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"Voyage en Chine" de Zoltan Mayer

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Voyage au bout de la tristesse. Les films de voyages ne sont pas si fréquents et j’ai voulu voir l’un des derniers sortis, celui d’un réalisateur présentant son premier long métrage, Zoltan Mayer. J’en suis sorti un peu morose.

Le voyage en Chine de Liliane pour rapatrier la dépouille de son fils Christophe mort dans un accident de la route est un voyage de douleur. Cette infirmière quinquagénaire, qui vit un quotidien maussade et désabusé, débarque seule avec sa petite valise dans la fourmilière chinoise, complètement perdue. Elle baragouine un mauvais anglais face à des gens qui ne parlent que chinois. Elle n’a pas confiance en elle-même et avance en claudiquant.

Son voyage n’est pas un voyage de tourisme mais un voyage tel que je le rêve ou que j’essaie d’en faire, au contact des habitants. Pas de carte postale dans ce film, mais des rencontres de chinois de Chine profonde. Liliane part à la rencontre d’un fils, lointain dans tous les sens du terme. Sous son air de chien battu, elle est chargée de culpabilité. Elle accomplit une espèce de voyage lent  (« slow travel ») éploré, de voyage intérieur, à la recherche du temps perdu avec son fils perdu. Ce voyage m’a rappelé un autre film qui raconte une histoire de voyage comparable, The Way.

On explique à Liliane que selon les principes du taoïsme, une personne morte dans un accident est condamnée à devenir un fantôme errant. Puis elle surprend dans le café d’un village l’improbable voix de Brel qui chante justement : « mais je te préviens, je n’irai pas plus loin, le voyage est fini, d’ailleurs j’ai horreur… ». Pourtant, chaque soir dans sa chambre, elle parle à Christophe en lui écrivant ses mots d’amour. Bouleversant.

Je trouve cette femme courageuse. Elle finit par faire des rencontres providentielles de chinois bienveillants qui parlent anglais, voire français et qui jouent le rôle d’anges gardiens. Elle découvre même avec la très belle Danji qu’elle aurait pu être grand-mère. Une rencontre intense de deux femmes dignes.

Le scénario est économe en dialogues et avare en mots. Il laisse découvrir les sentiments, par touches subtiles. Il est servi par deux grandes actrices, émouvantes, pudiques et pathétiques, Yolande Moreau et Qu Jing Jing. Mais il m’a laissé sur ma faim car on ne sort jamais vraiment de l’abattement. Pourtant Liliane semble ne pas pouvoir se détacher des bribes de bonheur qu’elle ne trouve pas en France et qu’elle a partagées avec des chinois. N’est-ce pas finalement l’objectif inconscient de beaucoup de voyageurs et routards ?

J’ai été très surpris par les images de Zoltan Mayer, grand photographe. A peu près toutes les scènes se passent dans une espèce de pénombre qui alourdit encore l’atmosphère mélancolique de ces sentiments en grisé. Les portraits en clair-obscur de ce voyage en Chine m’ont tout de suite fait penser à de grands peintres, Caravage ou Rembrandt.  Mais cette semi pénombre permanente m’a semblé par moments oppressante.

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