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"Minus, lapsus et mordicus" d’Henriette Walter

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"Minus, lapsus et mordicus, nous parlons tous latin sans le savoir" d’Henriette Walter

Les voyages des langues. Le français est en quelque sorte une langue étrangère en France. En effet, il est arrivé de l’étranger, comme le prolongement d’une des nombreuses langues utilisée en Italie plusieurs siècles avant Jésus-Christ, le latin. Cette langue n’était au départ parlée que par quelques paysans du Latium, un minuscule terroir à l’embouchure du Tibre, explique cette linguiste distinguée qu’est Henriette Walter. Puis cet idiome provincial a été adopté par Rome qui va l'emporter dans ses conquêtes tout autour de la Méditerranée et en Gaule.

Aujourd’hui, le français que nous parlons est une des métamorphoses populaire évoluée du latin, mais n’est pas une langue morte ; comme les autres langues romanes que sont l’italien, l’espagnol, le portugais, le roumain, mais aussi le corse, le sarde, le catalan, le provençal, le gascon, ou même le savoyard ou le picard…. Ces langues et dialectes sont autant de branches du même tronc latin et se sont elles-mêmes influencées les unes les autres en s’empruntant des mots réciproquement. Certaines langues ont joué le rôle de "passeurs de mots" comme l’espagnol qui a fait passer des mots arabes et amérindiens dans les langues d'Europe. De divergences en osmoses, l’histoire des langues est ainsi une histoire de voyages.

Notre langue n’a donc pas été créée in abstracto mais elle est un concentré révélateur de notre histoire : des successions d’invasions, de conquêtes, de métissages, d’échanges, de mélanges, d’emprunts, de torsions, de déformations, de disparitions, de renaissances,... Dans son livre, Henriette Walter illustre avec brio (mot latin ?) les avatars de notre langue française,… pardon, latine. Cette experte montre, mots à l’appui, comment les langues voyagent avec les invasions, les découvertes et les migrations, et se mêlent les unes aux autres. Ainsi, notre latin « évolué », nourri de grec, a non seulement phagocyté quelques mots de gaulois, mais s’est imprégné par la suite de très nombreuses autres langues.

Par exemple, "zéro" a été emprunté à l’arabe par l’italien, "tomate" à l’amérindien nahuatl par l’espagnol, "caviar" au turc par l’italien, "coche" au hongrois via l’allemand, "typhon" au chinois par le portugais, "pyjama" au persan via le hindi puis l’anglais,… Le livre de Mme Walter, riche et savant, foisonne de ces exemples et est ponctué de devinettes qui aident à comprendre les mutations des langues dans leurs périples à travers le monde. On comprend l’importance de ces pérégrinations quand on voit la place prise par l’anglais, l’espagnol, le portugais et le français aux Amériques ou en Afrique. Si les langues sont des outils de nos voyages, elles sont aussi des témoins des migrations de l’histoire. Vecteurs de l'intelligence humaine, elles restent en perpétuel mouvement et toujours inachevées.

"Minus, lapsus et mordicus, nous parlons tous latin sans le savoir" d’Henriette Walter

Editions Robert Laffont 2015

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