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"Va’a, une saison aux Tuamotu", de Benjamin Flao & Troubs

On aime : 
Pacifique Polynésie Va'a de Benjamin Flao et Troubs

Au fond du Pacifique. Cet album m’a plongé d’un seul coup dans la France du fin fond de l’Océan Pacifique, très loin de toute ville. Les deux auteurs, Benjamin Flao et Troubs ont débarqué à Fakarawa et Toau, 2 des 76 atolls "à peine plus haut que l’eau"  de l’archipel de Tuamotu (Polynésie française). Ils en ont rapporté un album aéré et aérien, plein de charme et de sérénité.

Cet album est un peu une BD puisqu’il raconte une histoire, une tentative de reconstruction de pirogues doubles à voile (Va’a motu) selon un modèle ancestral. Mais les dessinateurs prennent toutes les libertés en changeant constamment de format depuis les petits carrés emplis de textes manuscrits qui s’enchainent, les dessins, croquis, portraits, jusqu’aux pleines doubles pages de dessins sans texte, simples, splendides et poétiques.

Leur vision s’embarque sur des ailes d’oiseaux (qu’ils font d’ailleurs parler) et qui leur permettent des vues aériennes du village, puis des mouvements comme une caméra de drone en survolant les habitations, en y entrant, ou en descendant sous les cocotiers. Parfois, leur regard plonge sous l’eau avec les poissons. On se sent toujours bien avec eux sur la plage toute à eux au bord du lagon.

Mais leur voyage, leur histoire de pirogue (qu’ils ont du mal à reconstituer) et leur BD sont d’abord un prétexte pour entrer petit à petit dans l’histoire, l’économie, la culture, la sociologie, les techniques de pêche de cet atoll, paradisiaque il faut le dire.  Ils rencontrent et font les portraits des quelques personnages de cette bande de terre sous des ciels de nuages gigantesques et de fonds marins immenses.

Certes la vie est tranquille et édénique entre vélos, klebs et poules, mais elle s’est dégradée. Il n’y a pas si longtemps, il n’y avait pas besoin de frigo « puisque le poisson était devant ». Mais à partir de 1965, l’argent du nucléaire a tout changé. Les bateaux à moteur sont arrivés et les voiliers ont disparu. "Quand y aura plus de pétrole, ils auront tous l’air fin avec leurs bateaux à moteur", lance une habitante de cet îlot perdu dans l’immensité du Pacifique.

Editions Futuropolis 2015