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"Le livre des merveilles" de Marco Polo

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 Une version abrégée du "livre des merveilles" de Marco Polo

Mythe et icône de tous les voyageurs. Tout le monde sait qui est Marco Polo, ce marchand, parti de Venise jusqu’en Chine, mais personne ne le connaît vraiment et très peu de gens ont lu son livre. Son livre ? Savez-vous que ce n’est pas lui qui l’a écrit mais un certain Rusticello, un compagnon de captivité originaire de Pise ? Savez-vous aussi que ce livre a été écrit en français (le français d’oil plus précisément) et non en italien ? 

Bref, je suis comme vous, en découvrant mon ignorance, j’ai voulu lire ce livre culte du XIIIème siècle, c’est-à-dire du moyen-âge, mythe et icone de tous les voyageurs et écrivains-voyageurs depuis des siècles et qui manquait à ma culture fondamentale de bourlingueur.  Il raconte un voyage très éloigné de ceux que l’on conçoit aujourd’hui : Marco Polo serait resté 17 ans en Chine.

J’ai choisi d’en lire une version abrégée et scolaire, commentée par des professeurs. J’ai bien fait, parce que le texte brut est indigeste. L’introduction historique m’a beaucoup aidé à comprendre le contexte des puissances maritimes de l’époque Venise et Gênes et l’espoir de l’Occident de s’allier aux Mongols (ou Tartares) qui contrôlaient la Chine  pour prendre les musulmans en tenaille.

Ma lecture a failli écorner la vision de rêve que j’en avais à priori. D’abord le style de Rusticello est un style parlé, comme s’il s’agissait d’un conte déclamé devant un public dont il faut soutenir l’attention en permanence. L’auteur multiplie des formules répétitives du genre : « je vais vous dire… », « commençons donc par… », « Je vous le dirai plus avant », « et je vais vous le décrire », voire « nous en avons assez conté à ce sujet, retournons à notre propos »,…

Comme le titre de l’ouvrage l’indique, Rusticello, ou plutôt Marco Polo qu’il fait parler, s’émerveille partout car il veut émerveiller. Il use donc et abuse des superlatifs ou des exagérations à tout bout de champ.  Par exemple quand il décrit le palais du grand Khan à Pékin : « C’est le plus grand palais jamais vu. (…) La grande salle est prodigieusement vaste. Six mille personnes peuvent y manger à l’aise. Il y a un nombre extraordinaire de chambres. Le palais est si grand, si beau et si riche que personne n’aurait su mieux le concevoir ». Même chose quand il décrit à Hangzhou « le palais le plus magnifique au monde » ou « le jardin le plus agréable qui soit au monde ». A chaque fois on a l’impression de Versailles avant l’heure.

En ouvrant ce livre, je pensais suivre, de caravansérail en caravansérail, une caravane de dromadaires sur les routes de la soie. Pas vraiment. J’ai eu l’impression d’une collection d’affabulations et de contes fantastiques, naïvement rapportés : « les plus beaux poissons du monde » pêchés seulement pendant le carême en Caspienne, le calife enfermé avec son or à Bagdad, le savetier qui fait se déplacer les montagnes, etc, etc,…

Certaines de ces légendes et allégories ont certes des fondements historiques. Mais, comme beaucoup d’auteurs, je me demande si Marco Polo a vraiment visité toutes les régions dont il parle ou s’il ne s’est pas plutôt contenté de colporter des histoires et légendes. On y voit quelques approximations géographiques comme « la petite île de Java » et « la très grande île de Andaman ». Pardonnez-moi de paraître iconoclaste, inculte ou réfractaire, je trouve que le livre de Marco Polo tient plus des Mille et Une Nuits (ce qui fait son charme) que d’un récit de voyage.

Editions Petits Classiques Larousse, 2009

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