plus typiques et je suis prête à tout goûter, comme les pattes de poulets ou les crêtes de coq à Shanghai. En Australie, j’ai mangé de la viande de Kangourou, qui est une viande très pauvre en graisses, bonne pour les sportifs, dit-on.
 
Les voyages et la cuisine font partie de votre histoire personnelle depuis longtemps ?
Mes parents économisaient toujours pour permettre à leurs enfants de partir ailleurs. L’un de mes plus beaux plus beaux souvenirs reste un safari au Kenya quand j’avais 10 ans. J’ai aussi été jeune fille au pair pendant trois étés à Chicago. Dans le cadre de mes études, j’ai passé trois mois à Shanghai qui a été pour moi un choc culturel important. Puis j’ai fait une césure de treize mois à Atlanta aux Etats-Unis en travaillant pour un importateur de boissons et de chocolats français. J’ai pu ainsi parcourir les Etats-Unis de long en large.
Ma famille baigne d’ailleurs dans le voyage. Mon frère est tombé amoureux de l’Inde d’où il est revenu avec un rickshaw avant d’y repartir en vélo. Une de mes sœurs a vécu 1 an en Australie puis 4 mois au Mexique. La plus jeune est partie au Canada préparer un master d’art et édite aussi son blog...
En matière de cuisine, notre éducation nous demandait de goûter à tout. Quand nous étions enfants, nous n’avions pas le droit de dire « je n’aime pas ». Cette grande ouverture qui nous a été donnée ne m’empêche pas d’avouer mon péché mignon que sont les abats, les rognons, les tripes et les andouillettes…
 
Aujourd’hui vos voyages sont-ils plutôt professionnels ou personnels ?
Je fais des voyages professionnels puisque Ladurée renouvelle ses recettes quatre fois par an pour ses 15 restaurants dans le monde et que j’assure la formation des chefs. Mais ces missions professionnelles ne me laissent pas le temps de découvrir un pays.
En dehors du travail, j’ai pris le temps de visiter New York, Bali, l’Australie avec une de mes sœurs et l’Inde avec mon frère. Grâce à eux, j’ai pu échapper des lieux hyper touristiques que je déteste. En Europe je vais très souvent à Londres où je retrouve d’anciens camarades de l’Edhec. J’ai exploré la Belgique voisine de Lille d’où je suis originaire et, comme je le raconte sur mon blog, j’ai découvert Lisbonne, l’Espagne, l’Italie où je retourne bientôt.
 
Quels voyages vous ont le plus marquée ?
Le plus différent a été celui que j’ai fait en Inde.  A Bombay, l’extrême pauvreté a été un choc pour moi et en même temps j’ai été frappée par les couleurs et la joie de vivre de la population, un beau message de vie. L’un de mes plus beaux souvenirs de voyage en Inde a été une promenade en house boat dans les backwaters près de Cochin.
Comme je l’ai dit, le Kenya avait touché au plus près mes rêves d’enfant, avec les espaces immenses de la savane et la rencontre avec des Masaï qui avaient voulu m’acheter contre 20 vaches, ce qui fut une de mes frayeurs ! J’ai aussi gardé un souvenir gustatif de ce pays, celui des meilleurs fruits de la passion du monde achetés sur le bord des routes. C’était exactement le voyage qu’il me fallait à cet âge-là.
Plus tard quand j’ai visité les canyons d’Alice Springs en Australie, je me suis sentie toute petite devant la force de la nature. Je connaissais pourtant le grand canyon du Colorado aux Etats-Unis.  Nous nous sommes mélangés aux aborigènes  et nous nous sommes adaptés à leur mode de vie en dormant près d’un feu en plein air et en dégustant des queues de kangourous cuites dans la braise.
Destinations concernées: