Au fond de la campagne thaïlandaise. Pas de luxe dans ce petit lodge engoncé dans la cambrousse à 85 kms au nord de Chiang Mai en Thaïlande. Tout nous y a paru authentique et simple, baignant dans une impression de sérénité. Dans tous les bâtiments sur pilotis, la décoration est simple et dépouillée, sans superflu, loin du tralala des hôtels urbains que nous venons de quitter. Nous sommes en route, ma femme et moi, pour le « triangle d’or » dans le grand nord du pays. Dès notre arrivée, un accueil et un sourire sans chichis nous sont réservés avec une citronnelle fraîche. Xat, la jeune femme responsable, nous met tout de suite à l’aise. C’est elle qui nous chouchoutera avec discrétion pendant 24 heures.
Tout le site, isolé au milieu de rizières, est enserré entre des arbres et des jardins fleuris, sonorisés par le seul gazouillis des oiseaux. Xat nous conduit à notre chambre. On se déchausse. Pas de TV ni de clim. Sobre, mais agréable, toute en bois et paille tressée. La chambre est située sur le côté d’une cour de type atrium édifiée en hauteur. D’un côté de ce carré, un salon et coin café / bibliothèque sont ouverts en balcon sur les jardins. On peut y paresser dans des fauteuils ou s’y faire masser aux herbes et aux compresses chaudes par des femmes du village, à même le plancher en teck.
Pat, un des adjoints de Xat nous fait visiter les jardins bios et, pour commencer, ce qu’il appelle son "rice museum"… très modeste pour être franc. Il est intarissable sur le riz, son histoire, son économie, ses variétés, sa culture, son outillage, sa production, son économie. Il nous apprend qu’un thaïlandais consomme en moyenne 300 grammes de riz par jour, soit davantage que la consommation moyenne mondiale par individu (210 grammes), ce qui ne sous surprend pas. Dans le jardin il nous presse de sentir ou goûter toutes les feuilles du jardin aromatique, comme les trois variétés de basilic ou la bergamote. Puis nous découvrons les fruits et leurs arômes : longanes, mangues, citrons, goyaves, papayes, caramboles, … Notre journée se termine à déguster une soupe bien pimentée au restaurant sur pilotis qui surplombe une petite rivière.
Couchés tôt, levés tôt. Dès potron-minet avec le chant du coq, nous partons à vélo en zigzaguant à travers les rizières jusqu’à la petite ville voisine de Phrao, principalement peuplée de chinois et d’ethnies descendues des montagnes, Hmong, Lisu et Karen. Nous fouillons les petits marchés déjà animés du petit matin pour trouver les ingrédients de la cuisine que nous aurons à faire ensemble. Car dès notre retour, nous passons le tablier au « cooking room » pour suivre un cours de cuisine donné par Xat. Elle nous initie aux parfums secrets et aux bases de la cuisine locale : les sauces, le gingembre, le curcuma, les quatre sortes d’aubergines, les variétés de piments, du plus doux au plus fort, la coriandre, les basilics… Elle a déjà prémâché le travail en préparant les viandes et les légumes. Nous n’avons plus qu’à suivre ses instructions quant à l’ordre de préparation et de cuisson, les températures et les coups de mains. Nous nous escrimons sur l’art des mélanges, entre des marmites et des woks. Nous réussirons quand même à réaliser de vrais classiques de la cuisine thaï et leur sticky rice d’accompagnement : une soupe tom kha kai (poulet au lait de coco) ma préférée, un gaeng panang moo (curry au porc), un pat krapao kai (poulet frit au basilic) et des po pia (rouleaux frits). C’est Xat, elle-même, qui, après avoir parfait la décoration des assiettes, nous servira à la table du déjeuner nos propres plats, avec la classe d’un 3 étoiles au Michelin. Elle a réussi à nous rendre fiers de notre travail. Nous quitterons Khum Lanna avec un pincement au cœur.