Voyage en rêve. J’ai pris cette photo à l’instant où la lumière déjà un peu rosée et mordorée du soir faisait ressortir le bleu de la mer et du ciel, et au moment précis où une voile blanche croisant au large entrait dans le cadre. Ce type de ponton et de cabanon sur pilotis pour la pêche au carrelet fait partie des paysages de la côte Atlantique française, depuis le sud de la Bretagne jusqu’en Aquitaine. Carrelet est tiré du vieux mot français « quarlet », ou tamis de pêche. On y appâte le poisson avec des moules écrasées ou des vers. J’en ai vu dans plusieurs pays étrangers, notamment de bien plus grands à Cochin en Inde. Ici sur les rochers de Préfailles, une paisible station du Pays de Retz en face de Noirmoutiers en Loire Atlantique, on parle de « pêcherie » plutôt que de « pêche au carrelet ».
Aujourd’hui ce sont des constructions photogéniques et touristiques qu’on loue à la journée et dans lesquelles on peut même passer la nuit et y prendre des repas. Elles me font penser aux maisons dans les arbres ou aux maisons en bois qui subsistent dans le monde. A l’origine, ces installations de « pêche au hasard » étaient bricolées par des pauvres qui accrochaient un carré de filet au bout d’une tige et attendaient que des poissons passent dedans. Avec la civilisation du temps libre et des loisirs, les cabanons, concédés par la puissance publique pour 5 ans, se sont structurés sur une ossature de bois, offrant un abri de plus en plus confortable et un mécanisme de câbles, poulies et treuils. Comme la pêche y est rarement miraculeuse, ce passe-temps laisse en général beaucoup de temps à la contemplation. Mais cette activité méditative et aux rêves de voyages maritimes colle bien à l’esprit d’un lieu sauvage, face à la mer, comme ici près de la plage de Margareth à Préfailles.