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"Dans les mers du sud" de Stevenson

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Le livre de Stevenson

Chez les cannibales du Pacifique Sud. Oui il s’agit bien de Robert-Louis Stevenson, l’auteur de "L’île au trésor" et de "L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde", un grand écrivain écossais de la deuxième moitié du XIXème siècle. Il fut aussi un  grand voyageur, spécialement connu en France pour le récit qu’il a rapporté de son "Voyage avec un âne dans les Cévennes".

Son livre "Dans les mers du sud", qu’il a écrit à la fin de sa vie, relate ses longs séjours dans trois groupes d’îles du Pacifique, les Marquises et les Paumotus (ou Tuamotu)  appartenant à la Polynésie française et dans les Gilbert, d’autres îles à l’époque sous influence anglaise et aujourd’hui république de Kiribati.  Du temps de Stevenson, ces îles venaient d’être placées, juste quelques années avant, sous protectorat français et anglais et certains de leurs atolls étaient encore à peine connus. Des petits rois autocrates et tout-puissants régnaient encore dans certaines de ces îles.

A la différence de James Cook qui, un siècle plus tôt, observait les indigènes de ces îles inconnues en restant prudemment sur la côte, Stevenson entre dans le cœur des  îles, s’y installe, y vit, observe de l’intérieur et cherche à comprendre les coutumes à première vue tellement étranges et peu connues des habitants. L’anthropophagie est encore à peine sortie des mœurs. Les seuls et rares occidentaux à  vivre là sont des poignées de missionnaires, commerçants, administrateurs et militaires.

Stevenson écrit avec des mots ciselés, un vocabulaire précis qu’il transforme en images. Un paysage, une scène deviennent comme un tableau qu’il précise, touche par touche. En quelques rapides coups de plume, il dessine des portraits de personnages hors du commun comme "la reine des cannibales, taouée de la main au pied, peut-être le plus grand chef-d’œuvre de cet art", ou le père Dordillon, "vicaire apostolique des Marquises, vieil homme fin et gai".

Entre ses portraits il glisse ses interrogations philosophiques, sociologiques (comme la sexualité des marquesans ou leurs tabous), ou économiques (comment survivre dans les îles). Il dénonce les méthodes pas très catholiques des colons français, le trafic d’opium, la "demi-servilité" des femmes et se penche sur les pulsions cannibales à peine éteintes des habitants en analysant l’image redoutable du "cochon long", l’humain consommé. Il décrit des îles dures, violentes, rudes, des guerres picrocholines, mais se montre parfois admiratif, par exemple devant certaines musiques ou devant des femmes grand-cheffesses.

Il se fait un peu botaniste, entomologiste et surtout ethnologue décrivant le meilleur et le pire du microcosme des occidentaux installés, la tyrannie sanguinaire de roitelets "éléphantins". Il fait des comparaisons et des rapprochements avec les villages ou les paysages de son Ecosse natale. Mais curieusement, il se prend d’affection pour l’un de ces tyranneaux, le roi d’Apemama dans les îles Gilbert. Au fil des pages on sent qu’il s’immerge personnellement dans la vie de "ces atolls tournés vers leur lagon". Il finira d’ailleurs sa vie aux îles Samoa vénéré comme un grand chef conteur d’histoires.

Edition petite bibliothèque Payot, 2003