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Le sentiment d'insécurité dans les queues des aéroports

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Aéroport Aviation civile transport aérien gestion des flux sécurité sûreté danger La queue d'attente avant le contrôle des bagages à main à Roissy

Foules exposées. J’ai pris cette photo il y a quelques jours à 8 heures du matin au milieu d'une queue avant d’embarquer à l’aéroport de Paris CDG 2D à Roissy pour un vol Schengen. Cette queue se situe après les enregistrements : tous les passagers enregistrés dans ce bâtiment d’aérogare sont orientés vers ce passage obligé pour le contrôle de leurs bagages de cabine avant d’entrer dans la zone des commerces et des portes d’embarquement. La queue est tellement longue qu’elle est organisée en serpentin lequel occupe une grande surface. Un compteur affiche un temps estimé d’attente qui, ce matin-là, oscillait entre 10 et 20 minutes. C’est l’une des nombreuses queues des aéroports qui à mon sens pose un grave problème de sécurité après les attentats terroristes de Bruxelles.

En effet les gestionnaires d’aéroports ne peuvent plus nier maintenant que ce type d’accumulation humaine dans les premières queues (enregistrement, police, contrôle des bagages) est dangereux. Car tant que les bagages n’ont pas été passés aux rayons X et les passagers au portique, un terroriste peut introduire une bombe ou des armes au milieu de la foule.  Ce sont les lieux les plus exposés des aéroports. Une des solutions pourrait être de placer des contrôles de bagages et de passagers dès l’entrée dans le bâtiment de l’aérogare comme je l’ai vu dans plusieurs pays. En réalité cette solution ne fait que déplacer le problème de la queue à un autre endroit.

Pour réduire ces queues il faudrait en fait accélérer la fluidité de ces passages et ne plus provoquer ces goulets d’étranglement  afin de réduire les attroupements de masse dans ces zones insuffisamment sécurisées. Pour cela, pas de mystère, il faut augmenter les personnels.  Ce qui signifie concrètement que les compagnies aériennes devraient augmenter le nombre de banques d’enregistrement qu'elles réservent, que le gestionnaire d’aéroport devrait multiplier les postes et portiques de contrôle des bagages à mains et que la police des frontières devrait augmenter sensiblement le nombre postes de contrôle des papiers.

Or la logique et l’objectif des compagnies aériennes, des gestionnaires d’aéroports et de l’administration est exactement inverse : tous cherchent à réduire partout où c’est possible et par tous les moyens possibles les effectifs humains pour réduire la masse salariale et dégager des marges ou faire des économies. Ils créent ainsi des goulets d’étranglement artificiels et provoquent sciemment des attroupements humains compacts et surexposés. Bien sûr les autorités ont déjà pris des mesures comme la multiplication des policiers en civil armés au milieu des passagers. Mais est-ce suffisant ? Sauraient-ils reconnaitre un terroriste équipé d’une ceinture d’explosif ? Dans les aéroports comme partout (musées, magasins, spectacles, manifestations sportives,…), partout où l'on génère des queues pour la sécurité, on augmente l’insécurité.

En cas d’attentat, les avocats des victimes disposeraient d’un argument tout trouvé pour obtenir des indemnités substantielles aux victimes et à leurs familles et faire condamner les responsables : l’invocation d’un délit pénal, celui de la « mise en danger de la vie d’autrui » (article 223-1 du Code pénal (1). J’imagine qu’ils pourraient même se retourner contre l’administration de l’aviation civile (la DGAC en France), laquelle, connaissant le risque, n’a pas imposé par précaution et prudence aux acteurs précités des normes minimales d’écoulement des flux de passagers dans les zones les plus exposées.

Evidemment si ces passages devaient être accélérés et fluidifiés, il y aurait un impact sur le coût du transport aérien par l’augmentation des taxes d’aéroports et du prix des billets d’avions. Les passagers qui demandent la sécurité ont-ils le choix ? La sécurité a forcément un coût que l’Etat, les entreprises prestataires et les consommateurs doivent être prêts à payer.  

(1)  article 223-1 du Code pénal : "Le fait d'exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement est puni d'un an d'emprisonnement et de 15000 euros d'amende."

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