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Le film "Wild"

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Film Wild critique L'héroïne surchargée du poids de son sac comme de son passé

S’infliger un voyage.  Une des amies de Cheryl, le personnage central de ce film, lui lance "c’est quoi tous ces trucs que tu t’infliges !". Cette phrase résume, à mon avis, le sens profond du film : Cheryl ne fait pas un voyage, elle se l’inflige. Pour cette longue randonnée pédestre de plus de 1000 kms sur le PCT (Pacific Crest Trail), elle emporte sur son dos un sac trop lourd pour elle, encombré d’objets inutiles, ce que moi-même j’ai fait très souvent. Le poids de son sac et son encombrement reflètent le poids des douleurs de son histoire personnelle qu’elle supporte.  Elle part dans une sorte de fuite et d’autopunition que connaissent peut-être certains randonneurs et globe-trotteurs. Je me demande si je n’étais pas tombé dans ce travers lors de mes premiers voyages de routard quand j’étais étudiant !

Les flash-backs incessants du film mettent en parallèle les souffrances causées par le chemin de la randonnée et les souffrances qu’elle a endurées dans le passé : Cheryl a énormément aimé sa mère, qui est décédée brutalement. Elle a « flingué son couple ». Elle a plongé dans la consommation d’héroïne et la débauche…. J’ai toujours moi-même ressenti que ma vie de voyageur, ne pouvait jamais se dissocier de ma vie réelle. C’est une des grandes forces de ce film d’avoir souligné ce lien.

 Quand elle entame cette folle randonnée, sans préparation, Cheryl ne semble pas capable de dire pourquoi elle part "s’envoyer tout ce putain de désert". Le film du réalisateur canadien de Jean-Marc Vallée, tiré d’un roman de Cheryl Strayed, est superbement interprété par Reese Witherspoon qui exprime tour à tour avec force des sentiments de souffrance, colère, violence, peur, déchéance, espoir,…. A cause du jeu de cette actrice, je pense que ce film mérite d’être vu.

On se rend très vite compte que ce "voyage infligé" de Cheryl devient un voyage thérapeutique, un peu comme le film The Way sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Meurtrie par son sac comme par la vie, elle se libère en hurlant sa colère et ses révoltes, par exemple, en criant "Dieu est une peau de vache".

Mais la dureté et la longueur du chemin l’obligent à des dépassements. Pendant les longues heures de sa marche en solitaire elle reconnait : "j’ai visité les recoins de ma tête que je n’avais aucune envie de visiter". C’est une des vertus de la marche que j’ai fréquemment ressenti. Elle finit par admettre "je me sentais bien plus seule dans la vraie vie que je le suis dans la nature". En effet, c’est cette nature des Etats-Unis qu’elle traverse, si grandiose et extraordinaire, qui la guérit, malgré des étapes pleines d’incertitudes et de suspense. Les images de son parcours sont une des beautés du film qui m’a donné envie de retourner dans le grand ouest américain.

Dans un des registres d’étape du PCT elle écrit une citation de l’écrivain Flannery O'Connor : "un enfant aime la terre entière quand il a des chaussures neuves". C’est ainsi qu’elle termine sa randonnée, libérée de souffrances inutiles, avec des chaussures neuves, mieux adaptées à ses pieds, et signes d’une nouvelle vie qui commence pour elle. A moi aussi, mes voyages, surtout des randonnées, m’ont souvent permis de repartir d’un meilleur pied.

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