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Je retournerai en Tunisie

J’ai fait de nombreux voyages en Tunisie, tantôt balnéaires et relaxants, tantôt de découvertes et culturels. A chaque occasion qui se présentera je n’hésiterai pas à retourner dans ce pays qui me séduit autant par le courage de ses habitants que par les charmes et la beauté de ses monuments et paysages. 

 Tunisie L'ombre portée d'un lampadaire et d'un balcon sur un mur blanc lumineux de la médina de Tunis
Les attentats  de Paris en janvier dernier n’ont pas empêché  les flux de touristes du monde entier de continuer de visiter la France. Pourquoi les attentats de Tunis stopperaient-ils les voyages vers la Tunisie ? J’ai fait plus de dix voyages en Tunisie et je n’hésiterai pas à en faire d’autres, non seulement par solidarité pour sa jeune démocratie mais aussi parce que ce pays recèle des trésors cachés insoupçonnés.
Beaucoup de Français connaissent les plages d'Hammamet ou de Djerba. Voici une autre vision de la Tunisie, vivante, culturelle et humaine, celle qui était visée par le dernier attentat. D’abord à Tunis, bien sûr, j'ai vu les mosaïques romaines du musée du Bardo, mais  le sujet est encore trop douloureux pour que j’en parle.
 
Les effluves et le brouhaha de la médina de Tunis
J’ai spécialement été aimanté par  le dédale magique et parfumé de la médina.  Une activité fébrile y règne dans tous les recoins. Par exemple ici c’est une grillade de poivrons en train de frire qui m’excite les papilles. Là ce sont des effluves de petits pains ronds fraîchement grillés qui j'ai envie de dévorer. A quelques pas de là, je sens le fumet d’un brick à l’œuf en train de frire dans sa poêle, puis je vois un somptueux "casse-croûte", c’est-à-dire un "goûter", fourré  de thon de harissa, d’olives et d’œuf dur qui me met en appétit. Plus loin d’autres senteurs s’embrouillent : la fragrance d’un café fort croise les vapeurs capiteuses d’un narguilé et les odeurs du cuir qu’un artisan découpe pour assembler des babouches sur mesure.
 
Le souvenir des Beys
Ainsi, je suis immergé dans l’effervescence du cœur historique de Tunis, sa Medina, qui fonctionne encore avec les mêmes petits métiers qu’au temps des Beys, les souverains de l’époque ottomane, avant l’arrivée des français. Je m’égare un peu dans ces ruelles populeuses et je finis par dénicher des monuments de cette époque ancienne au détour d'étroits pasages. Par exemple, le minaret octogonal de la mosquée Hamidou Pacha qui date de l’époque turque, ou les dômes de tuiles vertes recouvrant le Tourbet el Bey sous lesquels reposent plusieurs membres de familles royales et princières.
 
Un labyrinthe tumultueux
Je comprends que la médina est une ville dans la ville dans laquelle s’entassent encore 300 000 habitants. Elle est le témoin humain vivant des siècles passés. Ce labyrinthe de ruelles au milieu desquelles je plonge est un souk dense, vibrant, animé où dans la moindre échoppe on négocie et on marchande. Des scènes colorées s’enchaînent : un marchand de figues de barbarie en chéchia de laine rouge, se fraye un passage au milieu d’une foule compacte, à côté des commerces de textiles ou des bijouteries resplendissantes de bijoux en or que dépoussièrent sans fin les plumeaux d'employés maniaques.
 
Tapements, bêlements, chants
Un peu plus loin je suis attiré par le marteau saccadé d’un dinandier dont les coups répondent à ceux frappés par un heurtoir sur une lourde porte mauresque cloutée. Le brouhaha des discussions est entrecoupé par des cris d’enfants qui courent, par la mélopée andalouse d’un poste de radio invisible ou encore par le bêlement d’un groupe de moutons promis au sacrifice. Jusqu’à ce que d’un minaret voisin invisible, tombe l’appel chantant d’un muezzin à la prière du soir qui déclenche l’abaissement bruyant des lourds rideaux métalliques un à un sur les boutiques. La Médina se réinstalle dans le silence pour une nouvelle nuit et moi je repars vers mon hôtel, impressionné par une si grande tranquillité si vite retrouvée.
Tunisie Le plan et les ruines des thermes romains monumentaux de Carthage
 
Les pierres de Carthage qui racontent des histoires
A quelques kilomètres au nord de Tunis, le jour suivant, j’ai vécu d’autres émotions, lors de la visite de la ville antique de Carthage qui est un véritable livre d’histoire. A chaque fois que j'ai visité Carthage, j’ai eu l’impression que la visite, trop rapide, ne me permettait que d’en feuilleter seulement quelques pages. C’était la quatrième fois que j’y allais, mais j’avais l’impression de tout réapprendre.
Tout y a commencé neuf siècles avant Jésus-Christ. Les légendes racontent qu’une princesse phénicienne, Didon, qui fuyait la lointaine ville de Tyr s’installa avec une poignée de fidèles marins et guerriers sur la colline de Byrsa qui domine toujours l’actuelle Carthage. Mon guide raconte en quoi ce fut le commencement de siècles d’épopées, de royaumes et d’empires qui enflammèrent toute la Méditerranée occidentale. Les conquêtes, les victoires et les défaites se succédèrent et  des villes furent construites et reconstruites, empilées les unes sur les autres.
Je comprends donc çà quel point l’histoire est à fleur de terre dans cette ville où de bonnes explications sont nécessaires pour s’y retrouver dans les strates de ces siècles turbulents, maintenant superposés et enchevêtrés. La dernière strate est celle des murs blancs de riches résidences contemporaines, qui ont recouvert une partie de ces trésors d’histoire et qui sont enveloppées de bougainvilliers mauves, de jasmins blancs odorants et d’hibiscus rouges.
 
Des colonnes antiques face au bleu la mer
Heureusement on décrypte pour moi le fatras des ruines. De la première époque, celle des Puniques, il reste les traces de deux petits ports et d’un cimetière bouleversant, le Tophet. Celui-ci aligne des petits sarcophages de pierre, ceux d’enfants que leurs propres pères sacrifiaient aux divinités, spécialement à la déesse Tanit.
Puis les romains, explique mon mentor, rasèrent à peu près tout et reconstruisirent par dessus. Ils ont laissé les empreintes les plus visibles et monumentales. Par exemple les fabuleux thermes d’Antonin qui sont à peine moins grands que ceux de Caracalla dans Rome.
Il en reste quelques colonnes et chapiteaux de marbre dressés face à la mer et qui dominent des soubassements  sous lesquels des esclaves chauffaient au bois d’olivier l’eau du bain des patriciens. Cette crème de la société de l’époque s'était construite d'opulentes villas, encore visibles sur les hauteurs de Carthage, peuplées de statues et dallées de mosaïques aux personnages toujours expressifs, entre des cyprès, des palmiers et des eucalyptus.  Nous montons les visiter.
 Tunisie Sur les toits de Sidi Bou Saïd au couchant face à la mer
Le blanc et le bleu de Sidi Bou Saïd 
Dans cette même région du nord de Tunis, je redécouvre avec bonheur le village de Sidi Bou Saïd, perché sur un promontoire au-dessus de la baie de Tunis, une étape inévitable. Les réseaux sociaux du monde renvoient ses lumineuses beautés. Cet élégant village à flanc de falaise aux airs de carte postale, parsemé de cactus, d’agaves et de bigaradiers, est une des coqueluches des photographes.  Moi-même je n’ai pas résisté au plaisir de saisir d’aussi beaux clichés. Le blanc très pur de ses murs, constamment  repeints, se détache du bleu cru des portes et fenêtres qui ont copié l’outremer de la Méditerranée ou l’azur du ciel. Par beau temps, ce qui est le plus souvent le cas ici, le bleu des uns et des autres se confond.
Mais il vaut mieux visiter Sidi Bou Saïd en basse saison pour éviter en plein été l’affluence des touristes et la bimbeloterie, entre la cohue des vendeurs de jasmin, de beignets ou de cages d’oiseaux.
On m’explique que c’est un ascète soufi du XIIIème siècle qui avait donné son nom à Sidi Bou Saïd qui est devenu un haut lieu du tourisme. Je découvre un peu plus loin le tombeau du vénérable dans une "zaouïa", un petit édifice religieux accolé à la mosquée. L’ancienne entrée de la mosquée a été fermée et transformée en un "Café des nattes", un endroit enchanté où je me pose pour siroter un thé aux pignons de pin.
 
Les folies du baron d’Erlanger
Mon accompagnateur tunisien est intarissable et la matière s’y prête. A partir du XVIIème les courtisans des Beys basés à Tunis construisirent dans ce village à l’écart de la capitale des résidences d’été restées intactes. Je m'en doute mais elles sont dissimulées derrières de hauts murs, des volets mi-clos et des moucharabiehs. Sauf quelques hôtels de charme ou bien la maison de l’artiste, banquier, musicologue et mécène suisse, le Baron d’Erlanger, une folie, une sorte de palais de style mauresque andalou qui est un des hauts- lieux et musée de la station. A partir des XIXème et XXème siècles, Sidi Bou Saïd, attira la bonne société des artistes et des écrivains de l’Europe entière comme Chateaubriand, Lamartine, Flaubert, Gide, Colette, Simone de Beauvoir ou encore Paul Klee... La cité devint le lieu le plus branché de Tunisie. Elle l'est encore un peu. 
 
Coups de coeur: 
- De fins restaurants gastronomiques  comme le Dar el Jeld à Tunis, le Dar Zarrouk à Sidi Bou Saïd
- le calme impressionnant de la médina de Tunis la nuit après son effervescence du jour
Coups de griffe: 

- une manière de certains commerçants de forcer le pourboire ou l’achat

A voir absolument: 
-          La Médina de Tunis
-          Le musée du Bardo dès qu’il rouvrira
-          Les ruines de Carthage à visiter avec des explications
-          Sidi Bou Saïd, ses ruelles et ses bistrots 
Destinations concernées: