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"Voyages" de Philippe Djian au Louvre

On aime : 
l'entrée de l'expo "Voyages" de Philippe Djian, au département des peintures du Louvre

Un voyage aux racines du voyage. Un vrai capharnaüm cette exposition temporaire de l’écrivain Philippe Djian ! Le musée du Louvre a donné à cet enfant gâté de la littérature carte blanche sur le thème des voyages. Il nous emmène dans sa tête, c’est-à-dire dans une espèce de marmite onirique bien pleine. Tout tient dans trois petites salles de l’immense musée, débordantes comme son imagination.

On ne peut pas se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre. Mais, moi, j’ai été très attiré par un appendicule de l’expo où est projetée une installation de l’artiste américain contemporain, Bill Viola : 21 minutes et 41 secondes pendant lesquelles on voit s’avancer vers nous lentement mais régulièrement un couple noir. Au départ ils sont flous dans une espèce de mirage lointain de poussière et de réverbération de chaleur. Puis, au fur et à mesure qu’ils avancent et grandissent, leur image se précise jusqu’à ce qu’ils nous atteignent. J’ai pensé aux premières lignes du livre "Déserts" de Le Clézio : "Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient...." L’œuvre de Bill Viola est intitulée "Ancestors". Personnellement, elle m’a dit que l’humanité dans son histoire, depuis ses racines africaines, est un interminable voyage, qui, de génération en génération, a conquis le monde. Le voyage et la route sont inhérents à la condition humaine et chacune de nos vies est un voyage.  

Dans le bric-à-brac des trois plus grandes salles, je suis entré comme dans un grenier où seraient entreposées des malles à surprises dont je n’aurais pas bien compris la logique du rangement, trop érudit et complexe pour moi. J’ai extrait de ce "choix d’œuvres hétéroclites" (dixit l’auteur) et dans le désordre, ici ou là une peinture, une gravure, une vidéo,… qui ont eu des effets magiques sur mes souvenirs de voyages dans l’espace et dans le temps, dans la géographie, dans mes lectures et dans ma tête.

Par exemple, côté anciens, voici quelques-unes des empreintes de voyageurs que j’ai sorties des malles. J’étais content de retrouver les citations d’Homère dans l’Odyssée ("celui qui visita tant d’hommes et connut leur esprit"). Ou bien des représentations de voyageurs de la Bible comme "Tobie et l’ange" ou "la fuite en Egypte" (eau-forte de Rembrandt). Ou encore tous les riches ouvrages rapportés d’Europe ou de Méditerranée par des géographes, écrivains et dessinateurs du XVIIIème siècle, comme ces fins croquis de Dürer ramenés de Livonie. C’était une époque où pour partir il ne fallait pas craindre d’affronter les brigands de grands chemins.

Dans cette confrontation d’œuvres de toutes les époques, j’ai frémi aussi aux citations d’auteurs plus contemporains : Borges, Cendras, Kerouac, Duras, … Surtout j’aurais bien aimé feuilleter les sortes de carnets de voyages de Delacroix et de Gauguin dont on ne voit que deux pages de dessins, là où ils sont ouverts. Toutes ces œuvres croisent des artistes d’aujourd’hui comme Pierre Alechinsky ("Le pinceau voyageur") ou une très fine et fraîche œuvre de Louise Bourgeois portant au rêve.

Surtout j’ai bien aimé la dimension exil du voyage introduite par une "plume encre et lavis" de Victor Hugo dressant un sombre mirador de pêcherie à Jersey où il était banni. A côté, une double sculpture sur bois (deux personnages représentés seulement par leurs jambes à mi-corps) de l’artiste péruvien contemporain Martin Salazar qui nous réintroduit dans une actualité du voyage : "l’une, écrit l’artiste, la fille, part vite, très vite, elle s’enfuit. L’autre, le garçon, s’apprête à rentrer, revenir". Salazar dit avoir voulu souligner "la dualité de l’exilé : partir/rentrer, changer/demeurer… " N’est-ce pas aussi un peu la dualité de tout voyage et voyageur ?

Exposition temporaire du 27 novembre au 23 février 2015 au Musée du Louvre, aile Sully, 2ème étage, salles 20-23 à Paris
La signalétique du musée conduisant à l’expo est très insuffisante… Sans doute une ruse des conservateurs pour pousser les visiteurs à l’errance dans le musée.
A noter trois rendez-vous à l’auditorium du Louvre  "Un week-end avec Philipe Djian" en marge de cette exposition :
  •  16 janvier 2015 à 20 h 30. "'On the road again" : voyage musical d’auteurs qui ont mis en musique l’errance.
  •  17 janvier 2015 à 20 h 30. "Portrait de l’artiste en voyageur" : lectures, discussions, projections, concerts.
  •  18 janvier 2015 à 16 heures : ciné-concert "Caravaggio joue l’amour est un crime parfait" d’après le roman Incidences de Philippe Djian.

Le Louvre.fr

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