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"Guide des égarés" de Jean d'Ormesson

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"Le guide des égarés", dernier livre de Jean d'Ormesson (Gallimard) auteur académicien littérature français pensée écrivain

Dernier voyage en optimiste. Je venais de terminer la lecture du dernier des livres de Jean d’Ormesson quand j’ai appris son départ. « Nous ignorons d’où nous venons, nous ignorons où nous allons. Nous sommes tous des égarés », écrit-il dans ce « Guide des égarés ». Un guide pour voyageurs … qui cherchent leur chemin. On ne s’égare pas si on reste calé dans son fauteuil et si on ne cherche rien. Jean d’Ormesson était un grand voyageur, au propre comme au figuré, intérieurement, intellectuellement, spirituellement. En grand voyageur, je me reconnais dans l’usage qu’il fait de la liberté, la lumière qu’il recherche, l’air dont il veut changer, l’eau qu’il survole, le temps qui n’a pas toujours la même valeur, la vie cruelle et pourtant si belle. « Ce que nous aimons c’est vivre », dit-il, et il ajoute : « toutes les vies des êtres humains sont une aventure. »

Pour tenter de répondre à ses interrogations, Jean d’Ormesson virevolte autour des fondamentaux, saute d’émerveillement en étonnement, erre de questions en réflexions. Il explore l’inexplicable, l’impalpable, l’indicible, l’incalculable, l’incompréhensible, ce qui dépasse la raison humaine, en osant parler de beauté, justice, vérité, mort ou joie. Il rebondit, jongle avec les mots dans la lignée des philosophes, penseurs, poètes, auteurs et artistes, en filiation de Shakespeare ou Descartes. Mais, il ne veut pas être traité en philosophe. Il les juge austères et abscons.

Il a raison. Dans ce petit « guide » comme dans tous ses livres, Jean d’Ormesson voyage à 30 000 pieds au-dessus des banalités de la littérature. Avec la légèreté et la naïveté d’un jeune homme d’esprit et une fraîcheur qui fait du bien. Je vous conseille la lecture de ce dernier opuscule d’avant son grand voyage. Il trouve les mots justes pour décrire l’inénarrable, sans un soupçon de pédantisme. Il donne de la substance et du contenu à ce qui ne pourrait ne rester que des idées. Mais comment des réflexions aussi denses, approfondies et abstraites peuvent-elles devenir aussi limpides et faciles à lire ? Son style épuré est pétillant, désinvolte, charmant, rieur, élégant, optimiste.

Son dernier chapitre (dernière audace ?) est consacré à Dieu, « ce rien qui, bien sûr, est aussi le tout ». Il avoue : « il est inutile de parler de lui s’il n’existe pas et impossible de parler de lui s’il existe. » Pourtant il se risque : « il n’existe pas, il est ». Et il conclut : « Dieu absent et présent est notre unique espérance. Et en vérité, dans la beauté, dans la joie, dans la justice, dans l’amour, la seule réalité. » L’académicien vient de faire le grand saut hors du temps, vers la véritable immortalité. Il ne pourra pas nous en dire plus avant que nous ne le rejoignions.  

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