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"Mimosas, la voie de l’Atlas", d’Olivier Laxe

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L'affiche du film "Mimosas, la voie de l'Atlas" d'Olivier Laxe

Voyage mystique. Difficile pour une personne loin de toute idée religieuse d’entrer au cœur d’un tel film ! Hormis de s’émouvoir et contempler les splendides panoramas du haut Atlas marocain et les superbes portraits en clair-obscur du réalisateur. C’est déjà beaucoup. Car la beauté des images est la parure de ce film. Mais l’âme de son histoire transcende son esthétique extérieure. Dès les première scènes on voit une main anonyme coller sur le haut du pare-brise d’un taxi du désert la formule en arabe : "Souviens-toi de Dieu". Le ton spirituel est donné, c’est l’embarquement vers un pays de mimosas que l'on attend.

Tout, dans ce film, paraît très étrange. Tout balance entre anges et démons, visible et invisible, hyperréalisme et irréel, mécanique ou physique et métaphysique, folie et sagesse, foi et incrédulité, plein soleil et brouillard, vie et mort. Sur l’injonction d’un cheik mourant, une caravane de chevaux et de mulets part traverser les plus hautes montagnes, à travers les cailloux, les versants abrupts, la neige, la brume, les torrents, les attaques de brigands pour aller vers une ville dont on ne sait rien, sinon qu’elle a réellement existé, Sijilmassa. La caravane affronte des forces qui ne semblent pas accorder beaucoup de valeur à la vie humaine.

Dans la réalité, rien ne se passe comme on pourrait s’y attendre dans ce décor de western ou d’apocalypse, sous le capuchon pointu des burnous ou derrière les visages ridés, barbus et hirsutes des personnages. Personnellement, j’ai l’impression que cette caravane, progressivement décimée, est un peu le reflet du voyage qu’est la vie humaine. Elle est un combat. Elle se dirige sur un chemin inconnu vers une destination aussi mystérieuse que la ville évoquée dans ce film. Comme si cette vie était conduite par des anges gardiens ou détournée par des anges déchus. En tout cas le personnage central, le plus fou, Shakib, mi conteur, mi prophète, surnommé en forme de quolibet "tête de poêle", envoyé en "mission", croit aux anges, à la puissance du surnaturel, et appelle sans cesse ses compagnons à davantage de foi. On entend une voix qui dit : "si tu fais bien, alors je ferai mieux".

La sainteté des personnages est assimilable à la folie, aussi bien pour le vieux cheik qui veut franchir les montagnes que pour le jeune Shakib qui veut faire voler les mulets pour traverser un torrent. L’inspiration puisée dans la spiritualité de l’Islam est évidente. Mais Dieu, pour ceux qui croient en lui, est infiniment plus grand que les organisations religieuses et les théologies humaines. Beaucoup de citations pourraient d'ailleurs être empruntées à la Bible dont un des livres, le Qohelet, dit "un peu de folie vaut mieux que sagesse et gloire". La Bible d’ailleurs n’est-elle pas l’histoire du combat entre vie et mort, bien et mal ? Le jeune réalisateur, Olivier Laxe, d’origine chrétienne espagnole vivant au Maroc, s’est d’ailleurs défini comme "un artiste en recherche de sens".

Son héros Shakib, un peu Jeanne d’Arc, un peu Don Quichotte, part, avec une petite épée, combattre les forces démoniaques de brigands surarmés qui torturent une sorte de vierge muette. Il s’élance en s’écriant qu’il faut "se battre avec la force de l’amour". Comment concilier l’arme terrestre et l’Amour avec un grand "A" ? Peut-être en quêtant une réponse auprès du "Tout Autre". J’ai apprécié la manière du réalisateur de ne pas apporter de réponses mais de laisser ce voyage épopée ouvert à la méditation. 

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