Vagues à Saint Philippe de La Réunion. J’ai rapporté cette photo de Saint Philippe au sud de l’île de la Réunion. C’est là que les coulées de lave qui s’échappent périodiquement du piton de la Fournaise - juste au-dessus- finissent dans la mer où elles se figent. Ici la côte est donc faite de hautes colonnes très dures de basalte couleur charbon sur lesquelles la houle, qui arrive d’Antarctique, se heurte avec la régularité d’un métronome. A cet endroit, il y avait un trou dans la falaise dans lequel les puissantes vagues s’engouffraient en résonnant avant de propulser vers le ciel un jet d’écume comme un geyser.
Ce jour-là, il n’y avait pas à proprement parler de tempête, mais la mer était "bien formée" comme disent les marins. Pourtant la gerbe d’écume sautait parfois plus de dix à vingt fois plus haut que ma taille. J’imagine ce que ça doit être les jours de tempête. Je me sentais toute petite devant ce phénomène un peu effrayant. En même temps j’éprouvais une espèce de frisson, un peu "border line", à m’approcher au plus près du danger en prenant garde de ne pas m’y exposer.
J’ai ressorti cette photo parce qu'en ce moment le jeu favori des média est de présenter des images d’éclats de vagues géantes qui déferlent sur les rochers des côtes françaises avec la tempête. Et de filmer les gens attirés par ce spectacle, prenant parfois des risques inconsidérés. La tempête est un spectacle auquel j’aime assister quand l’occasion se présente en voyage. Je l’ai vue réveiller des côtes qui semblent habituellement si paisibles et placides, comme Préfailles en France ou des villes du Portugal. Je connais aussi les vagues géantes de la barre sur les côtes d’Afrique. J’ai vu des tempêtes dans les Caraïbes et en Guyane… Non seulement les images de la mer écumante sont belles et puissantes, mais elles remettent l’homme à sa juste place face à la nature et posent des questions en rapport avec le niveau de la mer qui monte. Je préfère être sur terre qu'en mer dans ces moments-là.