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"Dans la mer de Cortez" de John Steinbeck

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"Dans la mer de Cortez" de John Steinbeck

Voyage d’un marin écologiste. En lisant ce récit, j’ai eu l’impression de découvrir le journal de bord d’un commandant Cousteau de la littérature. Ecologiste avant le développement de l’écologie, l’écrivain américain John Steinbeck qui fut prix Nobel de littérature en 1962 est connu universellement pour quelques ouvrages phares : "Les raisins de la colère", "Des souris et des hommes" ou encore "A l’est d’Eden"… Ce livre-ci, "Dans la mer de Cortez ", est beaucoup moins connu.

La mer de Cortès (ou Cortez) ? Elle est coincée au Mexique derrière un curieux appendice géographique étiré, la Californie du Sud, qui prolonge la Californie du nord que tout le monde connaît aux Etats-Unis.  Au début de la première guerre mondiale, en 1940, John Steinbeck, californien des Etats-Unis, s’embarque plusieurs semaines côté Mexique dans un sardinier pour une expédition gentiment bricolée avec un ami biologiste afin de prélever des milliers d’échantillons d’animaux et observer les biotopes marins de la région.

Dans le récit de leur voyage en mer, il pond des pages érudites sur la zoologie et j’avoue que certaines énumérations de leurs récoltes, décrivant les bestioles étranges et colorées des eaux chaudes qu’ils rencontrent, m’ont parues fastidieuses. Heureusement, son écriture reste toujours limpide et le fil de ses étapes est un prétexte permanent pour raconter, penser, réfléchir. En observant le comportement animal, il dérive toujours sur la psychologie des hommes. Il dévie sans vergogne de l’éthologie à la philosophie, comme lorsqu’il réfléchit, au détour d’une page, sur solitude de la mort ou sur la lutte pour la survie : "la vie a un but final : être vivant", résume-t-il. En même temps il se régale à décrire l’équipage de son bateau, les personnalités et les discussions animées.   

Il se paie aussi de belles rigolades, par exemple en coursant des crabes trop rapides, les sally lightfoot aux yeux pédonculés, ou en essayant en vain de harponner des poissons trop puissants, les raies manta géantes. Parmi les nombreux épisodes des escales dans les villes et villages mexicains de la côte il s’amuse aussi beaucoup, par exemple en racontant le lugubre bidtrot local, la "cantina" de San Lucas ou lorsque des villageois de La Paz demandent à l’équipage d’attraper les "poulets musclés" qu’ils veulent acheter.  

Dans les cueillettes quotidienne d’animaux de la mer ses observations du concret le conduisent à des prémonitions sur l’écologie. Il s’insurge sur les comportements humains. Il écrit par exemple textuellement : "Aux Etats-Unis, nous avons tant fait pour détruire nos propres ressources, notre bois de construction, notre sol, nos poissons, que nous devrions être considérés comme un horrible exemple et que tout gouvernement et tout peuple suffisamment éclairés pour envisager une économie durable devraient éviter de s’inspirer de nos méthodes"…. Etonnant ! Une  clairvoyance qui nous rapproche des réflexions de la Conférence "Paris 2015" sur les changements climatiques (COP 21) qui va s’ouvrir le 30 novembre prochain.

Editions Actes Sud, Poche Babel 2011

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