Sur les pas des aventuriers du XIXème. Connaissez-vous Louis Delaporte, Auguste Pavie, Henri Mouhot, Doudart de Lagrée ou Francis Garnier ? En ce qui me concerne, j’ignorais tout de ces noms avant de faire leur connaissance dans cet hôtel de Luang Prabang au nord du Laos. Chacun des pavillons porte un de leurs noms et les représente avec une statue et les chambres s’appellent « pioneer suites ».
Ces personnages sont quelques-uns des français « découvreurs du Mékong » au XIXème siècle. Le Commandant Doudart de Lagrée (1823-1868) et Francis Garnier (1835-1873) par exemple ont exploré le Haut Mékong et ouvert une voie commerciale avec la Chine. Louis Delaporte (1842-1925) qui a succédé à Doudart de Lagrée a rapporté la plus grande collection d’art khmer à Paris. Auguste Pavie (1847-1925) explorateur et diplomate fut ministre plénipotentiaire au Laos. Quant à Henri Mouhot (1826-1861) c’était un naturaliste qui explora le Laos et mourut d’épuisement à Luang Prabang.
Dans cet hôtel de cette ville isolée de l’ex Indochine française du bord du Mékong, on se sent donc un peu explorateur avec eux. Cet étonnant et luxueux hôtel de charme enveloppé de végétation luxuriante, élégant et cossu, n’a pourtant été ouvert qu’en 2011. Son architecte et designer, François Greck, un français basé à Vientiane la capitale du Laos, s’est inspiré des constructions de style colonial français de cette ville exceptionnelle de Luang Prabang, classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
Dans le bâtiment principal de l’hôtel (réunissant quatre « explorateur suites » de 74 m² chacune !) toute la décoration évoque cette nostalgie des découvreurs, que ce soit sous les ventilos du lobby ou ceux du restaurant « La Belle époque » ouvrant sur une agréable terrasse au milieu de la nature. Le chef qui officie aux cuisines affiche une carte très créative et va se fournir dans son jardin bio en légumes frais, salades, tomates, haricots, fines herbes,… mais aussi en fruits comme les bananes, citrons, pamplemousses ou mangoustans. Un jardin ouvert à tous les clients et aux explorateurs en herbe.
Dans le bâtiment central, le bar très cosy est séparé d’un coin bibliothèque par … une vraie cheminée à double foyer car d’octobre à décembre le thermomètre peut descendre jusqu’à10° la nuit. Sur les boiseries murales sont accrochés d’antiques fusils, des armes indigènes, des collections de papillons, des photos noir et blanc du XIXème... Atmosphère !
Dans les suites, superbes et spacieuses (43 m pour les plus petites), meublées avec élégance on peut aussi se rêver en explorateur sous les immenses moustiquaires ou engoncé dans les coussins d’un coin salon encastré entre 3 fenêtres en bow window donnant sur le jardin tropical de bananiers, palmiers, bougainvilliers,... Mais ce parfum d’aventure très XIXème siècle se vit sans risque dans un confort très XXIème siècle avec les attentions d’un service très haut de gamme. L’aventure devient parfois un style davantage qu'un mode d'existence.