La nature revisitée. Que voit-on le long des routes et des autoroutes dans la péninsule de Malaisie ? Non pas des paysages, de la nature, des villages ou des troupeaux ! La plupart du temps, il ne reste à peu près rien d’autre à voir que des palmiers à huile, sur des kilomètres, des dizaines de kilomètres, des centaines de kilomètres, couvrant à l’infini des plaines et des collines : des plantations uniformes de palmiers de la même hauteur, soigneusement rangés, exposant leurs longues feuilles vert foncé au soleil qui en renvoie quelques reflets argentés. Bien sûr de temps en temps quelques bosquets d’arbres ont échappé à cette uniformisation agricole et végétale, ou bien on traverse des villes ou des villages ou encore des excavations béantes de bulldozers dessinant les traits de villes nouvelles. Mais très vite reviennent les palmiers à huile et encore les palmiers à huile !
Rien de tel que de tenter de les compter pour s’endormir dans le bus ! En effet, j’ai parcouru la péninsule malaise de long en large en utilisant les bus locaux, la plupart du temps très confortables. Derrière les vitres décorées de rideaux douillets à pompons on ne sort de la vision des palmiers à huile que dans les montagnes du centre de la péninsule ou dans les agglomérations. Vu à travers le hublot d’un avion, ce que j’ai fait à plusieurs reprises, on a l’impression d’une moquette artificielle posée sur le paysage. Ces palmeraies produisent l’huile de palme, hélas chargée d’acides gras saturés, qui imprègne tous nos produits alimentaires industriels occidentaux. Ces interminables forêts de palmiers sont certes une des richesses économiques de la Malaisie mais celle-ci a été obtenue au prix d’une déforestation massive du pays, au profit de cette monoculture désolante, destructrice des paysages, de la biodiversité et du bon équilibre alimentaire. Je tenais à faire cet aparté sur la Malaisie qui reste par ailleurs un pays fantastique à découvrir et que j’aime beaucoup.