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« Méharées » de Théodore Monod

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le livre "Méharées" de Théodore Monod Sahara désert

Le Sahara en long et en large. Sacré personnage que ce Théodore Monod ! Il est pour moi une espèce de professeur Tournesol  touche à tout. Océanographe à l’origine, il était devenu « navigateur saharien », botaniste, paléontologue, historien, archéologue, linguiste, ethnologue, géologue, zoologue, climatologue, bibliste, théologien, philosophe, etc, etc,… Son savoir semble encyclopédique. Encore plus que Steinbeck quand il récolte des animaux dans la mer de Cortez.

Monod s’intéresse absolument à tout et se décrit lui-même ainsi face aux hommes de son escorte : « Je constitue pour le guerrier une énigme. J’écris constamment, je lis sans cesse, homme du papier et du livre, donc marabout. Mais étrange marabout qui casse des cailloux, collectionne roches et tessons de poteries, fait sécher des plantes et, à heures fixes, chaque jour, interroge le vent, tapote le cadran d’une boîte à aiguille qui n’est pas une montre,… »

Le côté facétieux de ce savant universel le pousse à s’amuser comme un gamin en multipliant les blagues, les jeux de mots et un humour de potache. Même, par exemple,  quand il décrit avec force détails les horreurs de l’eau des puits qu’il doit boire, il termine : « … je préfère de l’eau sale à pas d’eau du tout ». Car il a pris des risques physiques personnels à vouloir explorer, entre les deux guerres mondiales, les « derniers grands blancs de la carte saharienne ».  

Il a zigzagué et parcouru le désert dans tous les sens. On découvre avec lui « un Sahara moins uniformément monotone qu’on ne le pense » et son incroyable variété de paysages : des oasis les plus verdoyantes aux no man’s lands lunaires les plus asséchés, des dunes géantes et infinies aux cailloux et aux montagnes. Il fait découvrir son incroyable faune et sa flore,... est piqué par un scorpion. Il traverse des tornades qui déchaînent des torrents et connaît la soif qui le fait flirter avec la mort. « Evidemment, dit-il, il y a des heures où l’on songe avec nostalgie aux immeubles à eau courante ».

Il offre des descriptions sublimes qui me font penser à certains pages de Muhamad Asad dans le désert arabique. Quand il décrit par exemple les caravanes : «longs défilés silencieux de chameaux glissant dans la nuit au clair de Lune. Spectacle assez solennel, presque grandiose : ces rames incessantes, lancées à la file indienne, monstre sans fin, articulé, mécanique, évoquent je ne sais quelle bête colossale, à la fois une et multiple, une sorte de titanesque scolopendre aux pattes innombrables, animée d’un rythme lent mais décidé, infatigable, implacable, irrésistible ».

Pourtant, hormis des fulgurances et des envolées comme celle-ci,  j’ai eu un peu de mal à rentrer dans son style, souvent haché, télégraphique, de compte-rendu sec, jeté sur le papier après l’épuisement de longues journées de méharées. Il pose beaucoup de phrases énumératives sans verbe. Comme ses déplacements, ses chapitres vont dans tous les sens, tantôt thématiques, tantôt chronologiques, on ne comprend pas la logique de son patchwork d’observations et de réflexions ni ce qu’il cherche. L’impression est souvent brouillonne et désordonnée.  Heureusement, sa force est de rester un esprit curieux, raffiné, cultivé et attendrissant. 

Editions Actes Sud 1989, collection J'ai Lu 2004 

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