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"Sous l’étoile de la liberté" de Sylvain Tesson

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"Sous l'étoile de la liberté" de Sylvain Tesson

Sur les pas des évadés du Goulag. Sylvain Tesson est de la trempe des explorateurs qu’aucune frontière ou terre inconnue n’arrête. Il me fait penser à René Caillé qui "découvrit" Tombouctou, à Alexandra David-Néel qui s’infiltra au Tibet ou à Théodore Monod qui parcourut de long en large le Sahara ou encore à Joseph Conrad ou Bruce Chatwin,... Lui, Sylvain Tesson, a effectué 6000 kms à pied, à cheval et à vélo, du milieu de la Sibérie, en allant vers le sud, jusqu’à Calcutta en Inde. Il a osé un tel trajet, nord-sud, hors des sentiers connus des occidentaux, pour tenter de refaire le chemin emprunté par les évadés du goulag à la mémoire de ces "quêteurs de liberté" (même s’il a voyagé avec GPS et cartes comme il le reconnait). Il est certainement inconscient, insensé et casse-cou, mais tellement courageux et souvent clairvoyant !

Il a composé son itinéraire en s’inspirant du livre « A marche forcée » du polonais Slavomir Rawicz, un auteur qui raconte la fuite éperdue de ces "zeks", les prisonniers politiques en cavale. On ne sait pas très bien si Rawicz a vécu cette marche ou s’il s’est inspiré de récits qu’il avait entendus. Mais peu importe ! Sylvain Tesson essaie de retrouver au plus près leurs conditions et s’interdit tout transport mécanisé. Il a mis 8 mois à traverser ces terres, en découvrant des paysages, parfois grandioses et magnifiques, parfois infernaux, "ivre de splendeur sauvage". Il s’est enfoncé dans la Taïga, a longé le lac Baïkal, parcouru des "océans de steppes", en partie sur dos d’un étalon mongol, et s’est aventuré à passer le "glacis caillouteux" du désert de Gobi à vélo, il a franchi l’Himalaya,…, toujours "sous l’autorité spirituelle des évadés du goulag". On ne peut même pas le classer dans la catégorie des routards puisqu’il a le plus souvent marché hors des routes. Il est inclassable.

Dans son livre, il dessine un panorama des régions inconnues des touristes qu’il traverse. Il situe et analyse les contextes historiques, géographiques et humains de manière passionnante. Mais, pour être franc, je suis resté un peu sur ma faim. Sylvain est un intellectuel mais j’attendais un récit plus personnel, proche du terrain, de ses difficultés, de ses rencontres humaines. Il y a peu de rencontres de personnes décrites, peu de dialogues. Heureusement il y a beaucoup de photos car un photographe professionnel, Thomas Goisque, l’a rejoint à plusieurs moments de son périple. On voit donc Sylvain Tesson dans les situations les plus difficiles, les plus éprouvantes, les plus acrobatiques. Car on comprend bien qu’il aime l’équilibrisme et la voltige puisqu’il est souvent photographié en plein saut ou en pleine escalade… même si cette passion a failli lui être fatale. 

Ce qui me laisse aussi sur ma faim est que, Sylvain se livre avec parcimonie. On ne sait pas au fond ce qu’il a dans le cœur. Je le soupçonne, comme Le Clézio dans ses voyages, d’être quelque part toujours en fuite, bien qu’il ne dise jamais finalement de quoi il cherche à s’évader. Son livre est en tout cas un hymne à la solitude, "compagne merveilleuse". Peut-être que le titre de son ouvrage résume tout et exprime sa quête désespérée de liberté, un peu comme Alvaro Mutis.  Mais cette quête n’est-elle pas le propre de tout voyage et de tout voyageur ? Peut-être est-ce que moi-même je ne devrais pas me poser cette question lors de mes voyages ! En ce sens, le titre du livre de Sylvain Tesson, qui accroche  la liberté comme une étoile, rejoint profondément tous les voyageurs. 

Editions  J’ai Lu, 2005

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