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Les émissions de France 5 "Les routes de l’impossible"

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Télévision "Les routes de l'impossible" un camion renversé sur une route de l'Inde

Les voyages de survie. Je me souviens d’un voyage quand j’étais étudiant. J’étais parti de Lomé au Togo jusqu’à Bobo-Dioulasso au Burkina. J’avais emprunté un camion surchargé de tonnes sacs de riz et de céréales. J’étais juché au sommet en essayant de me caler entre les sacs au milieu de beaucoup (je ne sais plus combien) d’africains de tous les âges. Comme c’était la saison des pluies et qu’il pleuvait à verse, une bâche était tendue au-dessus de nous. Nous étions donc entassés et coincés dans une atmosphère étouffante entre les sacs et la bâche alourdie par des poches d’eau.

Sur une partie non bitumée du trajet, je me souviens surtout des heures interminables de cahots invraisemblables en pensant à chaque secousse, dans mon demi-sommeil, que le camion allait se renverser. Régulièrement, le camion s’enlisait jusqu’aux essieux dans de profondes ornières de latérite collante. Il fallait à chaque fois descendre dans la boue et la moiteur tropicale pour assister ou contribuer au désenlisement, toujours miraculeux. Quand  je regarde chaque émission  des « routes de l’impossible »,  je frémis donc de suspens avec tous les passagers quel que soit le pays du voyage.

Car je retrouve des constantes dans toute cette série d’émissions, notamment dans les deux dernières que je viens de revoir il y a quelques jours et qui se déroulaient en Inde et en Guinée. On voit le plus souvent des véhicules très âgés et bringuebalants surchargés en marchandises et en passagers accrochés au-dessus des ballots. Ces camions partent de villes surpeuplées où ils doivent s’extraire d’embouteillage énormes. Puis, en prenant des risques fous, ils atteignent des routes défoncées, sans signalisations, accrochées entre des flancs de montagne qui s’écroulent et des précipices vertigineux ou enfouies dans des ornières bourbeuses et glissantes. J’ai moi-même pratiqué beaucoup de routes de ce type, comme les contributeurs de ce site dans de nombreux pays.

Partout l’Etat local déliquescent a quasiment abandonné son rôle d'entretien et laisse les habitants se débrouiller seuls. On croise souvent des véhicules gravement accidentés. Les chauffeurs doivent réparer seuls leurs pannes comme ils doivent ruser avec les « coupeurs de routes », les bandits de grands chemins ou le racket des policiers. Dans ces émissions, la route est un prétexte des réalisateurs pour montrer la pauvreté, la misère de populations qui se battent simplement pour leur survie. Beaucoup de globe-trotters croisent ces détresses, si peu touristiques.

Dans l'émission en Inde, par exemple, dans une mine de charbon on voit des ouvriers-forçats qui chargent les camions dans des nuages de poussière. Mais il y a pire qu’eux : des gamins qui se jettent sur ces mêmes camions lorsqu’ils ralentissent pour tenter d’arracher quelques morceaux de charbons, simplement pour les revendre et survivre. Un chauffeur de camion de bois destiné aux crémations de Bénarès déclare qu’il "n’aime pas son métier : trop dur ». Pourtant tous les enfants rêvent de lui prendre sa place. Partout en Inde, la circulation est démente et il faut se faufiler, dans un enchevêtrement de foule, de bruits et de pollutions, entre des tracteurs chargés de pauvres en route vers Bénarès, des bus déglingués, des vélos ou des rickshaws. Tous les voyageurs et bloggeurs qui ont parcouru l’Inde ont pu vivre ces chaos.

En Guinée, ce sont les taxi-brousse surchargés qui affrontent le même genre de dangers. Un chauffeur est fier de présenter sa voiture « toute neuve : 22 ans d’âge et 450 000 kms ! Sur ces pistes impossibles, une ambulance n’arrive pas à temps pour sauver un bébé. Aussi bien en Inde qu’en Guinée ou dans d’autres pays présentés dansces émissions, on voit des enfants exploités, que dis-je des bambins, soumis à des travaux d’esclaves sous-prolétaires. C’est l’image flagrante du tiers-monde, un terme qu’on n’ose plus employer en 2015. Pourtant, dans ces conditions de vie accablantes, je comprends la pression des émigrants prêts à risquer leur vie pour tenter d’approcher nos pays les plus riches.

France 5 rediffusions vues France 5, mardi 4 août 2015 à 20 h 40 (Inde) et 21 h 30 (Guinée) 

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