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"Tintin au pays des soviets" par Hergé

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Bande dessinée Hergé Tintin au pays des soviets

Faux voyageur. J’avais un peu oublié cet album que j’avais lu il y a très longtemps et j’ai voulu m’y replonger en pensant qu’il me rappellerait peut-être certaines images et impressions de mes visites en Russie. Mais j’ai eu beau fouiller les 140 pages de l’album en noir et blanc, je n’ai trouvé qu’un dessin minuscule au milieu d’une planche où l’on aperçoit en ligne d’horizon les coupoles lointaines de Moscou. Il est vrai que le jeune Hergé, alias Georges Rémi, n’avait jamais mis les pieds dans l’URSS de l’époque avant de réaliser cette BD en 1929 et 1930. Staline était au summum de sa toute-puissance dictatoriale et le journal où Hergé travaillait lui avait commandé un pamphlet anti-communiste.

Toute sa BD n’est donc qu’un pseudo voyage de reporter imaginaire, tellement caricatural, bourré de clichés primaires qu’il n’est pas crédible. On y voit un Tintin, génie et surhomme, survivant aux attentats et accidents les plus graves et, en face de lui, les policiers soviétiques de la Guépéou, la police politique, stupides, méchants et cruels. « Cette ville magnifique qu’était Moscou, voilà ce que les soviets ont fait : un bourbier infect ! » s’exclame-t-il  par exemple devant des tas de gravats.

Le dessin en noir et blanc n’est pas très affiné, le scénario est fruste, les personnages un peu guignols et les dialogues indigents n’arrivent pas à être drôles. C’est l’album d’un Hergé immature et sous influence, un essai à la petite semaine. Ce n’est pas un voyage en Russie, mais un voyage en propagande. Il ne fait pas rêver, c’est normal puisque l’objectif de son journal était de faire peur. Mais le trait est tellement épaissi qu’il produit plutôt l’effet inverse. Quand il dit  « une distribution de pain gratuite aux pauvres de Moscou. Voyons comment cela fonctionne ! », l’image renvoie immanquablement à nos sociétés occidentales d’aujourd’hui, même si Hergé ajoute que seuls les communistes y avaient droit à Moscou à l’époque. Heureusement Hergé, qui avait lui-même considéré cet album comme une de ses « erreurs de jeunesse », s’est rattrapé plus tard avec quelques vraies aventures et de vrais voyages, drôles, au dessin plus fin et coloré, et aux dialogues qui m’ont fait rêver.

Editions Casterman, réédition de 1999

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